Alors que GG Aleste avait déjà assouvi nos désirs les plus inavoués de carnage et de destruction sur Game Gear, le studio Compile a jugé bon de remettre le couvert en nous concoctant une suite : Power Strike II (GG Aleste II au Japon). Après un excellent premier volet qui avait suscité chez nous les critiques les plus dithyrambiques, nous voilà à présent bien embêtés. Pardon ? Vous voulez savoir si le jeu est décevant ? Bien sûr que non, soyez sérieux un instant ! En réalité, il va même jusqu’à supplanter son prédécesseur sur tous les plans, quitte à le reléguer au rang d’ébauche ou de démo peu inspirée. Mais le problème, c’est en fait que nous avons épuisé notre stock de superlatifs en tout genre ! Il va dès lors s’avérer bien difficile de trouver les mots pour décrire cette véritable incarnation de la perfection dans le domaine du shoot'em up.
En fait, Power Strike II, c'est GG Aleste puissance dix. Voilà une première affirmation qui a le mérite d'être claire et à partir de laquelle nous pouvons tirer deux enseignements. Premièrement, ne vous attendez pas à un relifting complet du système de jeu, ce dernier étant en fait une copie conforme du dernier épisode. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, sachez qu'il s'agit d'un shoot'em up à scrolling vertical qui fait la part belle aux réflexes et qui se base sur l'évolution progressive de l'armement. Les ennemis étant de plus en plus nombreux et puissants, il faudra ainsi ajuster constamment votre puissance de tir pour avoir une chance de les envoyer en enfer. Deuxièmement, ce Power Strike II humilie complètement son prédécesseur sur le plan technique. Les graphismes sont plus beaux, les musiques sont plus inspirées et, surtout, l'action est plus endiablée, intense et soutenue que jamais. La Game Gear donne absolument tout ce qu'elle a et parvient constamment à nous surprendre.
Ainsi, les six niveaux proposés sont extrêmement longs et se déroulent chacun dans un environnement particulier. Espace intersidéral, jungle luxuriante et désert aride seront entre autres le théâtre de vos petites escapades meurtrières. Certains passages et adversaires semblent également tout droit sortis de MUSHA, l'épisode de Aleste développé exclusivement pour la Megadrive. On retrouvera ainsi ces étranges vaisseaux en forme de visage humain qui se défigureront au fur et à mesure de vos assauts, ce qui, avouons-le, est assez déstabilisant et fait naître chez le joueur un certain sentiment de malaise. Mais c'est tout de même le boss du quatrième niveau qui se chargera (si ce n'est déjà fait) de vous transporter sur les cimes du plaisir visuel. Ce dernier est de forme sphérique et les débris qui gravitent autour de lui donnent vraiment l'impression d'être en 3D. Bon d'accord, c'est seulement un trompe-l'œil, mais n'empêche qu'on aura rarement vu une telle réussite sur consoles 8 bits.
Dans un premier temps peu puissant et doté d'une cadence mollassonne, votre tir principal évoluera par l'acquisition d'items appropriés. Petite nouveauté par rapport au précédent volet : une fois que cette arme atteint sa puissance maximale, il est possible de continuer à amasser des power-up de façon à améliorer le blindage de votre appareil. Cela se traduira, visuellement parlant, par un sprite légèrement différent et vous pourrez essuyer plusieurs assauts avant de mourir. Les armes secondaires font bien évidemment leur retour et sont au nombre de quatre (contre six dans GG Aleste). Vous trouverez ainsi un bouclier, des missiles à tête chercheuse, du napalm dévastateur et des lasers au large champ d'attaque. Pour les obtenir, vous devrez ramasser les sphères correspondantes et il est également possible d'augmenter leur niveau de puissance.
Mais malgré cet arsenal pour le moins dévastateur, la progression sera globalement plus ardue que dans GG Aleste. Même si votre armement ne retombe pas à zéro quand vous mourez (mais baisse seulement d'un cran), vous ne débutez le jeu qu'avec trois petites vies. A moins d'être équipé d'un bouclier, le moindre contact avec les troupes ennemies se soldera par une mort instantanée. Autant dire qu'il faut souvent utiliser un nouveau crédit et reprendre le niveau depuis le début, avec cette fois-ci un armement vierge. Heureusement, pour pallier cette sensibilité légèrement plus élevée, les concepteurs ont rajouté la possibilité d'utiliser des smart bombs, lesquelles annihileront instantanément toute forme de vie hostile de l'écran. Etant donné que vous en récupérez une à chaque perte de vie, il est fortement conseillé de les utiliser. Une autre petite astuce consiste à utiliser les quelques secondes d'invincibilité conférées par l'obtention des items spéciaux. Ainsi, il est possible, avec un peu de maîtrise et d'entraînement, de se tirer indemne de situations à première vue désespérées.
