Second long métrage de Tim Burton consacré à l'homme chauve-souris, Batman Returns a en son temps marqué les esprits. Plus sombre et plus torturé que son prédécesseur, le film connut un grand succès public, et il fut fort logiquement adapté sur les consoles de jeux de l'époque. Le Mega-CD de Sega eut donc droit à sa version, sortie en 1992 et développée par Malibu Games.
Le pingouin sort de ses égouts, bien décidé à rameuter ses sbires pour effrayer tout Gotham City. Seul un super-héros courageux et armé jusqu'aux dents pourra contrarier ses plans et ramener la tranquillité dans la cité. Ce super-héros, c'est bien sûr Batman, l'homme chauve-souris. Le titre se décompose en deux parties bien distinctes : des phases typées action/plates-formes et des phases où l'on conduit un des véhicules de Batman.
Ceux qui ont déjà joué à l'opus Megadrive de ce titre pourront d'emblée constater que les séquences de plates-formes sont absolument identiques. Durant ces dernières, notre héros devra déjouer les plans des hommes du pingouin et se frayer un chemin vers la fin du stage, où l'attendra bien souvent un boss. Pour renvoyer les indésirables d'où ils viennent, Batman pourra combattre au corps-à-corps, mais aussi compter sur sa ceinture qui permet d'accéder à toute une série de gadgets : Batarangs ordinaires ou à tête chercheuse, bombes fumigènes, canon-grappin, tous ces items seront de précieux alliés pour faire la peau aux ennemis. Mais il convient de les utiliser avec parcimonie car ils sont tous disponibles en quantité très limitée. En cas de pénurie, il faudra fouiller les moindres recoins des niveaux pour dénicher les bonus qui permettront d'en récupérer.
Le problème, c'est que ces gadgets ne sont pas disponibles en temps réel : il faut en effet appuyer sur la touche start pour pouvoir les choisir, et ce parti pris alourdit considérablement la progression. Le jeu n'avait pas franchement besoin de ça, dans la mesure où la jouabilité du titre est déjà très pénible. L'homme chauve-souris est d'une rigidité cadavérique, et c'est la croix et la bannière pour faire ce que l'on veut avec lui. Les ennemis vous toucheront donc bien souvent en premier, tant la réactivité du héros est proche du néant. L'utilisation du grappin n'est pas des plus pratiques non plus… Bref, la maniabilité est un vrai problème et il faudra s'armer de patience et bien connaître les niveaux pour progresser dans l'aventure.
Durant ces phases de plates-formes, Batman devra traverser cinq mondes (les rues du Gotham, le pays enchanté, le cirque, les égouts et le repaire du pingouin), eux-mêmes subdivisés en plusieurs sous-niveaux. L'esthétique des stages essaie tant bien que mal de respecter la dimension gothique et sombre du long métrage, mais on se retrouve assez souvent avec des arrière-plans granuleux et flous aux teintes violettes, qui ne sont pas toujours du plus bel effet. A côté de ça, les sprites sont de bonne taille, ils sont bien animés et les mouvements du héros sont assez classe. C'est toujours ça de pris...
Venons-en maintenant aux fameuses phases de conduite, l'atout majeur de cette version. Techniquement, rien à dire : le Mega-CD permet des effets 3D que, seule, la Megadrive n'aurait jamais pu se permettre. Les véhicules, que ce soit la Batmobile ou le Batskiboat, sont bien modélisés, bien animés et la route défile à toute vitesse sans aucun ralentissement. Le but de ces séquences est d'anéantir tous les véhicules qui osent se mettre en travers de votre route. Pour ce faire, deux techniques : soit les envoyer valser dans le décor ou contre des murs, soit utiliser les missiles de l'engin. Attention, car les armes les plus efficaces sont les missiles à tête chercheuse et ces derniers, comme par hasard, sont disponibles en quantité limitée. Il faudra donc les utiliser à bon escient, contre les véhicules les plus solides ou les boss par exemple. Ces phases sont vraiment réussies, et apportent un réel plus au jeu. Elles sont d'ailleurs jouables séparément, pour peu que l'on désactive la partie plates-formes dans le menu des options.
Mais aussi plaisantes soient-elles, ces séquences de shoot n'arrivent pas à faire du titre un incontournable, la faute à des séquences d'action trop moyennes sur bien des points. Pour les fans transis de Batman, c'est toutefois cette version CD qu'il faudra privilégier. Pour les autres, on trouve de bien meilleurs jeux d'action sur Mega-CD (au hasard The Terminator) de telle sorte qu'ils peuvent passer leur chemin sans trop de regrets.
- Graphismes13/20
Le jeu essaie tant bien que mal de reprendre l'univers gothique du long-métrage, mais les graphismes ne sont pas très beaux à voir. Avec leur aspect granuleux et leurs couleurs fadasses, ils ne font vraiment pas honneur à leur support, c'est le moins que l'on puisse dire. En revanche, le sprite de Batman est assez réussi et bénéficie de plusieurs animations très réalistes. Les séquences en Batmobile et en Batskiboat sont quant à elles extrêmement fluides, et, si elles peuvent paraître désuètes aujourd'hui, elles constituaient à l'époque une référence en la matière.
- Jouabilité12/20
Batman est très lourd à diriger et cela rend la progression extrêmement pénible, d'autant que la gestion des collisions est plus qu'hasardeuse. La gestion des gadgets n'est pas des plus pratiques non plus. Pas grand-chose à dire en revanche sur les phases de conduite, c'est correct, même si le fait de devoir tirer tout en conduisant peut parfois poser problème.
- Durée de vie15/20
Le titre est non seulement très long à finir, mais il est aussi très difficile. Il faudra donc de nombreuses heures pour en voir le bout, surtout si on veut faire d'une traite l'intégralité des niveaux. Les moins téméraires pourront cependant raccourcir l'aventure en s'attaquant séparément aux phases de plates-formes et aux phases de conduite.
- Bande son12/20
Le jeu améliore sensiblement les musiques de la version Megadrive. On se retrouve donc avec un rock très années 80, qui ressemble fortement à celui de The Terminator sur le même support. Le tout n'est cependant pas transcendant, et le support CD aurait pu (aurait dû ?) être mieux utilisé.
- Scénario15/20
Le scénario du jeu s'articule autour de l'affrontement entre Batman et le Pingouin, ce dernier ayant rameuté ses troupes pour semer la pagaille dans Gotham City. Lors de son parcours, la chauve-souris croisera également le chemin de la sémillante Catwoman.
Malgré l'ajout notable des phases de conduite et de thèmes musicaux un peu meilleurs, Batman Returns sur Mega-CD reste le jeu qu'il était sur Megadrive, à savoir un jeu d'action très moyen doté d'une mauvaise maniabilité et d'une réalisation tout juste correcte. On retrouve cependant par moments l'ambiance si délicieusement gothique du long métrage, mais elle ne suffit pas à insuffler au titre le supplément d'âme dont il aurait cruellement besoin. Les fans de l'homme chauve-souris peuvent se laisser tenter, mais les autres resteront franchement sur leur faim et se tourneront plus volontiers vers le premier épisode Megadrive développé par Sunsoft, nettement meilleur et surtout beaucoup plus fun.