Plutôt que de s'orienter vers un genre donné, certains jeux piochent des éléments de gameplay un peu partout dans le but d'offrir une expérience riche et singulière. C'est le cas de Call of Gods, un MMO gratuit pour navigateur accessible à partir du portail Aeria, qui prend tantôt les allures d'un RTS, tantôt celles d'un RPG occidental. Un pari somme toute assez risqué laissant craindre que le jeu ne se perde en route à cause d'ambitions trop élevées. Des peurs justifiées ? Pas ici, vous allez le voir !
C'est indéniable, les premiers pas dans un jeu sur navigateur sont décisifs. D'autant plus lorsque celui-ci est gratuit. Il se doit d'attirer le joueur, de lui faire comprendre immédiatement l'intérêt qu'il aura à approfondir l'expérience. Dans Call of Gods, ce n'est pas vraiment l'univers orienté heroïc-fantasy qui retient l'attention, ni même l'histoire, mais plutôt le gameplay. On est en effet ici en face d'un scénario classique qui propose de prendre part à une guerre sanglante mettant aux prises humains, elfes, morts-vivants et démons. Une lutte qui dure depuis fort longtemps et à laquelle vous allez devoir trouver une issue. Inutile de vous dire qu'il va falloir livrer un nombre incalculable de batailles contre à peu près tout le monde. Avant de rentrer dans le cœur du jeu, vous avez le choix entre trois races, humain, elfe et mort-vivant. Une décision qui aura un impact important sur le déroulement du jeu, notamment au niveau de la composition de vos troupes, puisque chaque camp possède des unités aux capacités propres.
Une fois le choix effectué, un tutoriel relativement complet introduira les notions de base. Voilà qui n'est d'ailleurs pas une mince affaire puisque Call of Gods offre un contenu d'une densité impressionnante. L'interface plutôt bien conçue aide toutefois à y voir plus clair. Pour faire simple, le jeu se divise en trois parties qui disposent chacune d'un fonctionnement différent. Il y a tout d'abord ce qui a trait à votre royaume. C'est ici que vous devrez construire les nouveaux bâtiments sur des emplacements réservés à cet effet. Certains permettent d'avoir accès à de nouvelles unités, d'autres d'étendre votre population maximale ou de collecter des ressources. Celles-ci sont au nombre de trois, à savoir le bois, la pierre et le fer. Elles permettent notamment, couplées à des sommes d'argent, de développer votre royaume en achetant ou améliorant diverses infrastructures. Chaque construction possède en effet son propre niveau, que l'on peut donc faire grimper. A noter qu'en cas de pénurie, il est toujours possible d'aller faire un tour au marché qui permet d'échanger une matière première contre une autre. Mais par dessus tout, ces ressources servent à lever des armées pour partir explorer le monde.
On en vient donc au deuxième aspect du jeu. Ici, vous incarnez directement le leader de votre camp, féminin ou masculin, que vous déplacez sur une carte du monde. Sur celle-ci figurent différentes zones auxquelles vous pouvez accéder. Il s'agit parfois de villes, parfois d'endroits plus sauvages. Se balader, c'est bien, mais sans but, ça ne sert à rien. Vos objectifs seront déterminés par des quêtes que l'on obtient auprès des habitants des lieux que l'on visite. Globalement, ces derniers vous demanderont d'aller tuer telle quantité de démons dans tel recoin de la carte. Des missions un brin répétitives, il faut le reconnaître. Une fois les différentes tâches accomplies, les PNJ représentés par de petites vignettes vous donneront un certain nombre de récompenses qui prennent la forme d'argent, d'objets ou d'expérience. Votre avatar possède évidemment un niveau propre. Plus celui-ci est élevé, plus votre aventure gagnera en intérêt. Arrivé au niveau 10 permet par exemple d'explorer des donjons, de former des alliances (certaines quêtes sont réservées aux alliances) ou encore de se battre avec d'autres joueurs humains.
