S'il est devenu de plus en plus difficile d'imposer un MMORPG payant sur un marché vampirisé par World of Warcraft, le modèle free-to-play semble lui en pleine expansion. Le net voit ainsi fleurir depuis quelques années de nombreux jeux gratuits à la qualité très variable. Déjà doté d'un catalogue assez fourni à ce niveau, le portail Alaplaya annonce fièrement l'arrivée d'un nouveau venu dans sa famille, Forsakia – The Lost Clans. Disponible directement sur navigateur et ne nécessitant donc aucun téléchargement, ce titre orienté PvP propose au premier abord une expérience pour le moins complète. Méfiance toutefois car dans le monde impitoyable des free-to-play, les apparences sont souvent trompeuses.
Autant être clair de suite, Forsakia – The Lost Clans ne se démarque pas de la concurrence par son originalité. Loin de là. Si vous cherchez des petites perles d'inventivité, inutile de persister, ce jeu n'est pas fait pour vous. Dès le départ, le joueur comprend d'ailleurs où il a mis les pieds. La première étape consiste en effet à choisir son personnage parmi six profils prédéfinis, la moitié de ces derniers étant masculine, l'autre féminine. Globalement, cette décision n'aura pas un énorme impact sur le déroulement de la partie. Les seules différences notables se situent au niveau du look et des statistiques de départ, qui sont pour ces dernières modifiables à volonté au cours de l'aventure. Après avoir nommé votre avatar, vous voilà propulsé dans le monde fantastique de Jianghu, régi par la magie et peuplé de monstres farfelus. Via une vue isométrique classique, vous découvrez des décors évoquant la Chine impériale avec une myriade de temples, de forêts luxuriantes et de costumes très typiques. Visuellement, le jeu s'en tire plutôt bien, en particulier si l'on garde en tête qu'il ne s'agit ici que d'un jeu sur navigateur développé avec des moyens somme toute assez limités. La palette de couleurs employée est large et les environnements sont riches en détails. Quant au design des personnages et des monstres, il reste relativement simple et mignon, un peu dans la veine d'un Ragnarök Online. Si on ne passera pas deux heures à explorer les décors, on aura donc plaisir à les traverser. Enfin, la première fois...
Forsakia arbore en effet un système de jeu très basique. Attendez-vous donc à remplir des tonnes de quêtes simultanément, nécessitant des allers-retours incessants entre les parties sauvages de la carte et les villes. Le titre n'évite d'ailleurs malheureusement pas les écueils du genre en proposant tout un tas de missions franchement inintéressantes en solo. Tuer cinq serpents, dix rats et quinze champignons, voilà ce qui vous attend la majorité du temps. On regrette donc que la nature des quêtes ne varie que très peu. Au rayon des désillusions, on peut également souligner l'absence d'une quelconque trame scénaristique. Pour trouver trace de l'histoire, il faudra chercher avec abnégation. Si le contexte initial est connu - une lutte pour le pouvoir entre plusieurs clans légendaires à la recherche d'un leader - l'intrigue n'évolue jamais. Pour faire simple, on ne sait pas trop pourquoi ni pour qui on se bat. Mais après tout, qu'importe.
Tout l'intérêt de Forsakia se situe dans les combats. Cela tombe plutôt bien car les quêtes vous incitent presque systématiquement au lynchage de monstres. Le jeu arbore un système au tour par tour assez classique. Chaque protagoniste frappe son ennemi puis tend la joue pour que celui-ci rende le coup. Un procédé éculé mais qui fonctionne ici plutôt bien. Evidemment, en plus de l'attaque de base, vous avez le droit de vous défendre, d'utiliser sorts magiques et objets. Mais Forsakia propose aussi et surtout un système de capture de monstres. Il est en effet possible de prendre dans ses filets n'importe quel adversaire avant de s'en servir lors des combats. Celui-ci possède bien évidemment ses propres attaques et dispose d'un niveau indépendant du vôtre. Cet animal de compagnie participe aux affrontements directement mais ne prend pas votre place comme dans un Pokémon. Dès le début de l'aventure, vous pourrez emmener trois monstres dans vos bagages. Cependant, un seul d'entre eux pourra se battre à la fois à vos côtés même s'il est possible de les interchanger lorsque l'action bat son plein. A vous de choisir lesquels complèteront le mieux vos compétences. Globalement, les combats réclament un minimum de sens tactique mais ne demandent pas non plus un BAC+5 en Final Fantasy. La mise en scène lors de ces scènes de fight est pour sa part minimaliste. Tout est conçu pour servir l'immédiateté du gameplay et pour favoriser un enchaînement rapide des affrontements. Pour autant, il ne faudra pas non plus se précipiter ou partir à l'abordage dans une zone qui ne vous est pas réservée. Sinon, la sanction sera instantanée. A moins que l'on ait formé au préalable un groupe avec d'autres combattants. Certaines quêtes ne s'accomplissent d'ailleurs qu'à plusieurs en raison de leur difficulté.
