Faisant suite à ses illustres aînés, Ar Tonelico Qoga : Knell of Ar Ciel joue ici la carte de la sécurité. Reprenant tout ce qui a fait le charme de la saga depuis ses débuts, cet opus n'en oublie pas pour autant d'apporter un peu de sang neuf et une bonne louchée de fan service bien lourdingue. Toutefois, en dehors de cet aspect qu'on appréciera ou non, reste un jeu n'arrivant jamais vraiment à décoller, la faute à un scénario tellement peu ambitieux qu'il semblerait presque parodique. Et concernant le reste ? Eh bien, c'est justement le sujet des lignes qui suivent.
Dans la grande famille des RPG à l'ancienne, le dernier Ar Tonelico se pose comme un représentant de taille. En effet, tout, absolument tout dans ce titre, suinte un lointain passé. Il n'est pour autant pas question ici de pointer du doigt cette façon de voir les choses d'autant que Disgaea a montré qu'on pouvait garder un style rétro tout en faisant évoluer une saga. Malheureusement, ce n'est pas le cas de ce Ar Tonelico Qoga : Knell of Ar Ciel et ce malgré les quelques ajouts apportés par cet opus. Tout d'abord, il est très difficile de ne pas faire grise mine devant le scénario aussi plat et inintéressant que l'influence du bernique sur le produit intérieur brut du Paraguay. Passe encore que le jeu s'offre une entrée en matière monstrueusement ringarde (le jeune garçon qu'on extirpe du lit... Au secours !) mais passée l'introduction, le tout suit une pente descendante en nous balançant en pâture une jeune damoiselle transformiste, une compère maladroite et toute une ribambelle de personnages monstrueusement stéréotypés. Bref, d'un point de vue scénaristique, c'est le calme plat tant l'histoire progresse lentement. Du coup, Gust s'est senti obligé de saupoudrer son bébé de fan service de bas étage et d'allusions graveleuses. Dommage que le tout ne soit pas drôle pour un sou et qu'il desserve encore plus une histoire qui n'avait vraiment pas besoin de ça.
Cependant, cet aspect-là du jeu découle plus ou moins directement des relations que vous entretiendrez avec les membres féminins de votre groupe. Comme à l'accoutumée, vous aurez toujours la possibilité d'aller converser avec ces dames, de leur offrir des cadeaux, de leur demander de se déshabiller (sigh) pour avoir des pouvoirs plus puissants ou de pénétrer dans leurs esprits pour approfondir les liens d'amitié mais aussi débloquer de nouvelles invocations autrement appelées Hyumas. A ce sujet, signalons que ces deux éléments sont liés puisqu'en parlant avec une mistinguette, vous débloquerez de nouveaux sujets de conversation qui vous permettront de plonger plus profondément dans l'esprit de la gente dame. Une fois ceci fait, il vous restera alors à choisir parmi quatre Hyumas pour les utiliser rapidement en plein combat. Ces derniers se montrent d'ailleurs un peu plus dynamiques que par le passé mais ne parviennent pas vraiment à supplanter leurs aînés. On devra ainsi faire avec une caméra maladroitement placée et un système un peu bringuebalant. En effet, on regrettera assez rapidement d'être aussi dépendant des Reyvateils, les magiciennes de ce Ar Tonelico.
En somme, si vous pourrez bien entendu frapper vos adversaires, il faudra néanmoins faire attention à vos camarades contrôlés par l'IA (le fait de pouvoir changer de leader étant toujours possible) et plus particulièrement la magicienne qui poussera la chansonnette durant les combats histoire d'augmenter une jauge de Burst. Ainsi, en frappant lorsque les notes seront aiguës, vos coups seront plus puissants. En outre, si vos attaques portent, le niveau d'exaltation de l'héroïne, symbolisé par un coeur, grossira, ceci lui octroyant ensuite le droit de balancer une invocation. Enfin, au bout de trois invocations (Purges) et d'une jauge de Burst à 30000% (un peu abusé mais bon), vous pourrez lancer un Ultra Supermove afin d'inonder l'écran d'effets spéciaux et accessoirement éliminer plus rapidement votre ennemi. Vous aurez donc compris qu'il conviendra de veiller sur la Reyvateil indispensable à plus d'un titre, le cercle magique dans lequel elle se trouve remontant également votre niveau de HP. Les ennemis pouvant évoluer librement sur la surface de combat, ils ne se feront donc pas prier pour aller frapper la miss. Vos camarades de jeu n'étant pas très promptes à la protéger, vous devrez donc vous mettre entre la magicienne et l'ennemi et effectuer un Blowback pour l'éjecter du cercle magique. Au final, si la volonté affichée de rendre plus vivants les affrontements est bien présente, elle ne parviendra pas à rendre les rixes plus passionnantes pour autant, l'ensemble étant parfois confus et peu lisible. A côté de ça, la progression se perd dans des dialogues fleuves (en anglais) sans grand intérêt et des pérégrinations laborieuses. Avouez qu'on a déjà connu mieux en matière de RPG sur PS3...
- Graphismes7/20
Graphiquement, Ar Tonelico a quelques années de retard. Il est d'ailleurs regrettable que les développeurs n'aient pas gardé le style rétro de la série. Au lieu de ça, ils ont opté pour des choix peu judicieux synonymes de personnages en 3D extrêmement laids et s'intégrant très mal dans les décors par ailleurs peu inspirés.
- Jouabilité13/20
Si on retrouve l'ensemble des éléments de la saga, dont le côté drague et la popote alchimique permettant toujours de concevoir objets, armes et armures, on notera un système de combat légèrement modifié. Autant dire que sur ce point, c'est moyennement réussi, la combinaison magie/coups étant assez lourde sans parler de la caméra loin d'être optimale.
- Durée de vie14/20
Trois niveaux de difficulté étant à disposition, il ne tiendra qu'à vous d'opter pour celui vous correspondant le mieux. En Normal, la progression est agréable d'autant que la fréquence des combats reste bien équilibrée.
- Bande son13/20
Le choix salvateur entre voix anglaises ou japonaises évitera de grincer des dents surtout que les voix nippones sont largement meilleures que leurs homologues américaines. Les musiques, bien qu'éclectiques, n'ont malheureusement rien d'extraordinaire, les thèmes « rose bonbon » succédant aux compositions plus tragiques. On aurait aimé un peu plus de finesse et une bande-son moins tranchée.
- Scénario9/20
A ce niveau autant dire qu'on nage en plein stéréotype. Le scénario, comprenant quelques références aux anciens épisodes mais également rempli à ras bord de poncifs, met énormément de temps à démarrer et à mesure que les heures passent, les personnages ne gagnent pas forcément en épaisseur. On aura beau essayer de nous faire passer la pilule en saupoudrant le tout de fan service et d'allusions pas toujours très fines, le résultat reste relativement médiocre.
Reprenant la jouabilité et les thèmes chers à la série, Ar Tonelico Qoga : Knell of Ar Ciel loupe néanmoins le coche. La faute à une réalisation datée, une jouabilité inégale et un scénario manquant d'ambition. Du coup, on aura un peu de mal à progresser dans ce titre tant il manque d'éléments censés accrocher et retenir le joueur. A vous de voir si votre soif de RPG japonais justifie cet achat d'autant que la PS3 ne manque pas de représentants du genre plus dignes d'intérêt.