Mais pour accomplir ces quêtes, il faudra tout d'abord constituer une armée. Pour ce faire, avant de se battre, il sera nécessaire de passer par votre capitale pour aller embaucher des héros. Ces derniers sont en quelque sorte les leaders de vos troupes. Plus vous en possédez et plus votre armée sera fournie. Il est possible d'engager jusqu'à douze héros mais seulement six d'entre eux peuvent participer simultanément à une bataille. Ils possèdent eux aussi un niveau d'expérience ainsi que des attributs et un équipement propres. Certains sont plus doués en attaque ou en défense, d'autres sortent plus de coups critiques et ainsi de suite. Il faudra donc veiller à engager des personnages complémentaires. Avoir des leaders, c'est essentiel mais il ne faut pas oublier de recruter des unités que l'on peut ensuite leur assigner. Au départ, chez les humains par exemple, vous ne disposez que d'hommes à pied. Mais très vite, vous pourrez avoir à vos côtés cavaliers, archers, prêtres, paladins et bien d'autres types de soldats. Une fois votre armée formée, il est temps de se battre. De manière assez étrange, vous n'aurez aucune décision à prendre lors des combats. Ils se déroulent en effet au tour par tour, vos unités frappant les unes après les autres puis laissant la place à l'adversaire. Ce sont les caractéristiques des différents héros qui font alors la différence. S'ils sont forts en attaque, les soldats sous leurs ordres hériteront de cette spécificité. Sur le champ de bataille figurent autant de petits personnages que vous avez de chefs. Le nombre situé en dessous de chacun d'entre eux indique la quantité de soldats leur obéissant. Une manière de ne pas afficher 800 protagonistes en même temps, ce qui paraît légèrement trop ambitieux pour nos navigateurs actuels.
Jusqu'ici, nous avons donc évoqué la gestion de son royaume et de ses relations avec le monde extérieur. Mais nous n'avons pas encore parlé de l'aspect MMO. C'est la troisième partie du jeu. A tout moment, vous avez en effet la possibilité d'aller vous battre avec d'autres humains. Pour ce faire, il faudra passer par une map affichant les différents royaumes présents sur le serveur. A vous ensuite d'aller attaquer ceux que vous souhaitez, tout en sachant que votre niveau doit être proche du sien pour conserver une certaine équité. En revanche, plus l'adversaire est fort, plus les récompenses sont importantes. En remportant une victoire, vous obtenez un certain nombre de ressources ainsi que des points d'honneur. Ces derniers peuvent être échangés par la suite contre des objets de toutes sortes. Il peut s'agir de cartes augmentant l'une des matières premières ou de pièces d'équipement renforçant les capacités de vos héros. Evidemment, vous pouvez aussi vous retrouver agressé par un autre joueur. Dans ce cas précis, l'issue est généralement nettement moins drôle. Si vous perdez, ce sont 10% de vos matières premières qui disparaîtront à tout jamais. Il vaut mieux d'ailleurs parfois être sage et accepter la défaite sans résistance plutôt que d'engager des troupes dans une bataille qui pourrait décimer votre armée et qui vous obligerait donc à dépenser encore plus de ressources pour en constituer une nouvelle.
Ces trois aspects du jeu sont donc interdépendants. Gérer au mieux son royaume permet d'avoir une armée plus puissante, qui elle-même permet de remplir des quêtes, de développer son personnage, de se battre contre d'autres joueurs et d'accéder ainsi à de nouveaux upgrades de construction.... Bref, vous l'aurez compris, la boucle est sans fin. Call of Gods se paie en prime le luxe de proposer quelques autres phases de jeu optionnelles très sympathiques. On compte parmi celles-ci les donjons dont les différentes salles sont constituées de cases. En explorant chacune d'entre elles, le joueur tombera parfois sur un ennemi coriace, parfois sur un trésor précieux. Le clou du spectacle, ce sont les boss qui vous donneront du fil à retordre. En les éliminant, vous débloquerez un niveau de difficulté supérieur pour le donjon dont ils sont les gardiens, ce qui permettra d'avoir accès à des récompenses encore plus intéressantes. Il existe aussi en marge de tout cela des combats en arène. Il s'agit là de mesurer la force de son armée en PvP mais cette fois, sans qu'il n'y ait de conséquences sur votre royaume à l'issue de l'affrontement. Juste de la baston brute donc, qui permet d'accumuler là aussi des points d'honneur. Call of Gods affiche un contenu assez remarquable pour un jeu sur navigateur. Parvenir au niveau le plus élevé, accomplir toutes les quêtes, parcourir l'ensemble des donjons, former l'alliance la plus puissante, voilà qui vous prendra du temps. Beaucoup de temps.
