La PSP n'a pas encore dit son dernier mot. Avant de laisser la place à la NGP, la petite portable de Sony compte bien offrir un beau baroud d'honneur à ses licences fétiches. C'est ainsi que la série des Patapon revient titiller notre sens du rythme à travers un troisième opus plutôt surprenant.
Il a suffit de deux épisodes pour que la série des Patapon s'impose comme l'une des références incontournables du catalogue de la PSP. Il faut dire que ces jeux de rythme n'ont pas d'équivalent dans leur domaine. Il s'agit en effet d'y diriger une petite armée au son d'un tambour sacré. Chacun des quatre boutons de façade de la console est lié à un son, il faut réaliser des enchaînements particuliers pour faire avancer sa petite troupe, pour les faire attaquer ou pour les mettre en position défensive. Le tout est soutenu par un design aussi mignon que soigné qui plonge le joueur dans un univers coloré et féérique. On retrouve bien entendu plus ou moins ces différentes ficelles dans ce troisième épisode mais les amateurs de la licence ne manqueront pas de remarquer que le gameplay a subi au passage quelques modifications importantes. Cet opus comporte en effet une dimension jeu de rôle et un aspect action bien plus prononcés que ses aînés.
Pour mieux comprendre les changements introduits dans cet épisode, il faut commencer par s'intéresser au contexte de ce Patapon 3. La curiosité de nos braves Patapons les a poussés à ouvrir un coffre mystérieux. Malheureusement celui-ci ne contenait pas de sucreries mais plutôt une ancienne malédiction qui plongea le monde dans les ténèbres en libérant sept horribles démons. Pour bien faire, ses derniers transformèrent tous les Patapons en statues de pierre... Tous ? Non ! Car un dernier petit bonhomme, le fameux Hatapon, s'était accroché à son drapeau et à sa foi envers le Tout-Puissant, c'est-à-dire envers le joueur qui avait déjà permis à son peuple de traverser les précédentes épreuves. Le salut viendra finalement des cieux : un étrange vaisseau spatial apporte un certain Hoshipon Argenté dans ce monde dévasté. Ce dernier parvient à invoquer le Tout-Puissant, c'est-à-dire le joueur, et à lui faire intégrer l'enveloppe corporelle d'un héros Patapon. Au début de votre partie, vous aurez ainsi le choix entre trois classes bien distinctes pour donner vie à votre représentant dans ce bas monde : ce dernier peut être un archer, un lancier ou encore un guerrier muni d'une épée et d'un bouclier. Il sera entouré de trois autres guerriers et du fidèle Hatapon qui se contente de transporter le tambour sacré. Vous serez donc amené à gérer les équipements et les compétences de vos quatre combattants pour les mener à la bataille tout en prenant garde que Hatapon ne tombe pas sous les attaques ennemis.
Vous l'avez compris, vous ne dirigez plus toute une armée dans Patapon 3, mais seulement quatre petits personnages. Il ne faut pas pour autant en déduire que cet épisode est plus simple d'accès que ses prédécesseurs, bien au contraire ! Pour commencer vos combattants accumulent désormais des points d'expérience en fonction de leurs prouesses. En montant de niveau, ils pourront petit à petit accéder à d'autres classes, ainsi qu'à des compétences et à des talents de plus en plus alléchants. Votre archer pourra ainsi se transformer en guérisseur ou votre lancier se hisser sur une monture. Chacune de ces classes dispose de son propre système d'expérience. Dans ces conditions, de longues séances de level-up s'avèrent rapidement indispensables. Elles vous permettront aussi de dégoter tout un tas d'équipements plus ou moins rares. Notez qu'il vous sera possible d'améliorer les objets les plus communs ou de les vendre pour rembourrer vos bas de laine. Il vous faudra toutefois choisir votre équipement avec soin avant de vous lancer dans la moindre mission : ce troisième épisode est clairement plus difficile que ses aînés et vous devrez jouer des particularités des différentes armes et armures pour vous adapter aux diverses situations.