Lorsque l'on parle MMORPG, on évoque forcément tôt ou tard le système d'évolution du personnage. Dans Forsakia, vous débutez au niveau 6. Allez savoir pourquoi... Un tutoriel introduit d'ailleurs de manière efficace les notions de base du jeu. A ce stade, vous pouvez déjà répartir les points d'expérience glanés à travers les cinq catégories suivantes : Attaque, Agilité, Constitution, Endurance et Perception. Selon vos choix, le personnage augmentera sa force brute, son aptitude à la magie, sa capacité à encaisser les chocs, son nombre d'HP, de mana et ainsi de suite. Le profil de votre avatar évoluera donc complètement en fonction de vos décisions. Au-delà de ce principe de base, il existe deux étapes importantes dans Forsakia. La première intervient au niveau 10. C'est à ce moment que vous devez opter pour une guilde. Il ne s'agit pas ici d'un regroupement de joueurs humains mais d'une sorte de parti politique auquel vous devez adhérer pour acquérir de nouvelles compétences permettant l'utilisation de sorts magiques. Chacun d'entre eux dispose bien sûr de skills propres et il faudra donc bien réfléchir avant de choisir sa voie, cette décision étant irréversible. Pour apprendre chaque compétence, il faudra se rendre auprès de son maître de guilde et dépenser argent et points d'expérience. C'est pour cela qu'à partir du niveau 10, vous pourrez choisir de dépenser l'XP pour monter de niveau ou apprendre de nouveaux sorts. Le deuxième moment crucial dans votre évolution, c'est au level 30 – 60 étant le maximum - que vous le connaîtrez. A partir de là, le résultat des combats en PvP sont pris en compte et un classement est établi. Mieux, il est même possible de se battre entre clans, qui regroupent cette fois des humains, pour savoir qui domine le monde de Jianghu. Ces étapes apparemment réservées à une élite en raison du niveau à atteindre, surviennent en fait très vite au cours de votre progression. Tout simplement parce que le joueur monte de niveau rapidement. Et ce, uniquement en terminant des quêtes, basher du monstre étant très peu rentable. En trois petites heures, vous accéderez ainsi au niveau 10 et commencerez réellement à vous amuser. Ce fonctionnement façon MMORPG accéléré est assez logique au regard du support. Rien de bien choquant donc, au contraire. Toujours dans le but de faciliter la vie au joueur, on trouve également des maps détaillées sur chaque zone du monde contenant notamment les personnages importants présents dans les villes. En cliquant sur leur nom, votre avatar se rendra automatiquement auprès d'eux, comme sur n'importe quel endroit de la carte. De quoi gagner de précieuses secondes. Un système de cadeaux a également été mis en place pour permettre aux joueurs de recevoir gratuitement des objets. Que ce soit via l'interface de base ou dans sa maison. Car chaque joueur possède une demeure qu'il pourra décorer à sa guise grâce à de multiples éléments qu'il récupérera au cours de l'aventure. Au milieu de celle-ci se trouve une sorte de chaudron. C'est ce dernier qui donnera accès à intervalles réguliers à des cadeaux.
