Il est devenu habituel qu'avant la sortie de chaque épisode des Tales of, référence du jeu de rôle nippon, Namco serve en guise d'avant-première un jeu secondaire, reprenant des personnages de la série ou approfondissant les scénarios. Cette fois-ci, c'est Symphonia sur Gamecube qui capte toutes les attentions, marquant le grand retour de Fujishima Kosuke au poste de dessinateur des héros. Pour cette grande occasion, la Gameboy Advance accueille dans le même mois un nouveau portage de Tales of Phantasia ainsi que sa suite inédite, un certain Summoner's Lineage. Se déroulant plus de quatre cents ans après les péripéties des héros du temps, l'histoire met en scène Fulein K. Lester, descendant de Klarth et également doué dans l'art de l'invocation. Accompagné de la fée Macaron, il se lancera à la poursuite du destructeur androïde Xex dans une aventure au cours de laquelle il rencontrera plusieurs protagonistes inédits et – sinon c'est pas drôle – l'intégralité des héros originaux de Tales of Phantasia.

L'élément qui permet à Summoner's Lineage de se démarquer du reste de la série est son gameplay. Si comme à l'accoutumée dans Tales of the World aucun monde n'est à visiter et l'avancée dans le scénario ne s'effectue que grâce à des dialogues ponctués d'une poignée d'expressions faciales différentes, ce sont bien les combats qui innovent. Cette fois, pas d'affrontement en temps réel sur une zone en 2D, mais bien un jeu de stratégie sur plateau très à la mode, rappelant la série Fire Emblem de Nintendo ou encore un certain Final Fantasy Tactics Advance disponible depuis à peine quelques semaines sur l'archipel. Deux camps s'affrontent dans un environnement quadrillé où chacun effectue ses actions à tour de rôle. De l'appel de nouvelles unités à leur phase de rencontre avec l'ennemi, en passant par leur organisation, leur regroupement, leur déplacement et leur déploiement stratégique, tout doit être géré avant de laisser la main à l'adversaire. Ainsi, les combats seront longs, posés, et demanderont réflexion pour exploiter avec justesse un système de jeu complexe.

Pour commencer, Fulein devra grâce à ses points de magie donner naissance à ses unités à partir de socles d'invocation ou rappeler celles qui ont déjà combattu dans des escarmouches précédentes. Ensuite, il faudra les prendre en main en les réunissant au nombre maximum de trois pour former des unités de bataille. Enfin, elles seront à diriger vers l'ennemi afin de déclencher des rixes au terme desquelles il leur sera possible de monter de niveau. Attention, car la mort d'un allié est synonyme de son irrémédiable disparition ; il faudra ainsi prendre garde à ce que ses meilleurs combattants ne trépassent pas, tout en protégeant ses récentes recrues d'attaques suicides inutiles. On retrouve les habituels aspects de jeu de rôle tels que les éléments naturels assignés à chaque personnage permettant des relations de force et de faiblesse ou encore les différentes aptitudes de déplacement dans des environnements qui sont eux aussi à prendre en compte. Chaque case aura effectivement une nature spécifique qui avantagera un élément en particulier, comme par exemple la terre dans le cas d'une forêt. Pour finir, les zones de combat permettent l'accès à différents bâtiments tels que des magasins et regorgent d'objets à trouver uniquement par une exploration minutieuse et avec de la patience. C'est donc de tout un système de stratégie assez difficile à prendre en main dont il s'agit, qui peut tout à fait passionner les férus du genre, mais qui est au final déjà vu sous toutes les coutures et surtout qui peut lasser au fil des parties.

Graphiquement, Summoner's Lineage est assez controversé. D'une part, il propose des personnages et des animations assez jolis, qu'il s'agisse de l'expression des visages lors des conversations ou de l'introduction, remarquable pour la console portable de Nintendo. De l'autre, on reste sans voix face à des décors en combat particulièrement laids, des unités très peu détaillées et surtout des zooms pixellisés dont on se serait franchement passé et qui rappellent douloureusement les défauts graphiques reprochés aux jeux Pokémon. A ce niveau, on est clairement en dessous des capacités de la Gameboy Advance, ce qui est assez dommage pour une série qui a toujours su séduire par son aspect visuel soigné. En outre, si le jeu comporte un nombre très limité de musiques qui respectent cependant bien le style Tales of, les voix et bruitages font encore une fois honte au support qui permettrait bien mieux. En conclusion, ce Summoner's Lineage est un pari risqué de la part de Namco qui laisse un avis mitigé. Délaisser le système de combat ultra-dynamique de la série pour s'orienter vers de la stratégie plus fouillée et plus lente pourra certes en intéresser plusieurs, mais rebutera la grande majorité des fidèles qui accorderont plus d'attention au deuxième portage de Tales of Phantasia, en attendant de découvrir les origines d'Asélia dans le prometteur Symphonia.