Tombée dans les oubliettes depuis plus d'une décennie maintenant, la saga des Wonder Boy a pourtant connu son heure de gloire sur les consoles Sega des années 80 et 90. Quatre jeux estampillés Wonder Boy ont ainsi été développés pour la Master System, et c'est fort logiquement que Sega décida ensuite de porter sa série sur Megadrive, laquelle connaîtra trois épisodes, dont un ne sortira d'ailleurs qu'au Japon (Monster World IV). Mais c'est sur le deuxième opus Megadrive de la série, intitulé Wonderboy in Monster World, que nous allons nous attarder aujourd'hui.
Dur, dur d'être un preux chevalier dans un monde infesté de monstres et de dragons… C'est sans doute ce que doit se dire Shion, lui qui est si souvent réquisitionné pour sauver la veuve et l'orphelin. Cette fois, l'histoire commence tranquillement dans un petit village répondant au doux nom d'Alsedo. Ce dernier se trouve soudain envahi par des monstres, et la reine n'a donc pas d'autre solution que d'aller chercher de l'aide dans le village voisin de Purapril. Manque de chance, cette bourgade est également persécutée. C'est précisément à ce moment-là que Shion décide de remettre le bleu de chauffe et de prendre les choses en main.
Notre héros débute son périple avec une jauge de vie restreinte, une épée basique et un bouclier tout ce qu'il y a de plus classique. Mais petit homme deviendra grand, et au fur et à mesure que Shion progresse dans l'aventure, il se verra doté de capacités spéciales, de réserves de vie supplémentaires, de magies et d'un armement un peu plus conséquent. Pour s'améliorer de la sorte, notre héros pourra utiliser dans les commerces des villages (armurier, marchand de potions) l'argent que les monstres auront laissé tomber derrière eux. Il pourra aussi s'équiper tout seul comme un grand en mettant la main sur des coffres que l'on trouve entre autres dans les nombreux passages secrets dont regorge le jeu. A noter que, une fois qu'ils auront été délivrés, certains protagonistes comme une fée ou un nain viendront prêter main forte à Shion lors de ses batailles. L'union fait la force !
On voit donc que ce Wonder Boy n'est pas un jeu de plates-formes traditionnel, et qu'il lorgne plutôt du côté des action-RPG, ce qui lui confère une aura toute particulière. Cette dimension est d'ailleurs renforcée par le fait que la plupart des niveaux ne se dévoilent dans leur intégralité que lorsque l'on possède l'objet adéquat. Par exemple, pour nager dans certaines eaux et ainsi pouvoir découvrir tous les secrets du monde du silence, il faudra au préalable être en possession du sacro-saint trident de Poséidon, que l'on aura au préalable trouvé dans un donjon. Dans le même ordre d'idées, on peut aller dans le désert assez rapidement dans le jeu, mais y aller sans les bottes adéquates relève du suicide car sans elles, le sable brûlant consume l'énergie de notre héros.
On passe donc d'un donjon à l'autre avec le plus grand plaisir, et sans lâcher la manette tant on a envie de savoir quelles vont être les nouvelles zones accessibles grâce à tel ou tel objet. Il est seulement dommage que les donjons soient si courts, et que le level design de ces derniers ne soit pas plus fouillé. Des boss un peu plus corsés n'auraient pas fait de mal non plus, mais ne chipotons pas car le jeu dispose d'une excellente durée de vie. Le finir d'une traite suppose en effet de nombreuses heures de jeu, mais pas de souci, il suffit de se rendre dans une des auberges (chaque village en a une) pour pouvoir sauvegarder sa progression.
D'un point de vue purement technique, le jeu est tout à fait charmant et réussit sans mal à transporter le joueur dans ce monde médiéval peuplé de dragons. Ce n'est pas le plus beau titre Megadrive, loin s'en faut, mais les décors sont joliment dessinés, les personnages sont très attachants et il se dégage de cet univers un grand sentiment de cohérence. Les musiques contribuent également grandement à cette immersion, tant elles ont cette faculté à être entraînantes. Seuls quelques arrière-plans vides, et quelques soucis au niveau de l'animation viennent ternir ce très honorable bilan technique.
En un mot comme en cent, ce Wonder Boy In Monster World est un excellent jeu sur Megadrive. Bien réalisé et doté d'une durée de vie excellente, il saura combler tous les fans de jeux de plates-formes, mais aussi tous les aficionados de jeux d'aventure. Si vous voulez lâcher un peu prise et vous évader vers un monde enchanteur, ce jeu est fait pour vous !
- Graphismes14/20
Le bilan est ici positif. Les couleurs sont joliment utilisées, et le titre dispose d'un environnement graphique désuet qui lui confère un certain charme. Cependant, les arrière-plans manquent parfois cruellement de détails, et l'animation n'est pas exempte de tout reproche, surtout quand plusieurs ennemis apparaissent simultanément à l'écran.
- Jouabilité18/20
Pas de problèmes particuliers ici. Shion se manie très facilement, et on arrive rapidement à faire ce que l'on veut avec lui.
- Durée de vie16/20
La durée de vie est bonne, puisqu'il faut environ dix heures pour voir le bout de l'aventure, ce qui est assez important pour un jeu de cette époque. Dommage que le titre dans son ensemble n'offre pas un challenge plus important, la faute à des donjons au level design simpliste et à des boss extrêmement faciles à battre.
- Bande son17/20
Les musiques sont vraiment de bonne qualité, et, si elles ne sont pas techniquement les plus réussies de la machine, elles donnent un aspect particulièrement enchanteur au titre. Les bruitages ne sont pas en reste et sont du même acabit. Vraiment du grand art !
- Scénario16/20
Vous incarnez Shion, jeune homme courageux qui doit aller de l'avant pour sauver son pays des monstres qui l'ont envahi. Au gré de ses aventures, Shion rencontrera divers protagonistes qui l'aideront à trouver des objets et à mener à bien sa mission.
Malgré ses graphismes un peu désuets et son style rétro, difficile de ne pas tomber sous le charme de ce Wonder Boy in Monster World. Doté d'un système de progression très bien pensé qui ne donne pas une seconde envie de lâcher la manette, le jeu est, de par son univers, une invitation permanente au rêve et à l'enchantement. Si on ajoute à cela une excellente bande-son et une maniabilité irréprochable, on tient là l'un des meilleurs jeux du genre de la Megadrive, sur lequel le temps ne semble pas avoir de prise.