Sorti le mois dernier, Top Spin 4 a enchanté la critique et répondu aux attentes des amateurs de simulation de tennis. Au point peut-être d'en rebuter certains ou de les conforter dans leur idée d'attendre le concurrent beaucoup plus axé sur le fun et l'accessibilité. Virtua Tennis 4 réussit-il à convaincre son public autant que l'a fait Top Spin 4 ?
Calé sur un rythme d'une sortie tous les deux ans, Sega s'est donné le temps et toute latitude nécessaire pour ajuster sa copie et tenter d'offrir le meilleur de Virtua Tennis dans ce nouvel opus. Un titre qu'on compare naturellement à Top Spin alors que dans les faits, les deux licences comptent davantage de différences que de points communs. Certes, les bases sont les mêmes et les contenus similaires mais manette en main, l'expérience n'a pas grand-chose à voir. Posséder les deux titres n'est pas une hérésie si tant est qu'on ne boude ni les simulations ni les titres plus orientés arcade. Ce Virtua Tennis 4 penche évidemment de ce second côté. Plus que jamais, la petite balle jaune se permet ici un peu tout et n'importe quoi mais surtout, c'est le background décalé qui fait la différence. Virtua Tennis n'a pas grand-chose de crédible et il l'assume avec l'apparition de nouveaux mini-jeux (enfin !) originaux et délirants. Mais parallèlement, il ne fait rien pour qu'on loue son gameplay, vieillissant, stéréotypé, en stagnation la plus totale. Alors, le plaisir procuré par la pratique de mini-jeux rigolos, notamment à plusieurs, compense-t-il ce manque d'inspiration lors de véritables matches ?
Honnêtement, non. S'il est indiscutable que Virtua Tennis 4 a beaucoup de personnalité, on ne peut que rester couac devant une prise en main aussi plate et face à ce vide intersidéral dans les échanges. L'effet essuie-glace est inévitable, tout simplement parce que les mécanismes du jeu ne permettent aucune approche tactique. On balance des coups à plat à droite, à gauche, on bourrine bêtement, quel que soit le profil de notre tennisman, simplement parce qu'on sait qu'à la longue, le décalage suffira pour réussir un coup croisé gagnant. Le service-volée est également cheaté comme c'est pas permis puisqu'un service extérieur met systématiquement en difficulté l'adversaire qui renvoie une balle morte que vous n'avez plus qu'à écraser d'un coup de raquette imparable. Semi-automatisé, ce genre de coups ne peut être manqué, même le placement sous la balle est assisté... Certes, Virtua Tennis assume son côté arcade mais rien n'empêchait les développeurs d'inclure quelques subtilités ou même d'exploiter ce côté bourrin en soignant la "mise en scène". Si, seule particularité, le mouvement de caméra déclenché par la réalisation d'un coup puissant : un court bullet-time, un zoom sur le joueur, le coup part et c'est à peu près tout. Encore une fois, que ce soit par manque d'inspiration ou souci du détail inexistant, les matches sont fades, les échanges prévisibles et les coups bien peu variés. Du tennis low-coast en somme.
Le casting de Virtua Tennis 4 est encore plus pauvre que celui de Top Spin 4. Onze pros masculins (Federer, Djokovic, Murray, Nadal, Roddick, Del Potro, Monfils, Gonzalez, Haas, Kohlschreiber et Seppi), sept pros féminines (Wozniacki, Sharapova, Kuznetsova, Venus Williams, Robson, Chakvetadze et Ivanovic) et quelques légendes (Becker, Courrier, Rafter, Edberg...) composent une liste bien maigrichonne mais pas moins fournie que les précédents volets. Dans le cas d'un titre aussi orienté arcade, la pilule passe finalement sans trop de difficulté. Mais la critique se porte davantage sur leur style de jeu que sur le nombre de joueurs disponibles. En effet, ne comptez pas retrouver des gestes caractéristiques de ces copies qui, sans être de simples skins, ne rendent pas franchement hommage aux vrais Federer, Nadal, Ivanovic et compagnie. La façon dont vous jouerez, avec ou contre eux, ne devrait pas varier d'un iota. Un constat problématique qui pose la question de l'utilité des matches exhibition. A vrai dire, en solo, leur intérêt est quasi nul et ce ne sont pas les parodies de tournois du Grand Chelem (appelés ici "grands championnats") qui y changeront grand-chose. En revanche, quelques parties à plusieurs, jusqu'à quatre, pourront être tolérées, sans pour autant retrouver le charme du multijoueur de Virtua Tennis 3, pourtant sorti en 2007.
