Version améliorée d'un premier épisode n'ayant jamais atteint nos vertes contrées, Gods Eater Burst nous propose de sauver l'humanité en chassant de grosses bestioles dans un univers post-apocalyptique. S'inspirant sans complexes de la série Monster Hunter de Capcom, ce clone futuriste parviendra-t-il à s'imposer aux côtés de son illustre modèle ? Pas si sûr.
Avec ses millions d'exemplaires écoulés et les crises d'hystérie collective qu'elle déclenche au Japon à chaque sortie d'un nouvel opus, la série Monster Hunter suscite bien des jalousies. Nombreux sont les développeurs qui ont essayé de trouver la formule magique leur permettant de décrocher eux aussi la timbale mais aucun d'entre eux n'y est aussi bien parvenu à ce jour que Namco Bandaï avec Gods Eater et son million de ventes au pays du Soleil Levant. Jamais édité en Europe, ce jeu de chasse à la sauce science-fiction a rapidement été suivi d'une version 1.5 diffusée cette fois-ci dans le monde entier. Bénéficiant de personnages supplémentaires, de missions inédites et d'un panel d'armes enrichi, cette dernière a de nombreux atouts pour conquérir le public occidental. Mais encore faut-il que celui-ci adhère à son concept de base car comme chacun sait, les Monster Hunter-like ne sont pas toujours les bienvenus à l'ouest. Or, Gods Eater Burst en réunit justement toutes les caractéristiques.
A l'instar de son modèle, Gods Eater Burst nous invite donc à remplir des dizaines de missions en allant terrasser des monstres de plus en plus puissants dans de vastes environnements en 3D. Au fur et à mesure de ses exploits, le joueur ramène des matériaux lui permettant de se fabriquer un équipement toujours plus performant. Il peut ainsi relever progressivement des défis à la difficulté croissante jusqu'à atteindre son but ultime : sauver l'humanité. Il faut dire que le scénario de Gods Eater Burst s'inscrit typiquement dans l'imaginaire apocalyptique japonais. Ici, ce sont d'étranges organismes capables de dévorer toute forme de matière qui menacent notre belle planète bleue. Nommées Aragami en référence aux Dieux de la destruction japonais, ces formes de vie très agressives possèdent en outre la singulière propriété de se manifester sous différentes formes. Lorsque le joueur rejoint l'organisation de résistance humaine Fenrir, la plus grande partie de la population mondiale a été décimée et le monde n'est plus qu'un tas de ruines.
Doté d'un véritable scénario illustré par de nombreux dialogues en anglais et d'un éditeur de personnages assez poussé, Gods Eater Burst n'est pas un jeu de rôle pour autant. En fait, une fois une quête acceptée, l'essentiel de l'action se déroule dans de larges environnements urbains en 3D. Contrairement à ceux de Monster Hunter, ceux-ci ne sont pas divisés en plusieurs zones nécessitant de laborieux temps de chargement. Le revers de la médaille, hélas, c'est qu'ils sont beaucoup plus vides et bien moins agréables à regarder. En plus des monstres à abattre, on n'y trouve guère que quelques points lumineux représentant des ressources à collecter. Pas très sexy, c'est le moins qu'on puisse dire. D'autant que les développeurs ont réussi à concevoir une caméra encore pire que celle que l'on critique depuis des années chez Capcom... Heureusement, un système de lock a été prévu pour ne pas perdre de vue sa cible et les combats proprement dits sont surprenants de dynamisme. Doté d'une arme mutante fixée à son bras (le God Arc), le joueur peut alterner à tout moment entre une lame (épée courte, épée longue, etc.) et un fusil (sniper, fusil d'assaut...). Il peut donc aussi bien enchaîner diverses attaques au corps-à-corps que tirer sur ses adversaires en vidant progressivement une jauge spéciale. Il peut aussi utiliser des pièges, des bombes ou des objets de soin en plein combat. Et ce n'est pas tout, en maintenant le bouton d'attaque puissante, notre God Arc se transforme en gueule de monstre susceptible d'arracher aux créatures que l'on combat de précieuses matières premières tout en faisant entrer notre héros en mode Burst. Dans ce mode limité dans le temps, notre avatar est plus fort, plus agile, sa jauge de tir se recharge et il peut également prêter main forte à ses alliés.
