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Inca
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Test Inca
Profil de Eredan,  Jeuxvideo.com
Eredan - Journaliste jeuxvideo.com

Relativement boudées par le milieu vidéoludique, les civilisations précolombiennes et sud-américaines ont pourtant de quoi faire rêver les héros en mal d'aventures que nous sommes. Heureusement, Coktel Vision, célèbre pour ses jeux d'aventure, pense à nous. Voilà qu'en cette belle année 1992, un mélange original de science-fiction, d'énigmes et de flûte de pan débarque sur nos machines pour un résultat aussi atypique que sympathique. Enfilez donc votre poncho, armez-vous de votre pistolaser et partons ensemble à la découverte de la renaissance d'El Dorado, votre renaissance.

Inca

Car il s'agit bien là du surprenant speech de base. A l'orée de l'an 3000 et après de longs siècles de sommeil, vous voilà réveillés par votre mentor, l'Apu Huayna Capac, qui remet entre vos mains la destinée du peuple Inca massacré par les conquistadors près de 1500 ans auparavant. Pour cela, il faudra acquérir les trois sources du Pouvoir (le temps, la matière et l'énergie), clés de l'Âge d'Or promis, qui furent jadis dissimulés dans l'espace-temps. Evidemment, cette lourde tâche qui vous incombe ne sera pas aussi simple qu'une traversée à la barque du lac Titicaca. En effet, votre réveil a également provoqué celui de votre Némésis, le machiavélique et capuchonné espagnol Aguirre, dont les intentions perfides sont nettement moins louables que les vôtres. Une course contre la montre est donc lancée, mais fort heureusement, si votre adversaire dispose d'une force de frappe toute aussi digne d'un Francisco Pizarro d'outre-espace, vous ne serez pas pour autant désarmé face aux dangers qui vous guettent lors des différentes phases de jeu à venir. Différentes, car sans effleurer l'idée de faire un mauvais jeu de mot, Coktel Vision propose avec Inca un véritable panaché de gameplays, sur un spectre s'étalant du film interactif à l'action-réflexion, le tout mâtiné de nombreux combats spatiaux à bord de votre Tumi, vaisseau propulsé à l'énergie solaire.

Inca
Le Tumi, votre fidèle destrier spatial.
Film interactif tout d'abord car n'y allons pas par quatre chemins : Inca est beau, très beau même pour l'époque. Le rendu de la profondeur, mais surtout celui de la vitesse sont plus que convaincants, et ce malgré un frame rate qui tend parfois à être un peu à la ramasse. Les textures sont fines et le design général, unique en sont genre, ne trahit nullement les civilisations dont les développeurs se sont inspirés même si le kitch n'est jamais bien loin. Quelques séquences vidéo interprétées par de véritables acteurs, phénomène à la mode en ce début des années 90, s'invitent également à la fête pour renforcer un peu plus le rendu du long métrage vidéoludique. Le titre profite en sus de voix entièrement digitalisées (et en VO andine s'il vous plaît !). Le tout étant orchestré par des compositions de bonne facture, même si l'on peut être relativement déstabilisé par la transition d'un morceau d'ocarina à un autre qui frôle le pop rock...

Inca
Il n'y a pas comme un air de déjà-vu ici ?
Néanmoins, cette beauté graphique et l'identité artistique unique du jeu restent desservies par une linéarité préjudiciable où, à l'inverse d'un titre comme Dune sorti la même année, le joueur se sent régulièrement enfermé dans le rôle du spectateur et non de l'acteur. La donne change quelque peu avec les phases dans l'espace, qui se découpent en trois parties. La première consiste à naviguer vers un objectif en évitant/détruisant les astéroïdes qui vous bloquent la voie. La deuxième vous confronte à plusieurs vagues de chasseurs espagnols dont vous devrez vous défaire pour espérer continuer votre aventure. Enfin, la dernière vous plonge dans une course-poursuite au cœur d'une tranchée, rappelant « étrangement » une scène culte d'un film se déroulant il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, voire très lointaine… Ces pérégrinations spatiales ne brillent cependant pas par leur maniabilité, qui donne dans un registre assez laborieux. Votre vaisseau tout d'or revêtu semble en effet avoir beaucoup de mal à courber sa trajectoire sans piquer directement à 90° et il vous faudra jouer savamment avec le levier de vitesse pour ne pas avoir de malheureuses surprises. De même, la longueur soporifique des nombreux assauts conquistadors ne sert pas les intérêts de cette maniabilité quelque peu insatisfaisante. A noter que durant les phases de tranchées vous n'aurez pas à vous soucier des contrôles. Seuls les gaz et l'armement seront disponibles pour parvenir au but avant vos poursuivants.