Heureusement, Virtua Tennis 4 possède un mode carrière original sur lequel tous les efforts ont été concentrés. S'il n'est pas inventif en soi, son architecture sort réellement de l'ordinaire. Si la traditionnelle étape de création d'avatar (un peu limitée d'ailleurs) n'a rien de marquant, son interface, façon plateau de jeux de société, est à la fois amusante et à l'origine de la richesse du mode en question. En effet, le calendrier est symbolisé par des cases sur lesquelles il faut déplacer notre pion, du début de la saison jusqu'au "grand tournoi" faisant office de tournoi du Grand Chelem (oui, un par saison bizarrement...). Certaines cases permettent de gonfler les attributs du joueurs via les mini-jeux, d'autres de le reposer pour soigner sa condition physique ou encore de jouer des matches exhibition en simple ou en double. Mais les plus intéressantes sont celles qui donnent accès à des tickets de déplacement. Ceux-ci permettent de déplacer son pion de une, deux, trois ou quatre cases et de tomber ainsi sur l'événement souhaité. Mais attention, l'architecture du plateau réserve quelques mauvaises surprises comme des cases blessures. Ou parfois, votre position ne vous laissera pas vraiment le choix de la case sur laquelle vous rendre. Un concept vraiment bien fichu qui rend la gestion du planning du joueur passionnante et autrement plus stratégique que jadis. D'autant qu'une contrainte de taille existe : votre stock de tickets est renouvelé à chaque tour... Bonjour les maux de tête !
Dans son ensemble, ce mode Tour Mondial est plutôt bien fichu mais n'est pas un remède à la pauvreté du gameplay. Le niveau de l'IA, vraiment pitoyable, n'aide pas. En effet, il n'existe aucun challenge, même en corsant la difficulté, durant les tournois. Tournois qui se limitent en plus à des matches de un ou deux jeux expédiés en quelques secondes grâce au fameux service-volée. La seule façon d'échouer est d'oublier de reposer son poulain et que celui-ci ait un pépin physique. Le cas échéant, il se déplacera comme une tortue sur le court et sera incapable de remporter le moindre jeu. Pour le coup, la gestion de la forme physique nous a convaincus ! Bref, comptez environ six heures de jeu pour voir le bout des quatre saisons, chacune menant à un tournoi majeur. L'objectif est évidemment de grimper dans la hiérarchie mondiale, ce qui n'est pas chose aisée sur un laps de temps aussi court. En effet, votre place dans le classement est conditionnée aux étoiles amassées ça et là, que ce soit en gagnant des matches, en séduisant toujours plus de fans ou en obtenant des récompenses en fin de saison. Pour exemple, il nous manquait encore une quinzaine de marches à gravir avant de détrôner Rafael Nadal du leadership.
Sur PS3, Virtua Tennis 4 est également jouable au Playstation Move. Une fonctionnalité dont on attendait beaucoup, sans pour autant espérer qu'elle métamorphose notre façon de voir les jeux de tennis. Le constat est plutôt accablant. D'une part, le Playstation Move n'est pas reconnu par les menus du jeu. Forcément, il n'est utilisable qu'en mode "Jeu en mouvement", un sous-mode qui ne donne accès qu'à des matches exhibition et aux différents mini-jeux de Virtua Tennis 4. Eh non, vous ne pourrez pas jouer au Move en mode Tour Mondial... Bref, en plus d'être limité à une utilisation bien ciblée, le gameplay au Playstation Move est tout simplement catastrophique. Imparamétrable, celui-ci nous est imposé dans la configuration suivante : une caméra vomitive et buggée placée à la fois devant et derrière le joueur, des déplacements latéraux gérés automatiquement et des déplacements au filet manuels mais pas trop... En gros, on nous propose un Wii Sports en HD, un peu plus précis et un peu plus varié mais ni fun ni immersif. De toute évidence, le Move n'a pas été au centre des attentions et fait office de gadget bien dispensable...
- Graphismes13/20
L'essentiel est là, à savoir une ambiance sympa et la plupart des détails qu'on aime retrouver sur des courts de tennis. Mais techniquement, le moteur de Virtua Tennis commence à se faire vieux et l'évolution depuis deux ans n'est pas évidente. Les visages sont assez basiques et les animations toujours un peu robotiques.
- Jouabilité11/20
Le gameplay est la plus grande déception de cet opus. Alors que le background (du mode carrière notamment) a été soigné, tout ce qui attrait au jeu en lui-même manque de variété, de remise en question, de fun et d'originalité. Les échanges sont stéréotypés, le style des joueurs pas respecté, l'IA désolante... Bref, seuls les mini-jeux sortent du lot mais achète-t-on un jeu de tennis pour tirer des penalties ou casser des assiettes ?
- Durée de vie13/20
Le mode Tour Mondial se termine une première fois en 6 heures mais y revenir est envisageable si l'objectif de devenir numéro 1 n'a pas été atteint. Les autres modes n'apportent pas grand-chose, si ce n'est le mode Détente et les fameux mini-jeux qui pourront amuser à plusieurs. Notez qu'il est également possible de jouer jusqu'à 4 en ligne.
- Bande son11/20
Les doublages sont toujours aussi mauvais et les musiques dispensables. Mais elles ont au moins le mérite de ne pas pourrir les rencontres.
- Scénario/
Virtua Tennis 4 assume son côté arcade. Un peu trop peut-être. Si ses mini-jeux amuseront, si sa prise en main est immédiate, son gameplay se contente trop de recycler des mécanismes dépassés qui ne séduisent plus personne. Dommage car les risques pris pour rendre le mode carrière attractif ont été en partie payants. Malheureusement, sur le court, Virtua Tennis 4 déçoit et n'a pas le moindre argument pour faire face à la concurrence. Les fans de la série sont tout de même invités à l'essayer, notamment en multijoueur.