Finalement, Power Strike II se distingue de son prédécesseur lors de ses stages bonus, ces derniers proposant cette fois-ci une phase de gamepaly unique. A la manière d'un After Burner, la caméra ira se placer derrière votre zinc et l'objectif sera d'abattre les ennemis qui apparaissent au fond de l'écran et foncent dans votre direction. Il faudra les prendre en lock grâce à votre viseur et ensuite appuyer sur la touche de tir pour envoyer des missiles autoguidés. Etant donné qu'il est impossible de se faire blesser, ces passages seront uniquement là pour augmenter votre score et ainsi, le cas échéant, gagner une vie ou deux. Mais attention, hors de question de marteler le bouton « comme un sauvage ». Chaque missile qui ne fait pas mouche réduira un peu plus votre score à la fin du niveau. Eh oui, le gaspillage a un prix ! Même si ces phases ne sont pas les plus réussies du jeu, cela ne doit pas nous faire oublier que Power Strike II est un titre de grande classe qui réconciliera néophytes et habitués grâce au fun qu'il prodiguera de façon inconditionnelle.
- Graphismes18/20
Nous n’allons pas y aller par quatre chemins : Power Strike II exploite à merveille les capacités de la Game Gear et s’impose comme un des plus beaux jeux de la ludothèque de cette machine. Outre la taille impressionnante de certains sprites, la diversité des ennemis rencontrés ou les très réussis effets de profondeur et de 3D, c’est surtout la fluidité indéfectible de l’action qui impressionne. Devant ce déluge ininterrompu d’ennemis et de boulettes, on en vient parfois à se demander si la console ne risque pas de prendre feu ! Mais non, elle est toujours là, fidèle au poste, forte et vaillante. Bien joué ma petite.
- Jouabilité18/20
Ne demandant aucune phase d’apprentissage et misant tout sur la simplicité, le shoot de Compile ravive chez nous les instincts les plus primaires de plaisir immédiat. Le vaisseau se déplace de façon instinctive, les différentes armes permettent de varier les plaisirs et, surtout, l’action intense et interrompue ne laissera aucune place à l’ennui ou à la lassitude. Le gameplay étant d’une précision maladive et les ennemis se mouvant de façon très limpide à l’écran, vous ne pourrez en vouloir à personne d’autre qu’à vous-même en cas d’échec.
- Durée de vie15/20
Comme pour tout représentant de la série des Aleste qui se respecte, les niveaux sont extrêmement longs et semés d’embûches en tout genre. Les avant-boss vont et viennent régulièrement et ces affrontements peuvent facilement s’éterniser, en particulier si vous ne disposez pas d’un arsenal suffisamment puissant. Le jeu étant sensiblement plus dur que son illustre prédécesseur, attendez-vous à devoir le recommencer plusieurs fois avant d’en voir le bout. Le niveau de difficulté est ajustable en option (tout comme la vitesse de déplacement du vaisseau d’ailleurs) mais de toute manière, la dose de fun procurée par ce jeu peut rapidement devenir une drogue. Pensez d’ores et déjà à réserver une place chez les « gameroliques anonymes ».
- Bande son17/20
C’est tout de même incroyable de voir ce dont est capable un processeur sonore aussi limité que celui de la Game Gear. Derrière ces petits bips-bips intempestifs se cache un potentiel en réalité pratiquement illimité. Pour l’exploiter, il faudra toutefois faire preuve d’une grande dose de talent en prenant la peine de composer des mélodies accrocheuses qui se retiennent facilement. C’est un pari gagné haut la main par Power Strike II qui, rien que pour sa qualité sonore et la présence d’un sound test, mérite que l’on s’y intéresse. Les bruitages sont quant à eux simples et en parfaite adéquation avec la violence des massacres qui se déroulent à l’écran.
- Scénario/
Si un maigre scénario (ou plutôt « prétexte ») est bien existant, les développeurs n’ont de toute évidence pas jugé bon de l’évoquer au sein même du jeu. Et puis de toute façon, nous sommes là pour rosser de l’alien, pas pour bavasser !
Digne successeur de GG Aleste, Power Strike II réussit l’exploit de supplanter son mythique prédécesseur sur absolument tous les plans. Les mots semblent bien futiles pour décrire le niveau de qualité imposé par ce shoot'em up rapide, nerveux et misant tout sur le plaisir immédiat. Afin d’éviter de nous perdre dans d’improbables envolées lyriques, optons pour la sobriété et la concision : Power Strike II est le meilleur shoot'em up disponible sur consoles portables 8 bits et nous rappelle constamment que le fun n’est pas dépendant de graphismes haute définition et de processeurs surpuissants. Voilà, comme ça c’est dit.