Fondamentalement multijoueur, Gods Eater Burst nous permet d'emmener en mission jusqu'à trois personnages contrôlés par l'I.A. ou par des joueurs en réseau ad hoc (ou Internet via une PS3). Bien que moins stratégiques que ceux de Monster Hunter, les divers affrontements sont nettement plus vivants en raison du rythme des enchaînements, de la versatilité du God Arc, et des exclamations orales des différents protagonistes. Dès lors, on peut supposer que deux types de réactions sont légitimes en essayant Gods Eater Burst sur plusieurs heures : soit on déplore sa simplicité tactique (bien qu'il soit possible de cibler des parties précises des monstres ou d'utiliser divers types d'armes et de munitions) soit on est totalement conquis par la fluidité de l'action. Les amateurs de gestion d'équipement et de création d'objets en revanche, seront tous d'accord pour apprécier à leur juste valeur les mécanismes de craft et d'upgrade largement repompés sur le hit de Capcom. Les différentes armes, pièces d'armure et autres accessoires peuvent être assemblés et améliorés grâce aux nombreuses matières premières que l'on ramène de mission. On peut également créer des munitions dans un éditeur très riche quoique vraiment difficile à appréhender. Ce matériel est doté de nombreuses statistiques et de caractéristiques qui octroient toutes sortes d'avantages ou de handicaps à notre héros. Les collectionneurs tout comme les maniaques de la performance auront donc à coeur de recommencer encore et encore les mêmes missions pour trouver les éléments les plus rares qui leur permettront de se forger un équipement à la hauteur de leurs aspirations.
Assez addictif pour les fans de chasse épique lisant couramment l'anglais, Gods Eater Burst souffre pourtant d'une répétitivité nettement plus accentuée que celle d'un épisode de Monster Hunter. Les missions sont beaucoup moins variées, les options moins nombreuses (pas de ferme, de cuisine, etc.), et l'exploration des environnements est parfaitement ennuyeuse. Les monstres de base et certains boss manquent furieusement de charisme. Bref, une fois le plaisir de la découverte procuré par les premières heures passées sur le soft se dissipe, l'enthousiasme retombe finalement assez vite. Reste que l'univers de jeu, original, et le scénario, captivant, devraient assurer à ce titre par ailleurs très (trop) proche de Monster Hunter dans ses mécanismes de jeu, un certain succès auprès d'un public réduit d'inconditionnels du genre.
- Graphismes13/20
Les décors sont singulièrement vides et certaines créatures manquent de charisme mais les protagonistes de l'histoire comme la plupart des boss sont assez réussis. Globalement, la gestion de la caméra est affreuse. Heureusement, il est possible de locker nos cibles au corps-à-corps.
- Jouabilité15/20
Les affrontements sont plus dynamiques et l'action est plus fluide que dans Monster Hunter. La présence de trois alliés à nos côtés rend également les combats plus vivants. Le système de craft sans surprise est suffisamment complexe pour que l'on ait envie de se surpasser sur les champs de bataille. L'ensemble n'est cependant pas facile à maîtriser et les diverses possibilités offertes par le God Arc demandent un certain doigté.
- Durée de vie14/20
Les missions manquent vraiment de variété et les combats contre les boss ne nécessitent pas de mettre en oeuvre des stratégies aussi poussée que les affrontements épiques que l'on a pu mener contre un Rathalos, un Tigrex ou un Fatalis. Néanmoins, le scénario et l'évolution de notre équipement nous poussent toujours à aller de l'avant.
- Bande son14/20
Les thèmes musicaux ont tendance à tourner en boucle trop régulièrement ; en particulier celui de la base dans laquelle on passe beaucoup de notre temps. Les cris des monstres sont globalement décevants mais les exclamations des personnages en anglais contribuent à l'immersion.
- Scénario13/20
Typiquement japonais dans la forme et sur le fond, le scénario apocalyptique de Gods Eater Burst échappera totalement aux joueurs qui ne maîtrisent pas un minimum l'anglais. Loin d'être dépourvu d'intérêt, il donne un cadre crédible au soft et nous réserve même quelques rebondissements de bon aloi.
Entièrement en anglais et assez répétitif, ce clone de Monster Hunter à la sauce apocalyptique n'en demeure pas moins une alternative crédible au hit de Capcom. Les amateurs du genre apprécieront sans doute son système de combat très vivant et son scénario futuriste original. Les autres considèreront plutôt ce soft exotique comme une curiosité nippone de plus.