Entre épisodes à répétition et extensions en tout genre, la série Les Sims allait bien parvenir à lasser même les fans les plus endurcis, autrefois avides d'add-on ajoutant en vrac animaux, kits d'objets ou nouveaux environnements aux jeux de base. Electronic Arts l'a bien compris, et tente de dépoussiérer le tout en changeant non seulement d'époque, mais surtout de mécanismes de jeu. Verdict.
Dans Les Sims Medieval, le joueur n'aura jamais autant endossé le rôle enviable de dieu vivant. Dès le début de l'aventure, on vous fait comprendre qu'il est temps d'orienter l'évolution de ces stupides humains en contrôlant tour à tour dix héros à débloquer au fur et à mesure, au sein d'un Royaume en plein coeur du Moyen Age. Les deux premières heures de jeu vous familiariseront avec ce nouveau système, grâce à un tutoriel un peu rébarbatif, mais nécessaire. Car il ne s'agira plus de gérer la vie d'un Sims ou de sa famille en s'assurant que leurs petits besoins triviaux soient remplis, du moins plus vraiment. Il faudra voir plus grand, et penser au Royaume dans son ensemble, c'est en tout cas la première impression qui se dégage du titre, avant que nos petites habitudes s'installent... Vous n'aurez pas à construire votre royaume, qui surprend par sa petite taille et la qualité médiocre de ses environnements. Et vous vous rendrez bien vite compte que le jeu n'est plus axé sur la customisation des bâtiments et leur décoration. Si un mode Meuble est bien présent et comporte outils et objets (en nombre un peu restreint), dans la pratique, on aura tendance à se contenter de la décoration originale, l'intérêt du titre reposant ailleurs, notamment sur l'apparition d'objectifs à atteindre, et d'une gestion -légère- de votre Royaume. Dès le début de la partie, vous devrez d'ailleurs choisir une première ambition servant d'objectif global parmi douze, une sorte de carotte vous motivant pour la suite, comme « construire huit bâtiments » (objectif obligatoire lors de votre première partie). Les ambitions permettront ensuite de faire évoluer votre Royaume entre renommée et conquêtes de territoires voisins.
Mais sans un souverain pour le gouverner, votre territoire ne vaudra pas un clou. A vous de choisir l'un des modèles de Sims disponibles, ou d'en créer un de toutes pièces, à l'aide du créateur de Sims hérité des épisodes précédents. Pas de dépaysement, le même genre d'outils y est présent, de manière à modifier l'allure de votre personnage. Trois traits de caractère devront aussi être choisis, deux positifs et un bien plus négatif, comme trouillard, rustre ou cruel. Ils induisent des variations dans le comportement de vos héros dans le mode vie, amènent de nouveaux sujets de conversation... et apportent surtout quelques variations lorsque vos héros mènent certaines quêtes à bien. Car, et c'est bien là l'une des grandes nouveautés de cet opus, le jeu s'articule essentiellement autour de nombreuses quêtes à sélectionner, puis à effectuer, et ce de diverses manières, selon les héros que vous aurez débloqués, à savoir le souverain, le chevalier, le marchand, le barde, les prêtres jacoban et pétérien, l'espion, le sorcier, le médecin et le forgeron. Seule solution pour y avoir accès ? C'est en mode Royaume, l'un des trois modes disponibles (les autres étant Meubles et Vie), que vous pourrez choisir quels édifices construire, en dépensant les points de Royaume que vous aurez obtenus en complétant les quêtes. Mais ne vous emballez pas, vos talents de grand constructeur ne seront pas mis à rude épreuve pour autant, au même titre que vos talents de décorateur. Les Sims Medieval ne vous permet pas de construire quoi que ce soit à l'aide des outils mis en place dans les précédents épisodes, et tout se fera donc automatiquement. Certaines bâtisses sont associées à des héros, qui pourront alors être créés, et jouables au sein du mode Vie, mais uniquement lors de l'accomplissement des quêtes qui les concernent.
