En marge des grosses sorties Square Enix attendues ces temps-ci sur PSP, l'équipe de NIS America continue de proposer aux possesseurs de la portable de Sony quelques bonnes surprises en matière de RPG. Après Cladun, Prinny 2 et Z.H.P., c'est encore du côté du Playstation Network que les joueurs européens vont devoir s'aventurer s'ils veulent découvrir l'adaptation d'un des meilleurs T-RPG de la PS2.
Découvert il y a maintenant plus de 5 ans sur PS2, Phantom Brave est encore aujourd'hui considéré comme l'un des meilleurs représentants du RPG tactique signé Nippon Ichi et n'a jamais eu à rougir de la comparaison avec Disgaea. D'ailleurs, le titre avait su habilement se démarquer des autres productions du développeur en proposant un système de jeu truffé de particularités et un contexte narratif un peu moins léger et plus touchant que Disgaea et consorts. C'est donc avec une joie non dissimulée que l'on avait appris la mise en chantier d'une adaptation Wii quelques années plus tard, mais celle-ci ne vit finalement jamais le jour en Europe. Heureusement, la sortie de Phantom Brave : The Hermuda Triangle sur le PSN vient remettre les pendules à l'heure en permettant aux joueurs les plus avisés de le (re)découvrir.
Phantom Brave : The Hermuda Triangle n'est malheureusement pas une suite du jeu original, du moins pas vraiment. Il s'agit plus précisément d'une adaptation de la version Wii qui était elle-même une conversion de la mouture PS2 agrémentée d'un scénario inédit. Ce scénario supplémentaire est bien présent dans cet opus PSP. Il reste inédit pour le public européen et offre un prolongement de l'histoire initiale au travers d'une série de nouvelles missions réservées aux joueurs expérimentés. Intitulé Another Marona, cet épilogue bonus est accessible d'entrée de jeu, puisqu'on démarre avec un nouveau groupe de personnages relégués au niveau 1, bien que l'action se situe après les événements de l'intrigue principale. La particularité de la version PSP est d'ajouter un certain nombre de protagonistes jouables inédits tirés des autres séries Nippon Ichi, comme le fameux Prinny, le seigneur Zeta de Phantom Kingdom ou encore le héros de Z.H.P.
Le prologue de l'aventure principale met en scène un brave jeune homme nommé Ash alors qu'il périt brutalement aux côtés de ses compagnons suite à l'attaque dévastatrice d'un démon supérieur. Piégé entre la vie et la mort, Ash devient ainsi ce que l'on appelle communément un fantôme et continue de se battre dans le seul but de protéger Marona, la fille d'un de ses compagnons disparus. Marona possède l'étrange faculté de voir les fantômes, elle est donc la seule à pouvoir communiquer avec Ash, ce don lui ayant malheureusement valu d'être rejetée et persécutée par les individus dits « normaux ». Ensemble, Ash et Marona vont accepter de chasser les démons pour sauver les habitants des îles environnantes en levant une armée d'êtres immatériels qui viendront chacun apporter leur savoir et leurs talents au groupe.
Au fil de la progression, le joueur peut ainsi enrôler de nouveaux personnages pour consolider son équipe en choisissant leur nom et leur classe. On peut soit les acheter, soit les recruter après les avoir vaincus durant une mission, à l'instar du forgeron qui peut améliorer l'efficacité des objets pour libérer leur potentiel caché ou du "fusionist" capable de combiner des unités avec certains items. Les textes sont, vous l'aurez deviné, en anglais, mais c'était déjà le cas de la version PS2. Les voix japonaises sont également accessibles dans les options. Toutes les phases narratives sont mises en scène en 2D et le résultat est joliment réalisé avec un soin tout particulier accordé aux arrière-plans et au design des créatures mi-humaines mi-animales souvent adorables. Les arènes de combats sont, en revanche, en 3D, et paraissent un peu dépouillées, d'autant que certains éléments du décor ne facilitent pas toujours leur lisibilité. Ces zones fermées possèdent en effet plusieurs degrés d'élévation qui handicapent parfois la gestion des déplacements caractérisée par l'absence de mouvements effectués case par case.