Inca
Philippe ! Je sais où tu t'caches !
Une fois cette étape terminée, le jeu bascule dans un mélange variant entre le point & click et l'aventure teintée de shoot. Dans des environnements en 3D à découvrir à la première personne, faisant assez penser à Legend of Valour ou encore Underworld, des conquistadors embusqués mais pas très malins tenteront de vous barrer le passage. Il faudra une fois encore éradiquer au laser l'ensemble de ces petites légions de barbus pour accéder à la suite de l'aventure, en sachant que ces derniers peuvent fuir vers des pièces explorées auparavant si vous parvenez à désintégrer leurs compagnons un peu trop vite… et qu'il faudra alors faire demi-tour pour les traquer et les punir comme il se doit pour tant de fourberie. Ces phases de combats apportent un dynamisme appréciable même si la lassitude finit fatalement par se montrer après plusieurs minutes de cache-cache intersidéral. Elles contrebalancent pourtant le calme des pièces où se trouvent les quelques énigmes qui ponctuent votre quête. Sans être insurmontables, leur difficulté croît tout au long du jeu, en jonglant avec des mécanismes assez retords qui solliciteront à maintes reprises votre logique visuelle et auditive. Dans la veine d'un Myst, il vous faudra trouver les bonnes combinaisons d'objets et de clics pour venir à bout des mécanismes gardiens des pierres de pouvoir. Chacun de ces casse-têtes illustre d'ailleurs une partie de la mythologie et de la culture Inca, mais n'espérez pas devenir incollable sur le sujet une fois le générique de fin achevé. Un mini-dictionnaire propose tout de même plusieurs définitions pour satisfaire votre soif intarissable de connaissances.

Dommage qu'Inca laisse un sentiment de jeu « à tableaux », où chaque séquence semble être collée à la suite de la précédente sans réel fil directeur, vu que la narration du scénario est quasiment inexistante. De plus, sa faible durée de vie ne rattrape pas le tir et la rejouabilité pour un titre de ce genre est quasi-nulle. Reste que parcourir l'espace au gré de la culture andine se montre particulièrement agréable, si tant est que l'on ne soit pas trop regardant sur un gameplay qui aurait pu se montrer plus évolué à défaut d'innovant.

Les notes
  • Graphismes18/20

    Visuellement, Inca est de toute beauté, avec des environnements soignés (mention spéciale pour la caravelle de l'espace d'Aguirre) à défaut d'être très variés. Les vrais acteurs permettent de proposer une alternative sympathique à des animations 3D assez bien réussies et l'ambiance artistique, absolument unique, octroie une identification visuelle immédiate aux racines précolombiennes ayant inspiré les développeurs. On pardonnera quelque choix douteux en matière de couleur et certains passages un peu trop « inspirés » de classiques du space opéra.

  • Jouabilité14/20

    Avec une prise en main immédiate et ses énigmes faciles, Inca est un titre accessible à tous, si tant est que l'on ne s'attarde pas trop sur les lacunes de son gameplay dans l'espace. La maniabilité à la souris demeure intuitive, mais mal calibrée, à tel point que les phases d'assaut spatial peuvent s'avérer véritablement interminables et frustrantes pour le joueur. Pour le reste, il n'y a pas de quoi couper trois ailes à un condor. C'est classique et la difficulté globale du titre ne vous poussera pas à maudire le Soleil pour son ingratitude.

  • Durée de vie10/20

    Une petite douzaine de niveaux, à la difficulté variable mais qui ne vous tiendront pas pour autant en haleine durant des siècles. En digne héritier de la sagesse Inca, vous prendrez un malin plaisir à faire payer le prix fort aux descendants des assassins de votre peuple à l'aide de votre technologie ancestrale. Mais la bérézina que vous leur infligerez prendra rapidement fin, malgré les (trop) nombreux et incessants assauts que les « spacequistadors » vous infligeront à bord de leurs chasseurs flamboyants.

  • Bande son17/20

    Si l'ensemble n'est pas sans rappeler les spots publicitaires pour diverses marques de café, le tout reste parfaitement cohérent et en harmonie avec le propos porté par le jeu même si le compositeur s'est quelque peu laissé emporté par l'émotion sur un ou deux morceaux un peu trop funky. Les bruitages et les voix sont par contre d'excellente facture et confèrent à l'aventure un rythme vraiment vivant.

  • Scénario14/20

    Même si le propos assez banal ne tient que sur deux ficelles de quipu, c'est véritablement son atmosphère unique et son cadre scénaristique original qui confèrent à Inca une fraicheur qui commençait déjà à manquer à l'époque dans les jeux d'aventure. En dehors de ça, tous les poncifs du genre sont là, du méchant énigmatique et profondément diabolique aux courses poursuites effrénées pour sauver la précieuse relique de ses perfides desseins.

Avec des si on mettrait Paris en bouteille, mais si Inca avait su proposer un gameplay digne de ses graphismes, il aurait sans doute compté comme l'un des plus grands titres des années 90. Au lieu de ça, le jeu des frenchies de Coktel Vision laisse un petit goût amer d'inachevé, véritable réussite graphique, mais ternie par un gameplay mou et peu inspiré, voire parfois carrément frustrant. Dommage que le contenant ne soit finalement pas à la hauteur d'un emballage aussi brillant que les murs du temple d'Inti. Mais pour les fils du Soleil qui sauront excuser ces maladresses de maniabilité, Inca proposera tout de même une aventure véritablement originale. Même si la longueur et le challenge ne répondent pas franchement présent, il y a là de quoi s'occuper pour quelques heures au rythme de la flûte de pan et des tambours des Andes, avant de proposer de nouveau à El Dorado de nombreuses années de sommeil bien mérité.

Note de la rédaction

14
15.3

L'avis des lecteurs (3)

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