Il est des titres qui, en quelques secondes de démo ou de pratique, en imposent tellement qu'on ne doute pas une seconde du souvenir qu'ils laisseront au joueur. Top Spin 4 en fait partie et se présente comme l'aboutissement d'un travail de passionnés commencé en 2005 avec Top Spin premier du nom. Un changement de développeur aurait pu briser cette ascension mais il n'en est rien, ce quatrième opus est sans aucun doute possible la meilleure simulation de tennis de tous les temps.
Depuis des années et bien qu'ils soient souvent de qualité, les jeux de tennis peinent à se défaire de quelques tics, de tares souvent soulignées mais rarement corrigées. Ou partiellement. Top Spin 4 tord le coup à une écrasante majorité de ces défauts grâce à une gestion du timing d'apparence basique mais en réalité des plus subtiles. Ce seul point permet au jeu de 2K Czech de révolutionner la petite balle jaune virtuelle en proposant des échanges aussi longs, tactiques et intenses qu'ils peuvent l'être dans la réalité. Fini l'essuie-glace gagnant à tous les coups, fini aussi l'abus de coups à plat et surtout, fini les matches où l'on compte les fautes directes sur les doigts d'une main. Désormais, et comme cela commençait à être sérieusement le cas dans Top Spin 3, une connaissance parfaite de ses propres points forts et surtout, du jeu de l'adversaire, est la clé de la victoire. Aussi, selon votre capacité d'adaptation et de lecture du jeu de votre rival, la physionomie d'une rencontre va évoluer. Un bon moyen d'éviter les scores du type trois fois 6-0 ou trois fois 7-6. Dans Top Spin 4, vous vivez de vrais matches de tennis avec les temps forts et les temps faibles que n'importe quel pro doit gérer sur plusieurs sets. Mon dieu que c'est bon !
Contrairement à Virtua Tennis, inviter un pote néophyte en la matière à venir taper la balle en votre compagnie ne présente pas le moindre intérêt. Le malheureux ne renverra pas une balle correctement et vous lui infligerez la punition de sa vie. Le passage par la case Académie, où un enseignement théorique et pratique assez exhaustif vous est dispensé, est obligatoire. Et encore, comme un jeune conducteur qui vient de décrocher le papier rose, vous n'aurez pas l'expérience indispensable pour devenir un bon joueur de Top Spin 4. Celle-ci s'acquiert dans le mode Carrière dont nous parlons un peu plus tard dans le test. Pour en revenir à cette fameuse prise en main, notez que tout est question de timing et que chaque coup, même le plus basique, exige un maximum de justesse dans sa réalisation. Ainsi, c'est en dégainant votre coup le plus tard possible que vous obtenez la plus grande force et/ou la meilleure précision. Cela dit, relâcher la touche après l'exécution du geste pourrit complètement le timing. Qu'il s'agisse d'un coup à plat, d'un lift, d'un slice ou d'un lob, la logique est toujours la même. Mais plus que dans n'importe quel autre jeu de tennis, leur utilisation ne doit jamais être aléatoire mais motivée par une volonté de faire déjouer l'adversaire. On retrouve alors tout un tas de situations d'un réalisme étonnant et jamais vous n'avez l'impression d'avoir perdu ou remporté un point sur une triche. Pour une fois, c'est le joueur le plus intelligent et pas le plus bourrin qui gagne.
Top Spin 4, c'est aussi l'apparition de vrais services-volée. Un mécanisme que la plupart des jeux de tennis oublient alors qu'il est la pièce maîtresse du jeu de certains tennismen... Leur exécution est semi-manuelle puisque après avoir servi, le joueur appuie sur une touche de tranche qui propulse son avatar au filet dés lors qu'il a retrouvé ses appuis. Ensuite, la volée devra être réalisée avec le toucher qui s'impose, toujours selon un timing bien précis. S'il n'est pas parfait, la geste sera raté et au lieu de conclure le point, le joueur sera une proie facile pour un adversaire spécialisé dans le passing-shot. D'ailleurs, le jeu au filet est sans doute le mécanisme le plus compliqué à maîtriser dans Top Spin 4 puisque, position sur le court oblige, il n'a que très peu de temps pour adapter son timing à la frappe de son adversaire. Ainsi, inutile de matraquer une touche pour espérer boucher les angles car même si vous renvoyez la balle, un passing aura tôt ou tard raison de votre manque de précision. Toujours au niveau des services, Top Spin 4 permet de réaliser enfin de véritables services slicés pour sortir votre adversaire du court ou tout simplement pour assurer sur une seconde balle. Là aussi, on compte autant de variantes qu'il en existe en réalité et les utiliser permet souvent de marquer des points faciles via des aces ou services gagnants. Oui, des aces ! Une notion là aussi absente des jeux de tennis contemporains à moins d'un gros loupé du retourneur...
