Après un premier épisode sympa mais très classique, TimeGate Studios revient avec Section 8 Prejudice, une suite qui promet quelques nouveautés. Attention toutefois, passer d'un titre en boîte à un jeu téléchargeable n'a jamais été bon signe...
En 2009, la sortie de Section 8 n'avait pas vraiment fait trembler les murs. Non pas qu'il soit mauvais, loin de là, mais plutôt à cause d'un terrible manque d'originalité, que ce soit dans le design ou le gameplay. Un univers SF plat comme une limande accompagné d'un sous-scénario, ça fait rarement de grands jeux. D'un autre côté, l'intérêt du premier opus tournait surtout autour du multi et la bonne nouvelle, c'est qu'il en est de même pour Prejudice.
Toutefois, ce nouvel épisode comporte aussi un mode solo, par lequel nous allons commencer, histoire de s'en débarrasser. On retrouve Alexander Corde, le héros du premier volet, qui doit une nouvelle fois s'opposer aux forces du Bras d'Orion. En toute sincérité, même un chimpanzé comprendra les tenants et aboutissants de la trame scénaristique dès les premières minutes de jeu. En fait, la campagne est surtout l'occasion de découvrir le gameplay particulier de Section 8 Prejudice, qui n'a d'ailleurs pas changé d'un iota depuis son prédécesseur. Le principal intérêt vient de la fonction Turbo qui s'active lorsque vous sprintez un certain moment. Ainsi, vous avalez les mètres à une vitesse hallucinante, mais vous ne pouvez pas utiliser vos armes. On a aussi un jetpack dont l'énergie s'épuise vite, mais qui vous permet d'atteindre des hauteurs facilement tout en augmentant votre mobilité. Grâce à ces actions, vous pensez bien que la jouabilité est vive, l'art du déplacement étant un avantage à prendre en compte dans chacun de vos combats.
Le problème, c'est qu'on est toujours dans le mode solo, qui s'avère finalement n'être qu'un gros didacticiel pour le mode multi. Vous enchaînez les missions sans aucune conviction tout en exécutant les ordres. De plus, le game design est particulièrement mal fichu, menant à des passages sans aucun intérêt. Que ce soit des phases de snipe, de piratage ou autres joyeusetés, on ne peut pas dire que l'ensemble respire le fun. Vous êtes souvent accompagné par des alliés absolument invincibles et la difficulté est loin d'être au rendez-vous si vous savez vous planquer pour recharger votre bouclier... Et encore, là, on ne vous a pas encore parlé du doublage français, sans doute l'un des plus lamentables qu'il nous ait été donné d'entendre. Un total manque de conviction serait un terme bien trop faible pour décrire les dialogues tellement on a l'impression de se retrouver devant une récitation de poésie dans une classe de CP. La campagne solo dure tout de même cinq heures, ce qui est un chiffre étonnant quand on sait que le jeu est vendu à petit prix et que le nerf de la guerre se trouve dans le multi.
Le multi, justement, parlons-en. Ou plutôt les multi, puisqu'il y a trois modes distincts. Commençons par le mode Conquête, celui qui sera sans doute le plus joué. Ce ne sont pas moins de 40 joueurs qui pourront se mettre sur la tronche sur des cartes où il faudra tenter de contrôler quatre territoires précis. Les deux équipes qui s'affrontent ont à leur disposition des bâtiments qu'elles peuvent acheter pour protéger leurs bases, comme des tourelles de défense par exemple, mais aussi des véhicules et une sorte de mecha. Pour prendre une base ennemie, il faudra souvent agir en groupe en formant des petites escouades. Les maps sont assez grandes pour établir des points d'attaque sans être constamment sous le feu ennemi. D'un autre côté, on n'est jamais vraiment tranquille dans Section 8, vu le système de respawn caractéristique de la « série ». En effet, à chaque fois que vous devez réapparaître, vous partez d'un point aérien à quelques milliers de mètres d'altitude. Une fois une zone choisie n'importe où sur la carte, vous sautez en chute libre jusqu'en bas. Vers la fin de votre saut, vous pouvez freiner pour diriger votre personnage précisément et pourquoi pas, éventuellement, atterrir sur un ennemi afin de le tuer instantanément ! Impeccable pour déloger un sniper !
Côté armement, il faut croire que futur ne rime pas nécessairement avec originalité. En effet, nous nous retrouvons avec les habituelles mitraillettes, fusils à pompe et grenades que nous connaissons bien. Du coup, on a droit à un gameplay très classique, même si la mobilité des joueurs est très appréciable et rajoute du dynamisme à l'ensemble. Grâce à un système de classes et surtout d'expérience, on peut débloquer de nouveaux équipements pour notre personnage, améliorant ainsi de nombreuses capacités comme la visée, les dégâts, l'armure ou encore la furtivité. Mine de rien, il y a de quoi faire et l'évolution s'avère vraiment gratifiante. Si le plaisir de jeu est présent, le style ne plaira pas nécessairement à tout le monde. Déjà, il faut beaucoup de balles pour tuer un adversaire, dans un jeu où le bouclier et la vie se rechargent plutôt vite. Du coup, il vous faudra souvent poursuivre un autre joueur pour l'achever avant que ce dernier soit de nouveau prêt à en découdre. De plus, un système d'auto-lock est présent. Même s'il ne dure qu'un court instant et malgré le fait qu'il faille attendre entre chaque utilisation, il n'est jamais très agréable de se prendre toutes les balles d'un chargeur dans le buffet, peu importe si vous faisiez des saltos pour les éviter... Concernant les autres modes de jeu, nous avons le mode Essaim dans lequel quatre courageux peuvent coopérer online pour résister à des salves successives d'ennemis gérés par l'IA. En gros, c'est un Survival où il faudra protéger des bâtiments. Une bonne entente avec vos collègues sera vite obligatoire pour ne pas mordre la poussière en moins de deux. Enfin, le mode Assaut demande à une équipe de passer des points de contrôle le plus rapidement possible pendant que leurs adversaires se contentent de les défendre vaillamment.
Côté réalisation, Prejudice reste techniquement correct, surtout compte tenu de la taille des maps assez impressionnante. Malheureusement, d'un point de vue artistique, le design est tout aussi pauvre que dans Section 8 et aucun élément de jeu ne dégage de réel charisme. La bande-son est sans aucun doute en deçà des plus grosses productions mais ça passe quand même. Au final, le nouveau bébé de TimeGate Studios a beau être classique, on ne peut qu'applaudir son côté complet quand on sait qu'il est vendu entre dix et quinze euros. Une campagne solo qui dure cinq heures et un multi assez intéressant pour tenir en haleine quelques mois, dur d'en attendre plus d'un jeu téléchargeable. Bref, si vous aimez le multi en ligne mais que vous ne voulez pas dépenser tout vos deniers, Prejudice vaut largement le coup d'oeil.
- Graphismes12/20
Malgré un manque de charisme évident, Section 8 Prejudice ne s'en sort pas trop mal grâce à une réalisation technique correcte. Les effets d'explosions font un peu cheap, mais bon, ne pinaillons pas trop.
- Jouabilité14/20
Que ce soit le respawn, le turbo ou le jetpack, on a vraiment l'impression de pouvoir maîtriser parfaitement l'aire de jeu. Si les maps sont immenses, elles sont idéales pour mettre en avant la grande mobilité de notre avatar. Par contre, vous oublierez assez vite le mode solo dont les missions sont terriblement mal ficelées.
- Durée de vie16/20
Si on prend le prix en compte, le contenu de Section 8 Prejudice est plus qu'honorable. Une campagne solo de cinq heures accompagne un multi au système d'expérience gratifiant. Les trois modes de jeu sont assez complets en eux-mêmes pour ne pas lasser les joueurs. On n'a plus qu'à espérer que les serveurs ne soient pas vides, mais pour le moment, ça va.
- Bande son11/20
On peut noter une amélioration de quelques effets sonores par rapport au premier opus et les musiques sont très typées science-fiction. Par contre, le doublage français est une véritable catastrophe.
- Scénario6/20
Blablabla, vous êtes les gentils, les autres c'est les méchants. Bon allez, il y a bien une histoire de complot dans le tas, mais vous ne rentrerez pas dedans une seule seconde.
La plus grande qualité de Section 8 Prejudice, c'est son prix. Bien qu'il soit très classique, le FPS de TimeGate Studios ne déçoit pas au niveau de son contenu. Les fans de multijoueurs seront sans doute conquis par un gameplay dynamique dans lequel les joueurs sont toujours en mouvement. Au final, on passera facilement outre le manque de charisme de l'ensemble pour se mettre quelques frags bien sentis dans les gencives.