Après avoir séduit les joueurs PC, les nouvelles aventures de Guybrush Threepwood viennent faire de l'oeil aux possesseurs de Playstation 3.
Composé d'anciens de LucasArts à qui on devait déjà le retour en fanfare de Sam & Max, le studio Telltale était à l'évidence le choix parfait pour redonner vie à l'un des jeux d'aventure les plus cultes de notre petite histoire. Un retour qui intervient à un moment difficile à cerner, plusieurs années après le dernier épisode, et qui semble débuter après un éventuel cinquième volet qui n'existe pas. Une fois de plus, Guybrush fait face à son ennemi de toujours, le zombie/fantôme LeChuck qui n'a de cesse de vouloir s'emparer du secret de l'Ile aux Singes tout en kidnappant inlassablement la belle et plus ou moins douce femme de Guybrush, Elaine Marley. Faisant preuve dans le vice d'une obstination qui n'a d'égale que celle de Guybrush à le contrecarrer, ce que ce dernier tente une fois de plus en ensorcelant son arme pour frapper LeChuck. Ce qui aurait certainement pu être efficace si le Mighty Pirate n'était pas si maladivement malchanceux et maladroit.
En effet, suite à une petite improvisation dans la réalisation du sortilège vaudou, Guybrush va faire de LeChuck... un être humain, plutôt sympathique qui plus est, libérant du même coup une peste qui va se répandre aux quatre coins du monde, y compris sur sa propre main qui ne tarde pas à agir de son propre chef. Bilan des courses, il va falloir se lancer dans une grande quête afin de retrouver le seul remède possible à ce nouveau mal : la Esponja Grande, éponge magique aux pouvoirs absorbants incomparables. Une quête en cinq actes qui vous conduira des rivages de Flotsam Island à ceux de Spinner Cay, fief d'une bande de sirènes un peu allumées, puis à un remake de l'histoire de Jonas avalé par la baleine. Vous visiterez même le royaume des morts afin de découvrir le secret de la résurrection. Mais, chut...
Ce découpage en cinq chapitres permet au jeu de proposer une aventure assez bien rythmée et qui, tout en se tenant d'un bout à l'autre puisqu'elle s'articule autour d'une seule quête, offre des contextes et une mini-histoire différents à chaque épisode. On n'échappe pas néanmoins à quelques baisses de régime et à des séquences moins efficaces que les autres. Toutefois, la principale force de Tales of Monkey Island réside surtout dans sa galerie de portraits. Il va de soi que les plus incontournables personnages de la série sont présents : Elaine, LeChuck mais également la Voodoo Lady et son bataillon de mystères et d'indices, Stan (escroc notoire qui cette fois se transformera en avocat) ou ce bon vieux Murray encore et toujours décidé à ravager la planète. Mais il faut y ajouter des nouveaux venus comme Morgan LeFlay, chasseuse de pirates mais fan absolue de Guybrush ou même toute une tripotée de personnages secondaires croisés ça et là et qui ne vous laisseront jamais indifférent.
Chacun de ces individus a sa personnalité, son tempérament et tous profitent de l'excellent doublage qui allie des dialogues de très bonne facture au travail plus que méritant des acteurs qui ont assumé leurs rôles avec brio. Il n'y a guère que le sinistre Marquis de Singe qui fasse un peu tache dans cette galerie, pas vraiment drôle et un peu stéréotypé. Mais la prestation de l'infâme LeChuck métamorphosé en défenseur de la veuve, de l'orphelin et du singe compense très largement. Vous en aurez d'ailleurs la preuve lorsque vous l'aiderez à résoudre par lui-même une énigme. Le contre-emploi, une technique classique mais qui fonctionne toujours à merveille. L'esprit Monkey Island est bien là, dans les vannes, souvent référencées et ne lésinant pas sur les clins d'œil bien appuyés et même dans une moindre mesure au sein des mécaniques de jeu.
Tales of Monkey n'est pas un jeu particulièrement difficile. Quiconque a déjà essayé un jeu Telltale a une idée de ce à quoi il faut s'attendre. La plupart du temps, on fait face à des puzzles farfelus, impliquant souvent un ou deux gags, mais aucune énigme ne vous laissera vraiment perplexe devant votre écran. Ce n'est pas pour autant que le jeu se dévoile comme un livre ouvert cela dit, il faudra tout de même faire tourner un peu votre cervelle, mais il reste très largement accessible. En outre, si on apprécie les énigmes et puzzles du jeu, c'est surtout parce qu'ils impliquent des objets ou des réactions plus ou moins débiles. Notez d'ailleurs que Telltale utilise déjà ici une de ses ficelles favorites : le puzzle/dialogue/action dans lequel les répliques entraînent des actes que l'on peut parfois combiner avec des objets. Un leitmotiv que l'on retrouve dans pratiquement toutes les productions du studio.
- Graphismes13/20
Telltale est fidèle à son approche cartoon, un peu simple et naïve. Ca fonctionne à merveille ici, mais le moteur se fait tout de même un peu vieux et souffre parfois de quelques légers soubresauts.
- Jouabilité15/20
La progression par chapitres offre une agréable diversité tout au long de l'aventure et Telltale sait éviter les allers-retours pénibles. On regrette quelques baisses de régime et certains auraient sans doute voulu des énigmes un peu plus dures même si celles proposées respectent l'esprit de la série, en étant à la fois absurdes mais parfaitement logiques, à leur façon.
- Durée de vie15/20
Selon votre niveau, il vous faudra plus ou moins quinze heures pour terminer l'aventure. Une durée de vie honnête.
- Bande son17/20
Le travail des acteurs sur le doublage est remarquable, et pas uniquement du côté des personnages principaux. Et comme les dialogues sont également de qualité, on est bien content. Côté musiques, on retrouve les thèmes originaux de la série, remis au goût du jour.
- Scénario15/20
Tales of Monkey Island sait se montrer fidèle à l'esprit de ses illustres ancêtres. Le jeu reste cependant encore un peu sage. On ne boude pas pour autant son plaisir et la quête principale découpée en cinq actes ne manque pas de surprises et de très bons moments.
Tales of Monkey Island a toutes les qualités d'un jeu Telltale. Bien rythmé, assez varié, drôle, il profite d'un excellent doublage et d'une galerie de personnages hauts en couleur. On pourra malgré tout regretter que Telltale ne se soit jamais totalement lâché sur le scénar' ou encore un niveau de difficulté généralement peu élevé. Des lacunes compensées par le fait que les énigmes, à défaut d'être dures, sont souvent amusantes. Et puis bon, c'est une aventure de Guybrush Threepwood, que diable !