Autre notion importante et gérée sur le court, moyen et long terme, la fatigue. Cela change à peu près tout. Une jauge d'endurance accompagne discrètement les joueurs et chute si ces derniers multiplient les allers-retours aux quatre coins du court. Évidemment, les points remportés sur 20 ou 30 échanges font beaucoup de dégâts jusqu'à compliquer sérieusement le coup le plus classique. Si le timing "parfait" est facile à obtenir en début d'échange, il n'en est rien après avoir fait beaucoup d'effort et balayé la ligne de fond sans interruption. La conséquence directe est logique : la balle aura davantage tendance à sortir du court. A l'instar des aces dont la fréquence est réaliste, les fautes directes sont bien plus nombreuses dans Top Spin 4 que dans tout autre jeu du genre. Retours dans le filet, amortis renvoyés par la bande, balles dans le couloir, tout y est, la majeure partie du temps provoqué par l'adversaire. D'ailleurs, pour pousser le réalisme le plus loin possible, la fameuse bande du filet peut jouer des tours à l'un des deux acteurs, selon que la balle retombe dans le bon ou le mauvais carré. Un petit geste d'excuse de celui qui profite de la situation et on s'y croit. Mais là encore, 2K Czech a réussi un véritable tour de force en respectant la fréquence de ce genre de situation. Jamais on n'a vu un jeu de tennis aussi varié et crédible à la fois, ce qu'on vérifie rapidement en zieutant les statistiques qu'on croirait pondues depuis un vrai match.
Le mode Carrière de Top Spin 4 suit l'architecture introduite par le précédent volet. Après être passé par le traditionnel éditeur de joueurs, très bien fichu et incroyablement précis et complet, vous vous lancez sur le circuit dames ou messieurs dans l'espoir de devenir numéro un mondial. S'il est bien pensé et vous occupe une vingtaine d'heures, le temps d'arriver en tête de la hiérarchie, ce mode souffre d'une difficulté plutôt mal dosée. Tout d'abord, la progression du joueur est trop rapide et en deux saisons et demie, vous serez passé du statut d'inconnu à celui de nouveau patron du tennis mondial. Pourtant, l'évolution des attributs de votre avatar est franchement bien fichue, à savoir qu'on insiste davantage sur le style du joueur (attaquant, défenseur ou volleyeur) qui, ensuite, influe sur les fameux attributs. Non, le vrai souci, c'est le niveau de l'IA, trop faible et/ou trop irrégulier. On comprend ainsi difficilement qu'il faille atteindre les demi-finales d'un tournoi du Grand Chelem pour voir une star (Nadal, Federer, Djokovic & Co) servir à plus de 120km/h... Evoluant à leur véritable niveau durant ces grands évènements, ceux-ci jouent le reste de l'année un tennis aussi médiocre que les innombrables joueurs fictifs du titre. De quoi nuire quelque peu à l'immersion et faire de ce mode le meilleur moyen de faire progresser votre perso, ni plus ni moins.
Toutefois, loin de nous l'idée d'affirmer que le mode Carrière est décevant. Outre ce problème de difficulté mal équilibrée, on n'y trouve que de bonnes choses et notamment une interface certes un peu lente mais bourrée de points d'intérêts en tout genre. On pense notamment à une fiche historique et statistique qui retrace votre parcours depuis votre premier match dans un tournoi local disputé sur une surface sous-entretenue jusqu'aux finales de Grand Chelem vaillamment remportées. Tous les classements sont également consultables, qu'il s'agisse du classement technique ou de la Race, appelés ici classement Top Spin et classement Saison. De son côté, votre boîte de réception est spammée par des entraîneurs ou des sponsors apportant toujours de très bonnes nouvelles. Comme c'est le cas dans la carrière d'un joueur professionnel, vous pourrez d'ailleurs changer de coach quand vous le souhaitez. Cela permet de travailler des points précis et une fois les objectifs atteints, de jouir de certaines compétences comme un meilleur service, des coups slicés qui gagnent en précision au fur et à mesure du match ou encore une capacité à jouer les contre-pieds accrue. La notion de personnalisation de l'expérience est ainsi omniprésente, en termes de style de jeu comme d'apparence puisque les équipementiers les plus connus (Nike, Adidas, Fila et j'en passe) vous fournissent tout un tas de tenues et raquettes. Enfin, en plus des points d'XP indispensables à la progression de votre protégé, l'accent est mis sur sa popularité. Des événements spéciaux comme le tournage d'une publicité (que vous ne verrez jamais) permettent de gagner des fans, histoire de détrôner Nadal et les autres qui en comptent 300 000 et plus.
Le principal reproche qu'on fera à Top Spin 4 concerne son casting, indigne d'une simulation aussi pointue. On ne compte en effet que 10 pros messieurs (Federer, Nadal, Djokovic, Murray, Roddick, Davydenko, Simon, Blake, Wawrinka et... Tomic (!!)) et 7 pros dames (S. Williams, Wozniacki, Ivanovic, Safina, Jankovic, Zvonareva et... Bouchard (!!)). Ajoutez à ces rescapés 8 légendes dont tout le monde se fout (Agassi, Sampras, Borg, Becker passé par les ultraviolets, Courier, Rafter, Chang et Lendl) et vous obtenez un casting aussi misogyne que quantitativement décevant. Pourtant, il demeure dans la moyenne des jeux de tennis mais ne devons-nous pas attendre beaucoup plus de Top Spin 4 ? En plus d'influer sur le réalisme du mode Carrière (les ¾ des matches se jouent alors face à des joueurs fictifs, beurk), ce manque de joueurs fait rapidement tourner l'utilisateur en rond. Alors, il reste le jeu en ligne qui, comme le local, permet de jouer jusqu'à quatre, via différents modes dont un uniquement accessible avec votre pro personnalisé. Faut-il encore réussir à tomber face à un joueur qui ne choisit pas la solution de facilité en optant pour Nadal dont l'endurance et le coup droit font vraiment très mal...
- Graphismes17/20
S'il peut parfois lui manquer quelques détails sur les courts ou un peu plus de finesse au niveau des visages des joueurs, Top Spin 4 demeure visuellement hyper crédible et surtout, magistralement animé. La décomposition des gestes renvoie à ce qui a été fait dans NBA 2K11, à savoir un travail de sape pour personnaliser la façon d'évoluer de chacun des protagonistes. Dans leurs attitudes, dans leur posture et dans leur démarche, les joueurs bougent comme les vrais.
- Jouabilité19/20
Top Spin 3 avait posé les bases d'un gameplay qu'on retrouve enrichi, plus mûr, plus varié et plus crédible. En donnant une place à des mécanismes classiques mais souvent boudés par la plupart des jeux de tennis (service-volée, aces, fautes directes, gestion de la fatigue...), Top Spin 4 propose des échanges soutenus et imprévisibles, jamais frustrants et dans lesquels les meilleurs tacticiens ont un avantage sur les joueurs plus bourrins. Du vrai tennis, tout simplement.
- Durée de vie16/20
On fait le tour du mode Carrière en une vingtaine d'heures de jeu. C'est raisonnable, d'autant que la rejouabilité infinie de Top Spin 4 promet de très prenantes parties entre amis et en ligne. Le fait de pouvoir paramétrer la durée des matches, pas seulement en exhibition joue également en faveur du jeu de 2K Czech. Dommage que le casting soit si médiocre, tant quantitativement qu'au niveau du choix des joueurs.
- Bande son18/20
L'ambiance studieuse d'un match de tennis n'est pas toujours facile à reproduire. Pourtant, entre une retransmission TV et Top Spin 4, on ne voit guère de différences. Les manifestations des joueurs sont toujours dans le ton, comme celles du public. Chacun des bruitages est parfaitement intégré en fonction de la surface. Pour ne rien gâter, on retrouve quelques titres hyper connus pour nous accompagner dans l'interface.
- Scénario/
La petite balle jaune virtuelle a trouvé en Top Spin 4 sa référence historique. Simulation accomplie, le jeu de 2K Czech place la barre si haut qu'un nouveau départ vient d'être donné en termes de réalisme et de variété dans un jeu de tennis. Incroyablement fidèle au rythme et à l'intensité du tennis tel qu'il est dans la réalité, ce quatrième opus d'une série déjà saluée pour sa qualité procure un plaisir infini, seul ou à plusieurs. Travaillé jusqu'aux moindres détails, Top Spin 4 aurait même pu prétendre à une meilleure note si son casting avait tenu la route. Pour Top Spin 5 ?