Spécialisé dans le développement de jeux en ligne, le studio californien Three Rings n'était jusqu'à présent pas connu de grand monde. En passant un accord avec Sega, qui édite son dernier projet Spiral Knights, sa réputation pourrait toutefois fortement s'accroître grâce à l'aura et aux ressources de la firme japonaise. Ce qui ne serait pas un mal, au regard de la grande qualité de ce titre gratuit, jouable directement sur navigateur.
Spiral Knights possède donc la particularité d'être édité par Sega, ce qui lui offre une visibilité bien plus importante que la moyenne au sein du monde extrêmement concurrentiel des MMO free-to-play jouables sur navigateur. Le revers de la médaille, c'est évidemment qu'il se devait de répondre aux attentes d'un nombre de joueurs plus important que ses concurrents. Un pari relevé avec panache, on va le voir. Le concept de Spiral Knights est relativement simple. Vous incarnez un petit robot qui s'est écrasé sur la planète Cradle et dont le vaisseau a été détruit au passage. Le miracle, c'est que vous n'êtes pas seul à avoir subi un tel accident. Vos congénères ayant survécu à des crashs similaires ont même établi un camp de base dans la ville de Haven, avec le concours des habitants du coin, les Strangers. Un endroit que vous aurez tôt fait de rallier. Sur place, une mission vous est confiée : il vous faudra plonger au cœur des rouages, une sorte de complexe souterrain peuplé de monstres en tout genre, pour ramener des minéraux.
Clairement, le jeu n'affiche aucune ambition scénaristique. Ce qui n'est pas bien grave, l'important se situant ailleurs, dans son gameplay. Spiral Knights se pose comme un action-RPG assez basique. Après avoir déterminé le look de notre avatar, l'aventure démarre par un court tutoriel. Le temps de comprendre que le petit robot que l'on incarne dispose, en plus d'un bouclier, de deux armes principales : une épée pour le corps-à-corps et un flingue pour les attaques à distance. Plus tard, des bombes pourront également être utilisées lors des combats, tout comme des objets disséminés à travers les niveaux. Notre robot possède aussi un équipement de base composé d'un casque et d'une armure. Les contrôles sont pour leur part très simples puisque les actions se résument à se déplacer, attaquer et se protéger. Le tout peut être joué avec le duo souris/clavier ou avec une manette. Quant à l'évolution de notre personnage, elle passe uniquement par son équipement. Chaque élément qui le compose, armes et bouclier inclus, a son propre niveau. Looter, crafter ou passer par des magasins sont de ce fait autant de moyens différents de développer ses capacités.
L'ensemble de l'aventure se déroule au cœur de ces fameux rouages. Il n'y a donc pas vraiment de villes, excepté celle de départ, mais uniquement plusieurs donjons à parcourir jusqu'à plus soif. En fait, pour essayer de clarifier les choses, le jeu vous propose d'emprunter quatre portes différentes (assimilables à des donjons) qui donnent accès à autant de chemins distincts vous menant vers les profondeurs de Cradle. Ces chemins sont eux-mêmes composés d'une grosse vingtaine d'étages, que l'on peut comparer à des niveaux. Un principe pas évident à expliquer mais qui, une fois en jeu, se révèle très clair. Bien évidemment, à mesure que le joueur s'enfonce dans les entrailles de la planète, le challenge augmente, les monstres étant à la fois plus coriaces et plus nombreux. Lors de chaque niveau, le principe est similaire. On part d'un point A pour arriver à un point B. En route, on traverse différentes salles, on croise notre lot d'ennemis disposant de patterns propres et on résout quelques énigmes à base d'interrupteurs à enclencher. A ce compte-là, le jeu emprunte d'ailleurs beaucoup de mécaniques à The Legend of Zelda. Pas forcément un mal étant donné la qualité de la série qui sert de référence. Même si en soi, le principe de chaque partie ne change pas énormément, le level design très travaillé apporte un peu de variété au jeu. Certaines pièces demandent pas mal de talent pour être franchies en raison d'obstacles posés un peu partout, rendant certains combats épiques. Au bout du parcours, le jeu offre la possibilité de remonter à la surface ou de continuer à progresser en descendant d'un étage. Spiral Knights étant avant tout un MMO, on peut choisir dès le départ, lorsque l'on opte pour l'une des portes, de partir seul ou de joindre un groupe composé de deux à quatre joueurs. S'il n'est pas impossible de progresser en solo, faire appel à des alliés peut s'avérer très utile et surtout bien plus fun. Il existe bien sûr également la possibilité de former des guildes, pour plus de commodité.
En fait, la vraie originalité de ce système de portes, c'est que le jeu propose aux joueurs de façonner eux-mêmes les prochains niveaux qu'ils auront à parcourir. Il existe en effet, en plus des quatre donjons ouverts en permanence, quatre autres donjons fermés. Tout du moins pendant huit jours. Un laps de temps durant lequel les joueurs peuvent modifier la nature des niveaux qui les composeront grâce aux minéraux récoltés durant l'aventure. Selon le processus de construction suivi, les étages seront orientés feu, glace, poison et ainsi de suite. Ce qui changera notamment le type de paysages et d'ennemis rencontrés. Une fois les huit jours écoulés, la porte active la plus ancienne cède sa place à celle qui était fermée. Une sorte de roulement est instauré en permanence et ce sont donc les joueurs eux-mêmes qui façonnent le monde à leur convenance.
