20 ans de Contra. Vous vous rendez compte ? Vingt ans que Red Falcon essaye de conquérir la Terre. Vingt ans que les super commandos dézinguent de l’alien en couvrant l’écran de projectiles. Vingt ans que Konami joue avec les nerfs de ses joueurs à la mémoire saturée de pixels. Un nouvel enfer pour fêter l’occasion, ça vous branche ?
Contra, c'est un peu comme de la pâtisserie : on retrouve toujours les mêmes ingrédients, et c'est seulement quand les papilles savent tous les reconnaître qu'on en jouit pleinement. Le plus drôle, c'est que dans les deux cas, cela demande un temps d'adaptation plus que conséquent. En effet, pour ceux qui, innocents, n'ont aucune idée de la nature de la série, Contra est ce que l'on appelle un run and gun « chaud ». Il n'est pas impossible que vous ayez à jouer des semaines, voire des mois pour atteindre le staff scroll... Apprendre l'architecture des tableaux par cœur est le seul moyen de s'en sortir vivant ; les réflexes ne suffisent pas.
La recette de Contra n'a jamais vraiment changé au cours du temps, et cet opus n'enfreint point la règle. Entre la jungle et la ville en ruine, les niveaux ont tous un air de déjà-vu, mais ici et là, de petits détails audacieux rappellent que la série phare de Konami est loin d'avoir épuisé le filon du chaos et de la démesure. Parce que Contra 4, c'est d'abord une affaire de taille : ah ! qu'il est plaisant d'affronter des pléiades d'horribles boss qui squattent les deux écrans simultanément ! Grâce à la Nintendo DS, Contra accède en effet à une nouvelle dimension. Les ennemis fusent à présent de partout, et nombre de scènes ne peuvent être franchies que via l'un ou l'autre des deux écrans. Cette idée qui pourtant, objectivement, ne casse pas des briques, est diablement efficace, et parfaitement complétée par l'introduction du grappin dans l'arsenal du héros bodybuildé. Celui-ci prendra prise dans les corniches et permettra de rallier les hauteurs rapidement, entre autres... Quand on parle de l'armement, sachez que Contra 4 n'innove pas un seul instant et reprend des grands classiques tels que le fusil de chasse et le lance-flammes. Par contre, il sera maintenant nécessaire de récupérer de multiples power-up pour accéder à leur puissance maximale - une subtilité qui rappellera les « Rapid Bullets » des Contra originaux. Des jeux auxquels Contra 4 ne cesse de faire référence, notamment en réintroduisant les passages labyrinthiques en vue arrière. Rien que du bon en perspective !
Pourtant, là où Contra 4 frappe un grand coup, ce n'est ni dans les affaires de grappin, ni dans les phases pseudo-subjectives, mais bien dans son mode Challenge. Décidément à l'affût d'une nouvelle bonne idée qui mettrait les joueurs dans des états épouvantables, WayForward Technologies - le développeur pour ce titre - propose ici de rejouer tout ou partie des niveaux que l'on aura visités, en ajoutant quelques conditions jurant fatalement avec ce à quoi Contra nous avait habitués depuis onze épisodes. Fini les munitions illimitées et les tirs dispersifs ! Bienvenue aux tests de précision, aux courses contre-la-montre et au vieux laser, lent et peu maniable. Et là, il n'est même plus question de chances de succès, puisque le moindre mal met fin à la mission ! Ce ne sont pas moins de 40 épreuves qui viennent garnir cette cerise sur le gâteau, et doublent carrément la durée de vie de Contra 4 - de quoi vous escagasser les effluves neuronaux encore longtemps. Les développeurs ont même poussé le vice jusqu'à donner des conditions réalisables d'une seule et unique manière possible... Vos efforts seront récompensés par divers bonus, comme de nouveaux personnages (dont le fameux Probotector), des archives de chez Konami, voire même les deux jeux originaux Contra et Super Contra (dans leurs versions d'origine, toutes pixellisées en 48 couleurs, s'il-vous-plaît). Des fois que vous auriez terminé le mode Arcade (!) et chercheriez un peu de calamité supplémentaire...
Et avec ceci ? Graphiquement, le soft met le paquet sur un environnement pixellisé et dépouillé, ne détaillant que ce qui a de l'importance. A des années-lumière de ce dont est capable la console, il renoue avec un utilitarisme provoquant : si tel objet est là, c'est qu'il a une fonction propre. Quand on voit la taille des boss, il y a de quoi s'inquiéter... Ne peut-on point y voir quelque paresse de la part des développeurs ? Ho ! manant, que nenni ! Cet aspect est parfaitement totalement assumé. Contra 4 se veut une incarnation de l'essence même des run and gun : l'importance du décor purement esthétique est quasiment nulle. Si vous voulez faire bombance de réalisation fine et racée, reportez-vous à l'animation, digne d'un Castlevania, ou à la bande-son, pleine de surprises et adaptée à toutes les circonstances. Les deux couvrent ce qui fit et fait encore la force d'un Contra : un univers dur, impitoyable, et qui surtout ne se prend pas une seule seconde au sérieux. Locked'n'loaded !
- Graphismes13/20
Plus old-school, tu meurs ! Seul le design des boss attirera vos faveurs néophytes ; le reste est délicieusement pixellisé, utilitaire, quoique pas forcément simpliste. Sans faille, l’animation des héros est un pas en avant pour une série qui a toujours plus ou moins péché à ce niveau-là. Mais c’est vrai que ce n’est pas forcément le héros que l’on regarde quand une horde d’aliens nous tombe dessus.
- Jouabilité17/20
Fidèle à elle-même : on avance et on tire. L’arrivée du grappin, qui ne demande qu’à être employé dans tout le jeu, pourra rebuter certains, mais une fois adopté, c’est un vrai régal. On notera également l’effort réalisé au niveau des contrôles du personnage, beaucoup moins rigide qu’auparavant. Notez également qu’il est encore une fois possible de jouer en coopération, avec deux cartouches.
- Durée de vie16/20
Attention, petits enfants, la difficulté rebutante du jeu pourrait faire chuter librement cette note. C’est clair que si vous ne supportez pas de recommencer 798 fois les 9 mêmes niveaux avant de passer à la suite, vous vous arrêterez de vous-même au bout d’une heure ou deux. Dans l’absolu, Contra 4, et son mode Challenge pour les plus coriaces, a tous les atouts pour vous scotcher à la console pendant un bon moment...
- Bande son15/20
On trouve des thèmes remixés très agréables, et de nouvelles compositions affriolantes... Les bruitages sont on ne peut plus naïfs, et les voix digitalisées sont kitsch à souhait. Miam !
- Scénario/
Grrrh... Eeeerrrgh... Tacatacatac ! Blam ! Clink clank clunk ! Aaaaarrrrgh !!!
Véritable bond dans le passé, Contra 4 renoue avec l’esprit originel de la série, et le fait bien. WayForward Technologies nous livre ici une savoureuse part de nostalgie. Ah oui, vraiment, ce Contra-là est un excellent morceau. Un cadeau d’anniversaire suintant le old-school, pas prétentieux pour un sou, mais sacrément entraînant. Comme tous les Contra, en fait.