Experts en matière de jeux tactiques en pleine Seconde Guerre mondiale, les petits gars de Best Way ont fait une nouvelle fois parler leur talent afin de nous livrer une extension stand-alone aussi percutante qu'un tir direct de mortier. Axé vers le multijoueur, aussi bien coopératif que compétitif, ce nouveau titre risque en effet de vous maintenir collé à votre PC pendant un bon bout de temps.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, prenons quelques secondes pour indiquer aux néophytes ce qu'il convient d'attendre d'un Men of War. Le soft prône une approche tactique de la stratégie en temps réel. Ici, il n'y a pas de base à construire ni de ressources à récolter, juste des hommes à gérer. Et il faut avouer que c'est déjà bien suffisant, car il y a fort à faire pour maintenir ces derniers en vie. D'où cet avertissement préalable : réfractaires à la micro-gestion, abstenez-vous purement et simplement de poser vos yeux sur le jeu. Pour apprécier Men of War, il faut aimer s'occuper finement de chaque unité. Certaines actions peuvent bien être réalisées de façon automatique (les soins par exemple), mais globalement c'est à vous, joueur, de prendre vos petits soldats par la main pour les mener à la victoire face à une IA particulièrement retorse.
Une fois dans la bataille, la première chose à faire est d'apprendre à se déplacer correctement, c'est-à-dire en planqué. Men of War dispose en effet d'un système de couverture très complet, puisque chaque obstacle ou presque peut servir de rempart, qu'il s'agisse d'un simple tronc d'arbre ou d'une carcasse de voiture. Attention toutefois, l'environnement est entièrement destructible. Le jeu consiste donc à se mouvoir d'un abri de fortune à l'autre pour parvenir à contourner l'adversaire. Comme souvent dans le genre, les soldats ont le choix entre trois postures : debout, agenouillé ou couché. Ces choix sont accessibles via une interface complète et plutôt bien fichue, à l'exception de quelques options bizarrement reléguées dans des sous-menus. Notez toutefois que la fonction de contrôle direct fait son grand retour et vous autorisera à diriger en personne les mouvements et tirs d'une unité, ce qui est parfois très utile.
Un autre point important du gameplay de Men of War est la gestion des munitions. Chaque balle est comptabilisée, il faut donc veiller à se réapprovisionner de temps en temps. Pour cela, il n'y a pas de secret, la meilleure solution est encore de piller les cadavres. L'interface fait là quelques emprunts au hack'n slash, avec des touches permettant d'afficher en surbrillance les corps et les objets tombés au sol, et un inventaire découpé en cases pour ranger les armes. Best Way fait tout de même quelques concessions au réalisme dans ce domaine, puisqu'il est tout à fait possible qu'un troufion se trimballe un fusil, deux mitrailleuses et dix grenades sans broncher. Surtout, les munitions sont compatibles d'une armée à l'autre : si vous manquez de balles pour vos mitraillettes soviétiques, celles des Allemands feront parfaitement l'affaire. Un choix compréhensible mais qui fera grincer quelques dents chez les "simulationnistes" les plus pointilleux...
Bref, l'essentiel, c'est que vous ayez compris le principe, alors abordons maintenant ce que propose vraiment Assault Squad. Car si comme nous l'avons vu, le stand-alone conserve dans une très large mesure le gameplay du jeu de base, le bougre se tourne plus résolument que jamais vers le multijoueur. Pour illustrer ce tournant, sachez que le jeu ne propose pas de campagne solo à proprement parler. A la place, on découvre une quinzaine de missions distinctes à travers lesquelles on prendra successivement le commandement des troupes soviétiques, allemandes, américaines, britanniques et maintenant japonaises. Ne vous attendez donc pas à un quelconque scénario ou à des missions calquées sur des batailles historiques. Non ici, sur chaque carte, on jouera en mode Escarmouche et votre objectif ne consistera en fait qu'à capturer puis conserver tous les points de contrôle présents sur le terrain. Ces derniers sont matérialisés à l'écran par de jolis drapeaux, généralement entourés de tranchées, de sacs de sable et autres nids de mitrailleuse. Et capturer ces points fera non seulement du bien à votre self-esteem, mais vous permettra surtout d'empocher des "points de ressources" utilisables pour acheter de nouvelles unités et pousser plus avant le combat.
En somme, la formule est classique mais reste extrêmement plaisante en solo, du fait de la qualité de l'IA adverse, de l'excellence du gameplay et du design des maps. Mais comme nous le disions plus haut, Assault Squad montre vraiment tout son intérêt lorsqu'on invite jusqu'à 7 autres généraux à coopérer pour vaincre ladite IA sur les 15 maps concernées. Si de tels matches constituent l'attraction principale du jeu, on regrette simplement que lorsqu'on se retrouve à plusieurs dans le même camp, on ne commande souvent qu'une poignée de troufions. On cherchera donc surtout à jouer avec deux ou trois potes plutôt qu'avec des inconnus tout en définissant bien les conditions de la partie en amont. Cela dit, si la coop n'est pas votre tasse de thé, sachez que lesdites cartes pourront également être martyrisées au cours de parties en Versus dans les modes traditionnels de la série, le tout étant de surcroît associé à l'habituel éditeur de cartes ultra complet.