Le point le plus litigieux du jeu demeure comme souvent le système économique à base de micropaiements. Celui pour lequel Three Rings a opté soulève un nombre important de questions. Dans un premier temps, il faut savoir que l'ensemble du contenu de Spiral Knights est accessible sans débourser un euro. Ce qui n'est finalement pas si fréquent que ça dans le monde du free-to-play. Il n'y ainsi pas de Cash Shop, comme dans la plupart des MMO. Les développeurs ont mis en place un système basé sur l'utilisation de points d'énergie. En gros, vous en avez cent en votre possession par tranche de vingt-quatre heures. L'astuce, c'est qu'il est nécessaire de les utiliser en permanence. Vous dépensez de l'énergie pour progresser dans les étages des rouages, pour crafter ou encore pour ressusciter votre personnage ou votre groupe. Ces points limitent donc grandement votre temps de jeu quotidien. En deux heures, vous aurez épuisé vos ressources. Vous l'aurez compris, en dépensant un peu d'argent, vous serez remis en selle pour quelque temps. Mais il existe aussi un marché dans le jeu qui permet d'acheter et de vendre de l'énergie en utilisant cette fois la monnaie virtuelle de Spiral Knights, appelée crowns. De l'argent que l'on peut gagner en tabassant des ennemis ou en revendant des pièces d'équipement. C'est ensuite le principe de l'offre et de la demande qui régule le marché. Un système qui a tendance à désavantager les joueurs débutants, qui, par manque de moyens, doivent se contenter de deux heures de jeu par jour. D'autant que le prix de l'énergie augmente en permanence. Ce qui pourrait au final avoir tendance à les décourager et freiner du coup le renouvellement de la population fréquentant Spiral Knights. Tout cela fait en tout cas débat actuellement au sein de la communauté. Ce que l'on peut arguer en faveur de Three Rings, c'est qu'il fallait bien trouver une manière de gagner de l'argent et que le contenu reste malgré tout entièrement accessible. Une affaire à suivre en tout cas...
- Graphismes12/20
Avec ses environnements colorés, son character design plaisant, tout du moins pour les ennemis et ses animations variées, Spiral Knights dispose de qualités visuelles indéniables. D'autant que l'aspect rétro des graphismes se marie parfaitement avec le côté futuriste de l'univers. On regrette juste le syndrome habituel des MMO free-to-play, à savoir celui des clones, la personnalisation des avatars étant assez limitée.
- Jouabilité15/20
Au-delà des mécaniques globales qui régissent le monde de Spiral Knights, à l'image des niveaux à façonner soi-même, c'est surtout les petits détails qui font la différence. L'accessibilité du gameplay, l'aspect coopération fun et les temps de chargement très faibles jouent par exemple beaucoup en sa faveur. Mais on apprécie par-dessus tout le fait que le jeu mette l'accent sur le talent du joueur. Progresser à travers les donjons réclame du doigté et un sens aigu de l'analyse du comportement des ennemis. Quant à l'énergie, elle permet de jouer plus longtemps mais certainement pas mieux.
- Durée de vie15/20
Tout dépend à quelle catégorie de joueur vous appartenez. Si vos sessions de jeu quotidiennes excèdent les dix heures et que l'impatience est votre plus vilain défaut, il paraît évident que Spiral Knights n'est pas fait pour vous. En revanche, si vous acceptez ou appréciez le fait de progresser lentement, via des parties plus courtes, alors le titre édité par Sega vaut franchement le coup car sa durée de vie demeure dans ce cas très importante.
- Bande son13/20
Côté son, Spiral Knights fait mieux que la plupart de ses concurrents en proposant des thèmes vraiment travaillés. On ne peut qu'apprécier l'effort fourni à ce niveau.
- Scénario5/20
Une chose est sûre, ce n'est pas l'histoire qui motivera votre progression dans le jeu. Vous pouvez toujours chercher, aucune révélation ne sera faite passées les quinze premières minutes sur Cradle.
Avec son aspect visuel accrocheur et son gameplay conçu avec intelligence, Spiral Knights fait incontestablement partie des très bons jeux sur navigateur. Seul son système économique pourra éventuellement rebuter certains joueurs et poser quelques problèmes de renouvellement à l'avenir. Three Rings a en tout cas réussi un joli tour de force en développant un titre soigné et parfaitement adapté à son support. La communauté est en plus sympathique et généralement disposée à aider son prochain. Du contenu devrait en plus enrichir prochainement l'aventure. On pense notamment à l'introduction de combats en PvP. Bref, essayez-le si le genre vous plaît et que ce n'est pas déjà fait !