Parmi les autres options proposées par le jeu, on trouve également le système de crafting. En collectant des objets en tout genre sur le cadavre de vos ennemis ou en puisant dans les ressources naturelles du monde de Jianghu, il sera possible de créer des pièces d'équipement ou d'améliorer celles déjà en notre possession. Enfin, cela n'est que théorie car en pratique, le fonctionnement de l'artisanat est tout bonnement incompréhensible. Et si le tutoriel expliquait clairement les bases du jeu, il oublie curieusement de détailler les fonctionnalités les plus poussées et donc les plus intéressantes. Puisque l'on est au rayon des problèmes, allons-y. Le jeu est encore relativement instable, rendant les plantages réguliers. Pénible mais pas dramatique non plus étant donné que votre progression ne sera jamais perdue. De nombreux bugs d'affichage, notamment au niveau des textes, sont aussi à noter, ce qui a malheureusement tendance à gâcher tous les dialogues. D'autant plus que le jeu n'est disponible pour le moment qu'en anglais (la version française est prévue mais arrivera plus tard). Dommage car les ennemis font preuve d'un humour certain lors des combats. Avant de conclure ce test, un petit mot tout de même sur le modèle économique de Forsakia. Si le jeu est entièrement gratuit, il utilise les fameuses micro-transactions bien connues des amateurs de titres disponibles en free-to-play. En gros, moyennant une somme d'argent bien réel, les joueurs pourront accélérer leur progression en achetant différents objets. Cela va de la pilule boostant l'augmentation de l'XP à des meubles pour sa maison, en passant par des armes ou des montures.
- Graphismes14/20
Visuellement, Forsakia – The Lost Clans est séduisant, notamment grâce à la variété des environnements proposés. Le character design est pour sa part soigné et les animations accompagnant les combats demeurent sympathiques. L'ambiance se dégageant de l'ensemble est donc globalement plaisante. On regrettera d'autant plus les nombreux bugs d'affichage rencontrés.
- Jouabilité11/20
Malheureusement, le gameplay est plombé par deux problèmes majeurs. D'une part, certaines fonctionnalités sont quasiment inutilisables car incompréhensibles et mal conçues. On pense notamment au crafting. D'autre part, on regrette le trop grand nombre d'allers-retours qu'il faudra effectuer entre la ville et le reste de la carte. Un mode de fonctionnement qui fait naître rapidement chez le joueur un sentiment de lassitude fatal. Pour autant, tout n'est pas à jeter, loin de là. Les combats sont très agréables et le système d'évolution est bien pensé. A cela s'ajoutent notamment les affrontements en PvP ou encore l'élevage de monstres.
- Durée de vie12/20
Voilà un point qui se discute. En soi, Forsakia peut vous occuper facilement plusieurs dizaines d'heures de votre temps libre. Mais pour cela, il faudra passer outre la répétitivité du titre, ce qui n'est pas une mince affaire. En attendant, le jeu offre tout de même un contenu assez dense avec de multiples fonctionnalités et la possibilité de se réunir en clan pour des combats massifs en PvP.
- Bande son10/20
Au départ, on apprécie le thème principal du jeu ainsi que les quelques autres musiques rythmant l'aventure. Toutefois, leur nombre étant très limité, on finit rapidement par couper toute source sonore.
- Scénario4/20
On nous avait promis un scénario épique mais on cherche toujours une quelconque trace de l'histoire dans le jeu. Ahhhh, les promesses...
Si l'on garde bien en tête la gratuité d’accès et le support sur lequel se joue Forsakia – The Lost Clans, à savoir directement sur navigateur, le jeu est loin d'être ridicule. Il offre même une expérience assez complète quoique répétitive avec un gameplay disposant des fonctionnalités de base d'un MMORPG. De toute manière, le nouveau titre d'Alaplaya ne vise clairement pas un public de connaisseurs mais plutôt des joueurs plus occasionnels ne souhaitant pas investir temps, argent et vie sociale dans un MMORPG. En cela, Forsakia remplit à peu près ses objectifs. Reste maintenant à corriger ce qui peut l’être, à savoir les bugs et à mettre à la disposition des joueurs une version française intégrale.