A chaque fois qu'un nouveau MMORPG free-to-play pointe le bout de son nez, les joueurs se posent les mêmes questions. Le Cash Shop sera-t-il obligatoire ? Monster bashing ou évolution originale ? Si le résultat nous déçoit souvent, Forsaken World comptait bien se placer au dessus du lot en nous proposant une aventure mémorable. Mais est-ce vraiment le cas ?
L'éditeur Perfect World a depuis longtemps fait du MMORPG free-to-play sa grande spécialité. Cependant, on peut bien dire que le récent Jade Dynasty nous avait laissé sur notre faim, surtout à cause de l'automatisation à outrance de fonctions simples comme les déplacements et même les combats. Bien que Forsaken World ne s'avère pas aussi excessif que le titre précité, on retrouve certains aspects qui ne plairont pas à une partie des joueurs. Par exemple, pour les quêtes il suffira de cliquer sur le nom du NPC dans le journal pour s'y déplacer tout seul, sans avoir à toucher au clavier. Autant dire que si vous n'aimez pas les MMORPG qui vous tiennent par la main une grande partie de l'aventure, vous devriez tout de suite quitter cette page.
Ceci fait, lançons-nous dans la création d'un personnage. Cinq races se proposent à vous : Humains, Elfes, Nains, Stonemen (gros tanks) et Kindred (sortes de démons-vampires). Certaines classes sont exclusives à telle ou telle race et les choix ne sont pas très originaux. Mais le véritable choc se situe sur les modifications de l'aspect visuel de notre avatar. On sait que les free-to-play n'ont jamais été doués pour cela, mais tout de même : quelques coiffures et visages différents et hop, vous voilà avec l'un des nombreux clones que vous rencontrerez in-game. Le classicisme s'impose jusque dans le style général des personnages, qui nous ressert la même soupe sexy-glamour-kawaii à laquelle on goûte déjà depuis plusieurs années. D'ailleurs le design tout entier de Forsaken World est à la même enseigne. Si une certaine classe peut se dégager de quelques monstres/montures/avatars, lemanque total de personnalité du titre n'est pas pour nous attirer. D'autant que d'un point de vue technique, il accuse quelques années de retard, en nous proposant des plaines vides, des textures plutôt moyennes et un cruel manque de détails.
Attention toutefois, ne partez pas ! Si ce test commence par des éléments aussi peu glorieux, c'est parce que sont les premières choses que risque de voir le joueur. Mais au-delà de ça, on ne peut pas dire que Perfect World soit foncièrement mauvais. En effet, pour une fois qu'un MMO free-to-play ne propose pas du monster bashing à outrance comme seul moyen de leveler, on se doit tout de même d'y jeter un oeil. La plupart de vos points d'expérience seront glanés dans des quêtes vous demandant tout un tas de choses, comme de passer des messages ou d'espionner tel ou tel clan. Parfois, il faudra effectuer quelques actions comme par exemple mettre des objets dans un pot d'alchimiste ou encore cuire de la viande grâce à un feu de bois, ce qui change du train-train quotidien. Malheureusement, la plupart du temps, on vous demandera de vous rendre d'un point A à un point B, ce qui ne relève pas d'un grand intérêt dans un titre où les déplacements peuvent être automatisés. Au final, les quêtes classiques se révèlent vite ennuyeuses, mais là n'est pas nécessairement le nerf de la guerre.
Une fois arrivé au level 10, il vous est possible (voir indispensable) de choisir un ou plusieurs jobs en plus de votre classe. On retrouve les éternels botanistes, cuisiniers et alchimistes au début, pour que d'autres jobs se débloquent tous les dix niveaux comme par exemple la création d'armures. Bien sûr, chaque métier évolue de façon indépendante et il faudra souvent veiller à réunir les bons ingrédients (après avoir obtenu la « recette ») pour arriver à vos fins. On retrouve aussi les habituels familiers qu'il faudra nourrir à l'occasion et qui vous aideront du mieux possible lors combat. Tout comme vous, ils possèdent des affinités spécifiques pour un élément dont il faut tenir compte en combat, ainsi que des talents bien pratiques. Nous avons aussi les montures, disponibles à partir du niveau 20. Pas de quoi révolutionner le genre pour autant, mais on ne va pas dire non à ce genre de features. En fait, l'un des rares points originaux que propose Perfect World à ce niveau semble être le système de prière, dépendant de votre signe astrologique, qui vous permet d'obtenir de l'expérience et des bonus plusieurs fois par jour.
