Retro Arcade Toppers est une compilation de trois jeux d'arcade classiques dans lesquels il faut établir le plus gros high-score. Ce qui est drôle, c'est qu'on pourrait pratiquement arrêter le test ici même, sans ajouter une seule ligne. Vous voulez connaître le vide intersidéral ?
Certains éditeurs ont un sens de l'humour particulièrement développé. Mais quand on dit développé, on parle d'un stade qui dépasse largement l'entendement. L'idée même de la conception de Retro Arcade Toppers semble être une excellente blague avant-gardiste dont nous ne comprendrons la véritable fibre que dans une quarantaine d'années. On ose à peine imaginer l'hilarité des créateurs, assis autour d'une table ronde, lorsqu'ils ont décidé que réunir trois pauvres jeux d'arcade d'un classicisme outrancier sur une cartouche DS pour la vendre à 20 € était le concept du siècle.
Mais après cette inspiration magique, il faut encore faire le jeu. Car mine de rien, un casse-briques, un Bejeweled-like et un shoot'em up, ça ne se fait pas tout seul. Mais comme l'optique de départ était, vous l'aurez compris, de ne pas se fouler le moindre muscle, c'est le moment où la blague prend une tournure fort dérangeante. Démarrons par le casse-briques. Dès le premier écran, on comprend la puissance du mot rétro dans le titre. La réalisation nous vient directement des années 80 et croyez-nous, on est loin d'être devant Arkanoid. Car malgré l'aspect compilation, nous n'avons pas droit à de vrais softs d'antan mais bel et bien à des jeux créés pour l'occasion, en 2011. Comment ont-ils réussi à faire quelque chose d'aussi moche ? Sombre, vide, sans aucune âme... Ne dites pas que c'est pour garder un aspect nostalgique ? Non parce que le plus drôle, c'est que le gameplay semble avoir été entièrement créé dans le but de pousser le joueur à la défenestration. C'est lent, c'est mou et on a envie de faire fondre sa console dans un micro-ondes avant même d'avoir terminé le premier tableau. En fait, même s'il était sorti dans les années 80, il aurait fait un four monumental.
Lorsque vous en avez marre, c'est-à-dire au bout de deux minutes, vous vous essayez naïvement au shoot'em up. Sans surprise, les graphismes sont une véritable prouesse de mauvais goût, et je ne sais toujours pas si je tirais sur des vaisseaux, des insectes géants ou les logos rejetés d'une marque de papier toilette. Le pire, c'est qu'on en arrive à se demander si les développeurs ont déjà joué à un jeu vidéo quand on voit à quel point l'intérêt est nul. Les ennemis arrivent par salves complètement désordonnées, il n'y a aucune notion de game design et vous n'avez qu'une seule arme. Certes, votre vaisseau finit pas allumer dans toutes les directions, mais vous, vous n'avez qu'à maintenir un bouton. Eviter les ennemis ? Même pas. En fait, dans l'euphorie provoquée par l'humour décidément dévastateur des créateurs, on a essayé de rester immobile, au milieu de l'écran, en laissant juste le doigt sur le bouton de tir, juste pour déconner. Eh bien devinez quoi : on a passé deux niveaux comme ça, avant d'arrêter la partie pour cause de dépression.
Enfin, attaquons-nous au puzzle-game. On est bien tous d'accord qu'il est impossible de rater un Bejeweled-like, n'est-ce pas ? C'est sans compter sur l'obstination de ce Retro Arcade Toppers à vouloir bouleverser tous nos acquis. Déjà, quand vous démarrez sur une surface de jeu de seulement six pièces sur six, vous manquez de peu de vous évanouir. Mais ce n'est rien face à la pauvreté des options. Une bombe qui élimine une partie du tableau, un item pour débloquer certaines pièces et... et... eh bien c'est tout. Emballez, c'est pesé, peu importe si cela fait des années que l'on fait plus complet et gratuit. Même l'adorateur de puzzle-game que je suis est passé à deux doigts de jeter sa DS dans un ravin plein de crocodiles devant un tel foutage de gueule. Du coup, dans un excès de rage, on retourne sur le menu pour se rendre compte que oui, on a bel et bien vu 100 % de ce qu'avait à nous proposer Retro Arcade Toppers ! Les options ? Volume de la musique et des effets sonores. Pas d'autres jeux, pas d'autres modes, pas de multi, rien, nada, le néant ultime. En à peine dix minutes, vous voilà les bras ballants et les yeux hagards devant la cartouche de jeu. En tendant l'oreille, vous entendriez presque l'éditeur rire à gorge déployée de sa blague en vous pointant du doigt comme un collégien qui vient de nouer ensemble les lacets de sa tête de Turc. Retro Arcade Toppers mérite uniquement le mépris, voire le déni le plus total.
- Graphismes2/20
Techniquement ridicule, on s'en doutait, mais le but des créateurs n'était-il pas de réaliser le jeu le plus glauque possible d'un point de vue visuel ? Les couleurs sont vieilles et il n'y a absolument aucun sens artistique. Les débuts de partie sont précédés par les gags pas drôles de deux aliens dans des mini-scènes d'animation à trois francs d'une qualité qui fait penser aux débuts de la 3D.
- Jouabilité1/20
Trois jeux, trois ratages complets. Lents, vides, inintéressants, il est impossible de faire pire.
- Durée de vie1/20
Tenir plus de deux minutes sur chacun des jeux est un exploit. Je l'ai réalisé. J'entre en centre thérapeutique dès demain.
- Bande son1/20
Non mais sérieusement, c'est de la musique ça ? Pour de vrai ? On a l'impression que les développeurs ont fait ça eux-mêmes avec une casserole et deux briques. D'ailleurs, ils avaient tellement peu de moyens pour les effets sonores que les quelques sons exprimés par l'un des extraterrestres dans les courtes cinématiques d'introduction sont réemployés tels quels dans certains mini-jeux lorsqu'on utilise des bonus. Vous le sentez là, le rafistolage ?
- Scénario/
Plutôt boire un verre de Smecta que de retoucher à Retro Arcade Toppers. Voilà ce que vous vous direz au bout de cinq minutes sur cet ersatz de programme interactif. Ce jeu est nul à tous les niveaux et n'aurait même pas mérité le DsiWare à 200 points. Comment peut-on mettre en boîte trois simili jeux d'arcade réalisés avec une truelle et proposer ça à la vente ? A moins de chercher un moyen de s'auto-torturer ou de préparer une thèse sur la déchéance des capacités intellectuelles lorsqu'on réalise indéfiniment une action répétitive, vous n'avez aucune raison de prendre une boîte de ce titre dans vos mains si ce n'est pour la jeter dans un incinérateur.