La première impression en prenant le volant de l'un des 25 camions disponibles dans Extreme Trucker est plutôt bonne. Les véhicules, allant de la benne à ordures à l'énorme roadtrain sont bien modélisés, et les routes que l'on doit parcourir avec leurs chargements sont assez agréables à regarder. Les commandes sont faciles à maîtriser, on peut alterner entre une vue interne ou des vues externes et l'inertie des camions est relativement convaincante. Débutant directement dans le grand nord canadien, notre mission est simple : de jour comme de nuit, par beau temps comme en pleine tempête de neige, il s'agit d'aller d'un point A à un point B le plus rapidement possible en évitant les multiples dangers d'un environnement arctique. Circulant sur des pistes enneigées encombrées de nombreux autres véhicules et de divers obstacles, on devra également rouler sur de la glace qui menace de céder à la moindre faute d'inattention. Nous voici donc en train de zigzaguer entre une crevasse, un chasse-neige et le contenu d'un camion renversé sur le bas-côté de la route en appuyant sur le champignon pour ne pas perdre de points à la fin de la mission. En effet, chaque seconde en trop est susceptible de réduire notre score, tout comme l'état de notre camion à l'arrivée.

Cependant, au bout de la quatre ou cinquième mission en pays inuit, les défauts d'Extreme Trucker sautent aux yeux. Tout d'abord, le gameplay consistant simplement à nous rendre à un point de rendez-vous donné ne se renouvelle jamais. Il n'y a pas de scripts spéciaux, pas d'événements aléatoires hormis quelques accidents et le type de notre camion comme la nature de son chargement n'influent guère sur l'expérience de jeu. Ensuite, la taille de la carte est absolument ridicule si bien qu'on la connaîtra pratiquement par coeur en moins d'une heure. Malheureusement, on constatera plus tard que la route de Yungas et arrière-pays australien ne valent pas mieux. Est-ce la raison pour laquelle les développeurs ont jugé bon de priver les joueurs de GPS et de mini-carte ? On est tenté de le croire. Or, c'est bien dommage puisque mettre le jeu en pause toutes les deux minutes pour vérifier qu'on ne s'est pas trompé d'itinéraire se révèle vite profondément agaçant. Enfin, l'aspect gestion qui a fait la renommée de la série Euro Truck Simulator du même développeur est totalement absente de cet épisode de 18 Wheels of Steel. Pas d'achats de camion, pas d'améliorations des véhicules, pas de réparations des dommages ni même de passage à la pompe... Rien ! On peut rouler autant qu'on le souhaite sans jamais tomber en panne sèche ni se fatiguer. L'économie n'a aucune influence non plus sur le gameplay puisqu'il n'y a pas d'entreprise à superviser. D'ailleurs, il n'y a aucune négociation avec les fournisseurs ni de variation des cours.

Au final, Extreme Trucker est donc bien plus proche d'un jeu d'action que d'une simulation. Malgré le froid polaire des pistes canadiennes, le sens de circulation inversé sur des petites routes australiennes ou les périls de la célèbre route de Yungas (la plus dangereuse du monde d'après les connaisseurs), la lassitude prend très vite le dessus sur l'excitation. Les chargements ont beau être relativement variés et spectaculaires (Maison, hélicoptère...), les missions sont parfaitement soporifiques. A tel point que devoir les refaire pour accumuler les points nécessaires au déblocage de tout le contenu du soft devient vite une véritable corvée. S'agissant d'un jeu et donc d'un divertissement, 18 Wheels of Steel : Extreme Trucker rate donc son objectif principal. Dommage, ce titre réalisé par des développeurs expérimentés avait pourtant un réel potentiel...