Mais malgré tous ces éléments, Forsaken World n'arrive pas vraiment à proposer une expérience nouvelle. En fait, l'un des principaux défauts vient du manque de customisation possible de notre personnage. A chaque niveau, les bonus de caractéristiques sont ajoutés de façon automatique selon votre classe, et vos skills s'achètent toutes via une boutique. Il faut attendre le level 20 pour débloquer les Talents, qui ne serviront qu'à booster vos skills déjà existantes via trois arbres d'évolution différents. Bref, rien ne ressemble plus à un prêtre qu'un autre prêtre et cela vaut pour toutes les classes. Bien entendu, les expériences multijoueurs sont censées apporter une diversification, avec par exemple des donjons en instance ou encore le PvP, dans lequel le système d'orbes des combats (qui permettent de déclencher des pouvoirs spéciaux) prend une tout autre importance. L'autre point intéressant vient sans doute des God's Trials, dans lesquels il faudra défendre des structures face à des hordes de monstres. Certes, dans la pratique, cela ressemble à du monster bashing, mais on peut tout de même noter l'effort.
Au final, notre avis sur Forsaken World restera mitigé. D'un certain côté, c'est un bon MMORPG qui essaie d'être complet et qui nous arrive sans bugs, ce qui s'avère plutôt rare. Son véritable et seul problème, c'est son classicisme exacerbé qui nous donne l'impression d'avoir déjà vu ce jeu 10 fois auparavant. Si vous cherchez de la nouveauté, vous feriez mieux de tourner les talons dès maintenant, si ce n'était pas déjà fait. Les autres pourront peut-être accrocher au système à partir du moment où l'assistanat ne leur cause pas d'urticaire.
- Graphismes11/20
Non seulement les textures sont moyennes, mais le design ne vous marquera pas pour ses partis pris et son originalité.
- Jouabilité12/20
La lenteur générale du titre risque de rebuter de nombreux gamers, mais elle s'adapte aussi à certains joueurs moins habitués au genre. Il en va de même pour l'éternelle assistance qui nous est portée et qui peut s'avérer agaçante.
- Durée de vie13/20
Si les donjons et zones de jeu sont plutôt nombreux, et si l'on a de quoi faire une fois arrivé au niveau maximum, le manque de choix dans la customisation de l'avatar laisse vraiment à désirer. C'est dommage, à force de vouloir trop faciliter les choses, Forsaken World y perd en personnalité. Le Cash Shop n'a pas l'air de trop influer sur le end game, ce qui est une bonne nouvelle.
- Bande son12/20
Une bande-son classique sans véritable coup de maître.
- Scénario6/20
Encore une fois, il ne faut pas espérer grand-chose de ce côté-là. Vous pouvez toujours lire les lignes et les lignes de texte qui comblent les pages de votre journal de temps en temps, mais franchement, ce n'est pas plus intéressant que la liste des courses de votre grand-mère.
Le seul véritable point fort de Forsaken World se situe dans sa finition. Les bugs sont plutôt rares et on sent que le titre est bien avancé dans sa réalisation, loin des semblants de bêta qui débarquent souvent sur la toile. Malheureusement, la plupart des éléments du titre sont connus depuis longtemps dans le genre, tout en étant couplés à un système de combat légèrement rébarbatif, un adjectif également approprié aux quêtes. Maintenant, les joueurs les plus patients pourront peut-être y trouver leur bonheur, alors essayez tout de même au cas où.