Pour le coup, le jeu bénéficie d'une interface efficace. L'ensemble des icônes présentes à l'écran permet une navigation facile et fluide. On passe ainsi en quelques clics de son royaume à la carte du monde puis à son inventaire. Un point s'impose également sur la direction artistique. Si elle n'est pas spécialement originale, elle a le mérite d'assurer l'essentiel. Les monstres possèdent un look sympathique, tout comme les personnages que vous croiserez tout au long de l'aventure. Le titre jouit en plus d'une réalisation soignée. En fait, le seul problème qui pourrait empêcher une partie du public de profiter pleinement de l'expérience, c'est que le jeu est intégralement en anglais. Dommage, d'autant plus qu'aucune version française ne semble prévue pour l'instant. Enfin, on conclut ce test avec un mot sur le modèle économique de ce MMO, qui fait la part belle aux micro-transactions. Comme d'habitude, vous pourrez donc avancer plus rapidement dans l'aventure et vous procurer de meilleurs équipements en dépensant de petites sommes d'argent.
- Graphismes12/20
Rien à redire sur l'aspect visuel du jeu. Le tout est propre, bien que relativement générique. On aurait apprécié une direction artistique plus audacieuse mais cela n'aurait été que du bonus. On se contente très largement de ce que Call of Gods nous offre à ce niveau. D'autant qu'aucun bug n'est à signaler.
- Jouabilité15/20
Call of Gods possède un gameplay vraiment riche, intégrant des éléments issus des jeux de rôle et de stratégie. Globalement, le jeu est intéressant, quel que soit l'aspect que vous souhaitez explorer. Entre la gestion de son royaume, des différentes missions à remplir et des relations avec les autres joueurs, le temps passe vite. La courbe de progression est en prime assez bien calculée et on aura vite fait d'accéder à toutes les options offertes par le jeu. On regrettera peut-être tout de même des quêtes un peu lambda car jamais vraiment scénarisées ainsi que des combats parfois pénibles qu'il n'est pas toujours possible de passer. Rien de bien méchant toutefois.
- Durée de vie16/20
Explorer Call of Gods dans son intégralité prend énormément de temps. Si vous en avez un peu marre de taper des monstres gérés par l'IA, vous pouvez toujours vous rabattre sur le PvP qui procure au jeu une durée de vie considérable.
- Bande son10/20
Il faut le reconnaître, la bande-son de Call of Gods n'est pas spécialement marquante. Loin de là. Mais elle n'est pas pénible non plus. C'est l'essentiel.
- Scénario9/20
L'histoire n'est pas bien captivante et ne demeure pas l'un des atouts du jeu. Il faut dire que la lutte entre humains, elfes, morts-vivants et démons nous a déjà été contée un million de fois. Il aurait peut-être été préférable de tabler sur un scénario plus original pour séduire les joueurs.
Si elle n'est pas foncièrement originale, l'expérience Call of Gods n'en demeure pas moins plaisante. Et ce, grâce à la diversité des tâches que le joueur aura à accomplir simultanément. Ce gameplay riche, empruntant autant aux RTS qu'aux RPG occidentaux, permet de ne pas se lasser du jeu. La réalisation est en prime soignée et il est d'ailleurs important de souligner l'absence de bugs majeurs. Un degré de finition auquel tous les MMO sont loin de pouvoir prétendre, surtout sur navigateur. Nous sommes donc en présence d'une vraie belle réussite qui mérite un coup de projecteur.