Vous ne pourrez donc pas contrôler d'autres Sims que ceux concernés par la quête en cours lorsque vous serez dans le mode Vie. Chaque tâche pourra être approchée de diverses manières, selon le héros que vous avez en votre possession, et certaines feront même appel à plusieurs personnages. Autant dire que le joueur aura tout intérêt à débloquer ceux-ci rapidement afin de multiplier les possibilités, et donc la variété du gameplay. Chaque quête coûte des points de quête, mais, en cas de réussite, vous permettra de remporter des points de Royaume (permettant de faire construire des bâtiments), du Simflouz et des points d'expérience, directement liés au héros concerné par la quête. Ces réussites influeront également sur les caractéristiques du Royaume, partagées entre bien-être, culture, sécurité et connaissance. Le joueur pourra donc choisir sciemment sa quête en fonction des récompenses à obtenir, mais on se rendra bien vite compte que cet aspect n'est pas prépondérant, et dispose même d'un intérêt tout relatif. Dans la pratique, on se contentera donc d'enchaîner les quêtes en se félicitant de l'évolution de son petit royaume, mais sans vraiment s'y attacher plus que ça.
C'est donc en mode Vie que l'on passera l'essentiel de notre temps, en contrôlant un Sims (voire plusieurs, dans des quêtes plus avancées faisant appel à leurs diverses compétences). Univers Sims oblige, chacun des gestes de ces petites créatures pourra leur être dicté, du passage au petit coin à la partie de cartes entre amis. Mais tout cet aspect vie quotidienne a été vidé de sa moelle, laissant ainsi la place aux activités liées aux quêtes. Seules deux jauges, peu contraignantes, ont été conservées, l'énergie et la faim. Votre Sims dispose, comme dans Les Sims 3, d'états d'esprits influant sur son moral, et il pourra toujours vaquer à ses occupations, faire connaissance, séduire, se marier, enfanter... sans pour autant que toutes ces actions se fassent réellement satisfaisantes, tant elles semblent vides d'intérêt et peu motivantes, là où les autres épisodes des Sims avaient réussi à nous donner l'impression de contrôler le destin de nos Sims. Un système de métiers est pourtant de la partie, et, chaque jour, deux tâches liées devront être effectuées afin de ne pas faire baisser le moral du Sims en question. Elles ne s'avèrent jamais passionnantes, et semblent juste là pour faire croire au joueur qu'il n'est pas obligé de se concentrer uniquement sur sa quête, et qu'il pourra tout de même vaquer à ses autres occupations. En effet, il n'est pas obligé... faudrait-il encore qu'il en ait envie. L'aspect « vie quotidienne » manquant vraiment d'intérêt, la faute au manque d'évolution de nos personnages (malgré la présence de dix niveaux dans chaque profession, à atteindre grâce aux points d'évolution), on se résoudra donc bien vite à résoudre nos quêtes l'une après l'autre, de façon assez systématique.
Celles-ci abordent divers sujets, et sont toutes correctement scénarisées, sans pour autant faire preuve d'une très grande originalité. Mener l'enquête au sujet de rumeur faisant état d'un monstre dans un souterrain de la ville, défendre son honneur lorsque celui-ci est mis à mal pour une histoire d'armoiries (quête disponible en tant que chevalier ou souverain)... toutes ces tâches ne manquent pas d'humour, et se résolvent souvent de diverses manières, selon les choix que vous aurez effectués, ou le héros choisi. Elles se présentent sous la forme d'objectifs successifs à atteindre, apparaissant les uns après les autres de manière très dirigiste. Rencontrer ce personnage, effectuer cette tâche... on a souvent droit à un marqueur de quête bien visible sur lequel il vous suffira de cliquer pour accomplir l'action, ou à une option spécifique, uniquement liée à la quête, se trouvant comme par hasard dans le menu radial bien connu de la série à l'instant opportun. Ce n'est donc pas ici que l'on trouvera du challenge, mais plutôt, et de manière fortuite, dans les bugs de progression (rares mais gênants) peuplant le jeu, et empêchant la résolution de certaines quêtes. D'autre part, certains objectifs manquent à l'inverse de clarté, et poseront donc artificiellement problème au joueur. On l'aura compris, dans la pratique, ce système de quêtes se révèle non dénué d'intérêt et même plutôt agréable, mais il s'avère vite bien trop dirigiste et simpliste pour vraiment passionner les foules. Et lorsqu'un petit évènement vient briser cette monotonie de la fameuse série d'objectifs à accomplir, c'est de manière totalement automatisée, sans aucune mise en scène. Une confrontation contre un monstre effroyable ? Oui, mais vous n'y assisterez pas, votre personnage étant entré dans la fameuse grotte, mais pas vous. A la place, c'est à un artwork que vous aurez droit, rien de plus. Difficile, dans ces conditions, de vraiment parler d'immersion au coeur du Moyen Age.