Méfiez-vous même si vous disposez d'une équipe de combattants surentraînés, il vous faudra aussi prendre soin du fragile Hatapon. Il suffit en effet que ce dernier périsse pour avoir droit à une belle défaite. Le fait de mourir n'a pas vraiment d'incidence puisque vous retrouvez ensuite vos personnages flambant neufs pour la prochaine bataille, il vous faudra « seulement » recommencer du début le niveau dans lequel vous étiez. Ceci s'avère particulièrement énervant lorsque l'on meurt bêtement face à un boss situé dans les tréfonds d'un immense donjon... Mieux vaut être prévenu, la difficulté de ce Patapon 3 peut s'avérer très frustrante. D'ailleurs les aides et les explications s'avèrent souvent très succinctes et ceux qui ne connaissent pas encore la licence auront beaucoup de mal à accrocher d'emblée à cet épisode. Les novices éprouveront sans doute autant de plaisir à apprendre les subtilités de Patapon 3 qu'à se tartiner l'œsophage de bogues de châtaigne. Il faut reconnaître que rien n'est fait pour leur faciliter la tâche : la cachette qui vous sert de hub est non seulement moins guillerette que l'habituel village des Patapons, mais les menus qu'on peut y trouver manquent aussi furieusement de clarté.
Si vous vous y retrouvez dans ce méli-mélo, vous parviendrez à accéder aux différents modes multijoueurs. Patapon 3 propose ainsi des parties qui peuvent réunir jusqu'à 8 joueurs en Ad Hoc ou en ligne. Vous pourrez ainsi découvrir des combats en arène relativement bourrins : l'utilisation abusive des compétences spéciales de votre héros apporte déjà son lot de démesure aux affrontements en solo, mais les choses deviennent encore plus impressionnantes quand une tripotée de héros se fait la guerre en multijoueur. La coopération est aussi au rendez-vous puisque vous pouvez inviter un ami à vous rejoindre et à vous donner un coup de main pour les missions sur lesquelles vous bloquez en solitaire. Ces différentes options sont encore une fois sympathiques mais malheureusement pas toujours très simples d'accès. Au final, ce Patapon 3 applique une recette qui fonctionne mais qui risque de laisser sur le carreau les nouveaux venus. Ces derniers auront bien du mal à surmonter un apprentissage qui s'annonce d'ores et déjà des plus laborieux.
Etant donné l'impossibilité de capturer nos propres images, les screens qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
- Graphismes15/20
On retrouve avec plaisir la patte graphique de Rolito mais on ne peut pas s'empêcher de remarquer que l'univers de ce troisième opus est un brin moins mignon et poétique que celui de ses prédécesseurs.
- Jouabilité14/20
On retrouve bien les mécanismes de base des autres opus mais la difficulté parfois frustrante, le nombre incroyable de paramètres à prendre en compte et le manque de clarté des menus risquent de décourager plus d'un nouveau venu.
- Durée de vie16/20
Vous n'avez désormais plus que quatre combattants à gérer mais les faire évoluer et adapter leur équipement vous demandera pas mal de boulot. Vous aurez aussi droit à près de 80 missions qui vous proposeront un véritable challenge. L'ensemble demeure un brin répétitif mais on salue tout de même l'arrivée d'un mode multijoueur en ligne qui vous réservera quelques batailles d'anthologie.
- Bande son15/20
La musique et les bruitages sont toujours égaux à eux-mêmes et rendent honneur à la série. Malheureusement, comme d'habitude, attendez-vous à fredonner sans arrêt Pata-Pata-Pata-Pon et à passer pour un excentrique en vous baladant dans la rue.
- Scénario/
Il n'est pas question de noter le scénario qui tient surtout du prétexte mais on regrette que cet épisode fasse preuve d'un peu moins d'humour que les autres.
Ce troisième épisode correspond à un petit changement de cap qui ne fera pas que des heureux. Il ne s'agit plus de mener une petite armée au combat mais plutôt de gérer un groupe de quatre combattants qu'il faudra particulièrement chouchouter pour avoir une chance de venir à bout des différentes missions. La série perd sans doute un peu en poésie et en humour mais elle gagne un aspect jeu de rôle qui intéressera les joueurs les plus patients et les plus méticuleux.