C'est d'ailleurs l'une des particularités les plus singulières de Phantom Brave, les déplacements des unités s'effectuant via un cercle matérialisant la zone que l'on peut couvrir à chaque tour. Ce système pose cependant parfois quelques problèmes de précision assez importants dans le sens où le moindre dénivellement peut modifier la distance des déplacements de manière imprévue. Il ne sera de toute façon pas repris par la suite dans les autres titres du studio Nippon Ichi. L'autre grande particularité de Phantom Brave réside dans la notion de « confine ». Il s'agit d'une technique propre à Marona qui lui permet d'invoquer les fantômes en les matérialisant à partir des multiples éléments présents sur le terrain. Les stats de chaque unité diffèrent cependant en fonction de l'objet à partir duquel elles se sont incarnées, ce qui constitue un élément stratégique majeur dans la résolution des batailles. Par exemple, certaines plantes peuvent favoriser l'intelligence et donc l'exécution des sortilèges, tandis que des pierres renforceront plutôt l'attaque mais affaibliront la défense.
Il faut également faire attention à ne pas invoquer toutes ses unités trop tôt, car elles ne resteront sur le terrain que pendant un laps de tours limité. Et comme elles ne pourront plus être invoquées par la suite durant la même bataille, mieux vaut attendre de pouvoir en confiner d'autres un peu plus loin afin qu'elles prennent le relais au bout de quelques tours. Par ailleurs, plutôt que de confiner un personnage dans une arme, il sera souvent préférable de lui demander de la soulever pour l'utiliser directement en combat. Aux armes sont d'ailleurs associées des compétences que l'on peut activer moyennant quelques SP, mais seuls les personnages ayant les mains libres sont capables de porter les ennemis pour les projeter dans le vide. Un élément assez intéressant qui permet aux unités les plus faibles de se rendre utiles en faisant le ménage sans qu'elles aient à combattre à la loyale.
Autre subtilité non négligeable, certains items présents sur le terrain affectent également les stats des ennemis, en renforçant par exemple leur défense ou en leur faisant gagner des niveaux à chaque tour. Il faut alors détruire ces objets en priorité avant de s'attaquer aux monstres qui bénéficiaient de leur protection. On peut évidemment tourner ce facteur à notre avantage en confinant des fantômes près des objets qui leur octroient des bonus ou qui les régénèrent, ou carrément dans lesdits objets pour qu'ils émettent ensuite ces effets bénéfiques en direction des autres personnages. Le système de jeu de Phantom Brave est d'une richesse étonnante et convaincra sans mal les inconditionnels du genre, d'autant que la durée de vie est dans la droite lignée des autres productions Nippon Ichi, à savoir colossale. Espérons que ceux qui étaient passés à côté de ce titre sur PS2 sauront saisir l'opportunité de cette sortie PSP pour se rattraper.
Etant donné l'impossibilité de capturer nos propres images, les screens qui illustrent ce test proviennent de l'éditeur.
- Graphismes15/20
Le rendu graphique est identique à celui de la version PS2 sortie en 2005 et s'avère bien plus efficace durant les phases de narration en 2D que durant les phases de combat en 3D.
- Jouabilité16/20
Dommage que le cercle de déplacements génère quelques soucis de précision car le système de jeu est d'une richesse confondante.
- Durée de vie16/20
L'aventure principale a déjà de quoi retenir votre attention pendant plusieurs dizaines d'heures. A cela s'ajoute le scénario supplémentaire déjà présent dans la version Wii mais inédit en Europe où la version Wii n'est jamais sortie.
- Bande son15/20
L'ambiance sonore trouve son efficacité dans son doublage japonais et ses musiques souvent mélodieuses et toujours diversifiées.
- Scénario15/20
Le thème proposé est moins barré que ce à quoi Nippon Ichi nous avait habitués mais les personnages n'en sont que plus attachants. L'histoire surprend dès le départ mais elle s'installe un peu trop vite dans un certain classicisme.
Même si Phantom Brave demeure plus que jamais l'un des chefs-d'oeuvre de Nippon Ichi aux côtés de Disgaea, il nous faut tout de même sanctionner ici le peu d'ajouts apportés par cette version PSP. Mais que les fans de RPG tactiques ne s'y trompent pas, en dépit des quelques années passées depuis sa sortie sur PS2, Phantom Brave n'a pas pris une ride et reste un petit bijou d'inventivité et d'efficacité.