Et si on nage déjà en plein bonheur, Best Way s'est également évertué à rajouter quelques petits trucs supplémentaires, histoire de rendre son bébé encore plus riche. Citons pêle-mêle la possibilité "d'acheter" des unités spéciales dans chaque camp, une balistique encore mieux gérée, de nouveaux types de munitions pour les tanks et l'adjonction de "pouvoirs" à usage ponctuel comme un tir de barrage issu des navires présents hors de la carte ou la possibilité pour les Soviétiques de faire débouler une tripotée de troufions sortis de nulle part. On pense également à l'arrivée de héros capables d'octroyer des bonus de moral ou de booster la puissance des troufions placés à proximité. Il s'agit toutefois là d'un ajout qu'on appréciera diversement. Enfin, Men of War a tout de même profité d'un méchant lifting graphique. Sans être exceptionnel, le jeu se montre donc assez joli et affiche une bonne quantité de détails, aussi bien au niveau des animations que du décor, avec une végétation fournie qui subit glorieusement tous les outrages de la guerre. Hélas, Assault Squad semble tout de même souffrir de quelques soucis d'optimisation. Nous avons ainsi eu droit à quelques grosses saccades occasionnelles sur notre machine de test : Win XP. Mais apparemment, les PC plus musclés ne semblent pas forcément mieux lotis. Dans le même registre, sachez que les parties multi ont un peu tendance à lager, au point d'être parfois injouables. Ce cas reste toutefois assez rare, heureusement.
Quoi qu'il en soit, on se retrouve ainsi avec un titre qui, en dépit de quelques entorses au réalisme et un manque flagrant d'originalité, se veut tout de même très cohérent, très dynamique et véritablement passionnant. Ainsi, si vous êtes du genre à adorer placer vos tanks au millimètre, à gérer le moindre mouvement de vos troufions et calculer une progression sur la longueur, alors vous en serez pour quelques dizaines de très bonnes heures de jeu, d'autant que le titre est vendu à un prix raisonnable. Il ne s'agit certainement pas d'une révolution, le jeu se contenant d'affiner et d'enrichir ses mécaniques, mais le résultat final sera sans doute capable de satisfaire les fans comme les nouveaux venus conscients de ce qui les attend. En effet, ces derniers s'apercevront très vite que le soft ne leur fera pas de cadeau, s'amusant souvent à transformer une percée héroïque dans les lignes adverses en une magistrale branlée grâce à une violente contre-offensive. En tout cas, nous, on aime.
- Graphismes15/20
Le moteur de Men of War a subi un sérieux lifting et affiche des décors destructibles aussi fins que variés. Toutes les unités (troufions ou véhicules) ont été modélisées avec un souci du détail qui force le respect et toutes profitent d'animations de qualité. Hélas, tout cela se paie cash, y compris sur des machines correctes. L'optimisation n'étant pas idéale, le jeu aura même tendance à ramer sur des configs plus musclées que celle du PC de test : Intel Core 2 2,8 Ghz, une GeForce GTX 285 et 3 Go de ram. En effet, le bousin est certes fort joli, mais il est également très gourmand.
- Jouabilité16/20
Men of War à son meilleur, avec une IA redoutable (malgré quelques ratés occasionnels), des possibilités tactiques très nombreuses et des combats spectaculaires. Les ajouts et petites modifications de gameplay (l'introduction de certaines unités, de certains "pouvoirs", des "héros" et la balistique revue et corrigée) ne seront sans doute perçus que par les inconditionnels, mais rendent le jeu plus cohérent et passionnant que jamais. Dommage que les soucis d'optimisation évoqués plus haut viennent un peu ternir ce tableau autrement très convaincant.
- Durée de vie15/20
Même si Assault Squad n'introduit qu'un mode Escarmouche (synonyme de capture de points de contrôle), les 15 cartes proposées et les multiples manières dont on pourra les aborder permettent à ce stand-alone de bénéficier d'une bonne durée de vie. En solitaire, en coop ou en Versus, le jeu reste toujours passionnant, même si le lag en multijoueur pourra décourager les plus exigeants. Notez enfin que comme le jeu de base, le soft est fourni avec un redoutable éditeur de cartes, complet et bien fichu. Bref, si vous adhérez à ces batailles en pleine Seconde Guerre mondiale, vous aurez vraiment de quoi faire.
- Bande son14/20
Si les musiques guerrières s'avèrent somme toute assez génériques, les bruitages et les voix (en anglais uniquement) sont de très bonne facture. Mention particulière pour le son des obus qui déchirent l'air avant d'aller éparpiller les troupes lors d'explosions fort satisfaisantes.
- Scénario/
Une très bonne pioche que cet Assault Squad, surtout que le bougre ne nécessite pas le jeu de base pour fonctionner et a le bon goût d'être vendu à un prix raisonnable. On y trouve en effet le meilleur de la formule Men of War avec des combats très tactiques face à une IA particulièrement impitoyable, le tout sublimé par une réalisation des plus solides. Seul, en coop ou en multi compétitif, le bébé des experts de Best Way brille de mille feux et se révèle tout bonnement passionnant. Seuls quelques soucis d'optimisation et un manque volontaire d'originalité empêchent le titre de décrocher une note supérieure, mais nul doute que ceux qui pourront faire tourner la bête dans de bonnes conditions passeront des nuits entières à batailler à nouveau sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale.