Après s'être échoué sur Xbox 360, Sniper Ghost Warrior revient sur PS3 dans une version corrigée et qui serait celle que le studio avait en tête à l'origine. Nouveau contenu, promesse d'un moteur 3D boosté et d'une meilleure IA, qu'en est-il de ce director’s cut ludique ?
Sur le papier, Sniper Ghost Warrior est plein de promesses. Incarner un tireur d'élite joliment camouflé qui crapahute dans la jungle, ça change du contenu habituel des FPS l'arme au poing. Pour soigner l'expérience, le jeu propose donc d'enrichir un peu la pratique du tir de précision en prenant en compte la distance, le vent et la gravité. Pour ajuster son tir, il faudra donc parfois viser à côté de sa cible, en considérant le temps qu'il faudra au projectile pour parcourir la distance. Dans les deux premiers modes de difficulté, un point rouge vient d'ailleurs indiquer le point d'impact réel de la balle, en mode Hard en revanche, vous serez en roue libre. Une fois ces bases maîtrisées, on apprécie le style "réaliste mais pas trop quand même" de Sniper Ghost Warrior et on peut se lancer dans le mode solo. Là, on découvre que l'infiltration est également une composante importante du jeu. Mieux vaut se coucher dans les herbes folles et les fougères que d'engager le combat, et traverser ainsi les zones dangereuses jusqu'à rejoindre un emplacement de tir d'où on pourra œuvrer dans la joie et la bonne humeur. C'est relativement amusant... quand c'est ce qu'on nous demande de faire.
Quand on commence à jouer, on serait presque enthousiaste à l'idée de s'infiltrer en quête d'un spot de tir bien placé dans un environnement qui semble vaguement ouvert. Seulement voilà, on découvre vite que tout ça, c'est du flan. Les décors sont en fait parfaitement linéaires et si on voit un paquet de points en hauteur qui feraient d'excellents postes de tir, on ne peut pas s'y rendre, le chemin étant bloqué par des obstacles infranchissables comme un grillage, un tronc d'arbre couché ou une échelle... Il faut en effet savoir que notre brillant tireur d'élite des forces spéciales n'est pas fichu de grimper à une échelle, donc si vous pensiez que cette tour de garde à droite ferait un super coin pour faire panpan sur les méchants, raté. Quant à l'infiltration qui pourrait être un gros plus pour le jeu, elle est plombée par une des pires intelligences artificielles de ces derniers mois. Parfois complètement aveugle et ne réagissant à rien, elle est soudainement prise d'un coup de folie et met en action ses yeux bioniques capables de nous repérer à travers six murs, un rocher, une citerne et des fougères. Alors certes, l'IA de cette version PS3 profite de quelques ajustements, mais on est encore loin d'avoir en face de nous des comportements très crédibles.
Cela étant dit, des corrections bienvenues pointent leur nez. La version d'origine était passablement trompeuse car sous son titre mettant en avant le snipe, elle cachait une quantité invraisemblable de missions d'assaut tout droit sorties du premier FPS lambda venu. Les développeurs ont finalement pris conscience que lorsqu'un joueur s'offre un titre qui s'appelle Sniper quelque chose, c'est probablement pour une raison. Du coup, les missions d'assaut ont pris une autre tournure, vous laissant à distance dans le rôle de soutien qui vous revient. En outre, de nouvelles missions solo font leur apparition, et on peut même dire que le petit package composant la section Affaire Non Classée est plutôt sympa. Du coup, Sniper Ghost Warrior reprend sur PS3 le chemin qui devait être le sien. On signalera également l'ajout de contenu en multijoueur qu'il s'agisse de nouvelles cartes ou de deux modes inédits. Le hic, c'est que les autres problèmes du jeu n'ont pas disparu pour autant. L'IA a déjà été évoquée mais il reste la réalisation. On nous avait promis un lifting graphique, on le cherche encore. L'aliasing tout d'abord est toujours dramatiquement prononcé, rendant parfois la détection des cibles délicate. On sent toujours le potentiel du moteur 3D, mais ses lacunes n'ont en aucun cas été corrigées. Les ombres sont toujours aussi abominables et la gestion des effets laisse franchement à désirer. On comprend bien dans le jeu l'intérêt d'une profondeur de champ marquée, mais là, l'effet est clairement trop poussé. Les textures sont d'une qualité exécrable, il arrive par ailleurs qu'elles s'effacent, et le clipping fait régulièrement disparaître des bouts de décor. Enfin, la gestion des collisions, déjà problématique sur Xbox 360, est à peine corrigée ici. Heureusement, celle des balles est parfaitement gérée, on peut donc sans problème aligner un tir à travers des obstacles. Mais pour le reste, on voit fréquemment des objets en pénétrer d'autres, quand ce n'est pas le joueur lui-même qui s'empêtre dans une branche.
- Graphismes10/20
Sous un amoncellement d'aliasing, de bugs de collisions et d'effets catastrophiques, le Chrome Engine 4 a l'air joli. Dommage qu'on n'ait pas la possibilité de le voir. Autant pour le soi-disant lifting du moteur 3D.
- Jouabilité12/20
La gestion des différents facteurs dans l'utilisation du snipe est convaincante et on apprécie que les développeurs aient pris soin de remettre le snipe au cœur du jeu en ajoutant des missions qui l'exploitent vraiment. Il reste que l'IA est toujours aussi fantasque, entre le regard bionique et l'autisme.
- Durée de vie15/20
Avec l'ajout de nouvelles missions en solo, le jeu gagne en durée de vie, cela dit ne vous attendez pas non plus à un doublement du nombre d'heures. Comptez quinze heures pour en venir à bout. Le mode multi s'enrichit mais demeure un pan secondaire.
- Bande son10/20
Le doublage du personnage principal est risible au possible et les effets sont d'une manière générale franchement mauvais. Certains bruitages animaliers évoquent les Lums de Rayman. Les thèmes musicaux s'oublient vite et collent même parfois assez mal à l'action.
- Scénario5/20
L'enchaînement des missions est très maladroit et on a même parfois du mal à comprendre pourquoi on se retrouve à tel ou tel endroit. Alors même que le scénario tient sur un quart de Post-it petit format.
Les développeurs de Sniper Ghost Warrior ont eu la bonne idée de corriger certains des défauts de leur titre, essentiellement en rééquilibrant la part du snipe justement. On fait donc enfin face à un jeu qui mérite son titre, misant sur l'infiltration et le tir de précision, et qui nous déleste des phases de shoot standard qui envahissaient le jeu d'origine. Il n'en reste pas moins que l'intelligence artificielle se montre encore inconsistante, entre le regard bionique et l'autisme profond, et que la réalisation n'a en vérité pas franchement évolué. Néanmoins, le titre se montre déjà plus intéressant.