Après un Dead Money pas franchement transcendant, Honest Hearts confirme qu'Obsidian n'est pas plus à l'aise que Bethesda dans le domaine des contenus téléchargeables pour Fallout 3/New Vegas.
Alors que Dead Money avait bénéficié d'une exclusivité temporaire sur Xbox 360, Honest Hearts sort simultanément sur tous les supports (il sera disponible sur PS3 dès le retour du PSN). Proposé comme de coutume contre une dizaine d'euros ou 800 MS points, ce deuxième DLC pour Fallout New Vegas repousse tout d'abord, à l'image du précédent, le level cap de 5 crans. En acquérant les deux extensions, vous permettez à votre personnage de grimper jusqu'au niveau 40, ce qui est plutôt sympa. Honest Hearts vous procure également quelques nouveaux perks, dont l'accès est souvent conditionné par la valeur dans la compétence associée. Disponible si vous avez au moins 70 points en survie, "Maison sur la prairie" vous permet enfin de dormir auprès des feux de camp ! Comme d'habitude, vous pourrez aussi emporter avec vous les nouveaux équipements trouvés dans le parc national de Zion, où se déroule votre nouvelle aventure.
Votre personnage est en effet contacté par un maître de caravane qui vous demande d'escorter son expédition à travers cette zone dangereuse de l'Utah, que se sont appropriée des survivants de l'apocalypse nucléaire revenus à l'état sauvage et organisés en tribus primitives. Selon la rumeur, les lieux seraient même hantés par Joshua Graham, un ancien lieutenant particulièrement cruel de la Légion de Caesar, brûlé vif suite à sa défaite humiliante au barrage de Hoover et laissé pour mort. Voilà donc un pitch sacrément séduisant, qui ne concrétisera hélas aucune de ses promesses. A peine avez-vous posé le pied dans Zion que la caravane est attaquée par de mystérieux indigènes couverts de peintures tribales, et vos compagnons de route massacrés. Il ne vous faut pas plus de 5 minutes pour trouver refuge auprès de Graham : l'homme brûlé se repent en aidant la tribu des Dead Horse, que l'on identifie tout de suite comme les "gentils", à affronter les méchantes Jambes Blanches. A partir de là, votre rôle consistera à prêter main forte à ces indiens inoffensifs nourris aux délires mystiques. Vous vous souvenez de la seconde partie décevante de Mad Max 3, qui tournait autour de la communauté des enfants perdus ? Honest Hearts vous assène un optimisme lénifiant et moralisateur du même acabit, auquel ne nous a pas vraiment habitués l'équipe de Chris Avellone.
Il reste qu'on aurait pu apprécier à sa juste valeur cette expérience à part, moins sombre et moins mordante, si seulement les personnages avaient été plus intéressants et la progression un tant soit peu soignée. Cette dernière se résume à mener une quinzaine de missions du style MMO ("va me chercher ça et ça", "va tuer ce groupe de vilains là-bas"), terriblement simplistes et ennuyeuses, qui servent surtout de prétexte pour vous faire arpenter le parc national de Zion. La zone est assez vaste et propice à l'exploration (elle regorge de lieux optionnels à découvrir), mais elle se révèle pénible à parcourir tant l'action manque d'enjeux et tant le challenge est aux abonnés absents. Même un personnage de bas niveau risquera davantage sa vie en longeant une falaise qu'en affrontant les geckos verts, les plantes carnivores, les Yao Guai et les Jambes Blanches. Basé sur un rythme tellement posé qu'il en devient mou, Honest Hearts prend donc une direction contraire à celle de Dead Money, où vous enchaîniez les combats ardus dans des environnements fermés. Aucune des deux approches n'est satisfaisante. Obsidian ne semble avoir tiré aucune leçon des errances de Bethesda, qui, après quelques essais peu concluants, était parvenu à trouver la juste formule dans Point Lookout, une grande zone à l'ambiance très typée gorgée de quêtes variées et sympathiques.
Le comble, c'est que cette extension axée sur l'exploration, qui va jusqu'à proposer des moments de contemplation au sommet de pics rocheux (avec bonus à la clé !), est dotée d'une plastique encore plus repoussante que celle du jeu d'origine. Si l'effort de reconstitution du parc national de Zion, bien modélisé, est tangible, la direction artistique made in Obsidian fait toujours des ravages. Le studio avait déjà rendu une copie bien médiocre quand il lui avait fallu reproduire des zones sales, dévastées et truffées de débris, alors on vous laisse imaginer le naufrage visuel quand il s'agit de simuler des panoramas grandioses et une végétation crédible. Les peintures rupestres plaquées çà et là et les effets météo totalement ratés (vive la pluie qui passe à travers les toits et le soleil qui brille à travers la montagne !) prêtent même à sourire. Le plus triste, c'est que cette version 360 de Honest Hearts se révèle à la fois moins bien optimisée et tout aussi instable que Dead Money : nous avons connu de multiples freezes, notamment lors des combats, ainsi que de fréquents bugs visuels, sans parler de vos compagnons qui se bloquent sans cesse dans le décor. En dépit de ses bonnes intentions et de ce qu'il peut offrir en matière d'appâts (on pense aux perks et au level cap), Honest Hearts rejoint donc la (longue) liste des DLC râtés.
- Graphismes9/20
Le parc national de Zion, avec ses chemins pierreux courant entre les postes de Rangers et ses rivières fougueuses serpentant au pied des canyons, est plutôt bien reconstitué. Hélas, le rendu visuel est vilain, truffé de bugs graphiques et mal optimisé...
- Jouabilité13/20
Comme la précédente, cette extension relègue au second plan les relations sociales typiques de Fallout New vegas, au profit cette fois de l'exploration. Ce parti pris, louable en soi, aurait dû s'accompagner d'une accentuation de l'aspect survie ainsi que d'un challenge à la hauteur.
- Durée de vie9/20
La trame principale offre 3 grosses heures de jeu, que vous pouvez doubler en explorant le moindre recoin de Zion. C'est assez peu, mais l'augmentation de la limite de niveau devrait vous inciter à reprendre votre exploration du Mojave.
- Bande son14/20
Les paysages cyclopéens de Zion, propices à la contemplation, expliquent le silence parfois pesant qui règne dans la zone et qui n'est troublé que par le bruit des créatures qui vous ont repéré. Les thèmes musicaux sont inchangés et le doublage des autochtones est plutôt bon.
- Scénario10/20
En décalage avec l'ambiance pessimiste qui prévaut d'habitude dans la série, l'histoire, qui tourne autour du destin de l'homme brûlé et qui évoque une parabole de la rédemption, souffre hélas de quêtes basiques et de dialogues empreints de délires mystiques.
A l'instar de l'extension précédente, Fallout New Vegas : Honest Hearts relègue au second plan les interactions sociales typiques du jeu de base, pour faire la part belle, cette fois, à l'exploration d'une vaste zone : le parc national de Zion. Ce dernier s'avère toutefois pénible à parcourir, la faute à des quêtes basiques aux enjeux peu motivants, à un manque évident de challenge et à une réalisation dépassée qui prête même parfois à sourire. Si vous ajoutez à cela quelques freezes bien soulants, vous comprendrez pourquoi nous vous conseillons de passer votre chemin sans vous laisser appâter par les nouveaux talents et l'augmentation de la limite de niveau.