Au niveau technique, le titre déçoit également, les graphismes ne se plaçant même pas au niveau de l'épisode Les Sims 3, sorti sur PC en 2009. Et des problèmes de caméra viennent encore plomber le tout, nous faisant de magnifiques gros plans sur des arbres aux textures pauvres, ou se coinçant à d'autres endroits inappropriés. Il faut dire aussi que celle-ci est particulièrement peu satisfaisante, lorsqu'on a le système de visualisation des anciens épisodes en mémoire. Les bâtiments sont en vue « maison de poupée » (pas de rotation à 360° possible), le royaume se visualise en tournant autour d'un point fixe... bref, ce n'est pas la réalisation des Sims Medieval qui nous en mettra plein la vue non plus. On l'aura compris, cette nouvelle mouture issue de l'univers des Sims tente d'innover en bousculant les habitudes des fans, mais loupe hélas un peu le coche. En voulant s'éloigner de la gestion de la vie quotidienne, tout en en conservant tout de même certains aspects ne reposant plus sur un aspect « évolutif » plus global, on nous offre un système de jeu assez bancal et peu satisfaisant. Pour compenser, l'introduction des quêtes a le mérite d'occuper le joueur et de créer une vie et un background à ce fameux Royaume. Mais le tout est trop dirigiste et trop automatisé pour vraiment passionner. Dommage également que la gestion de l'état et de l'évolution du Royaume en lui-même ne soit pas plus poussée, et repose uniquement sur ces fameuses quêtes. En bref, Les Sims Medieval est un titre amusant qui a le mérite de se détacher de la recette des Sims maintes fois exploitée. Dommage que ses imperfections et sa simplicité à outrance empêchent de vraiment l'apprécier.
- Graphismes13/20
Le titre est graphiquement décevant, que ce soit au niveau du Royaume, des environnements extérieurs, ou de la modélisation de ses personnages. Le tout est même inférieur aux Sims 3, dernier épisode paru sur PC, et les textures se font vraiment pauvres. Les bâtiments s'en sortent un peu mieux, notamment grâce à leur design.
- Jouabilité14/20
Si le système de jeu a changé, le joueur ne sera pas dépaysé par les commandes en elles-mêmes et les interactions possibles avec les décors et les personnages. Mais celles-ci sont très limitées et n'ont que peu d'intérêt. On se consolera en faisant des quêtes, amusantes mais trop assistées, ou en effectuant les tâches liées aux métiers de l'un des 10 personnages disponibles. Dommage que le destin de notre royaume ne soit pas totalement entre nos mains non plus.
- Durée de vie15/20
Douze ambitions à accomplir, 10 personnages pouvant évoluer sur une échelle de 10 niveaux, des quêtes à effectuer de diverses manières selon les héros en notre possession. Pas de doute, Les Sims Medieval propose un contenu conséquent, dommage que la redondance de l'ensemble puisse décourager le joueur après une dizaine d'heures.
- Bande son12/20
Les Sims nous avaient habitués à un univers musical... particulier, mais qui avait su inculquer une identité à la série. On retrouve ici le langage des Sims et les bruitages caractéristiques, mais les musiques, forcément connotées « Moyen Age » sont peu présentes, ce qui laisse, il faut bien l'avouer, une certaine impression de vide.
- Scénario14/20
Ce ne sont pas un, mais divers scénarios qui nous sont proposés, en fonction des quêtes à effectuer. Certains sont anecdotiques, d'autres totalement barrés, et certains plus subtils qu'il n'y paraît. Dans l'ensemble, c'est l'humour qui prédomine, de façon plutôt réussie.
Les Sims Medieval change de recette, se passe plus ou moins de la gestion de la vie quotidienne, et introduit un système de quêtes devenu prépondérant. C'est sur celui-ci que repose tout le gameplay, à base d'évolution quasi automatique d'un petit royaume moyenâgeux. Semblant au prime abord ambitieux, ce système de jeu se révèle un peu trop simpliste et dirigiste pour passionner bien longtemps la majorité des joueurs.