On ne compte plus les aventures de l’homme chauve-souris tant elles sont nombreuses. Penchons-nous aujourd’hui sur l’adaptation vidéoludique du second film de Tim Burton : Batman Returns. Konami nous sert là un beat’em all qui frappe fort. Grimpez donc faire un tour en Batmobile pour sauver Gotham des nageoires de l’affreux Penguin.
Les adaptations de succès cinématographiques en jeux vidéo, si elles sont monnaie courante, ne sont pas forcément des adaptations de qualité. Mais cette transposition du second Batman de Tim Burton est l'exception qui confirme la règle. C'est en effet un pari réussi pour Konami qui a su prendre tout ce qu'il y a de bon dans le film pour nous le resservir sur Super NES. Vous l'avez compris, scénario, décors, musiques… Tous ces éléments sont de la partie. Les environnements traversés sont bien modélisés et respectent parfaitement l'ambiance et l'histoire du film. On visite donc les sept niveaux du jeu en s'amusant à reconnaître les décors et les scènes du film. Mention spéciale à la musique. Les thèmes composés par Danny Elfman sont bien repris. Bien qu'elles se répètent, les différentes musiques savent se faire discrètes par moments pour nous laisser souffler avant de revenir nous motiver. Mais bien évidemment tout cela ne suffit pas pour faire un bon jeu.
Surtout qu'avec un beat'em all, la lassitude peut vite s'installer. Ici il n'en est rien. Konami nous propose un parcours assez varié pour nous empêcher de nous ennuyer. Alors si le jeu commence simplement dans les rues de Gotham City face à quelques clowns peu coriaces, vous finirez par vous frayer un chemin jusqu'au repaire du Penguin au milieu des cracheurs de feu et des lanceurs de couteaux tout en évitant les tirs de fusées des manchots kamikazes. Il faudra aussi passer par la traque de Catwoman sur les toits et échafaudages en évitant de tomber dans le vide. Ou encore mettre un terme aux kidnappings perpétrés par les sbires du Penguin sur le toit du train du cirque en marche en pensant à sauter par-dessus les panneaux de signalisation. Vous pourrez même, le temps d'un niveau, conduire la Batmobile au milieu des clowns bikers en jouant de l'accélérateur (ou du frein) pour nettoyer la route correctement. Chaque niveau sera donc un nouveau défi qui mettra le joueur à l'épreuve et ce n'est pas pour déplaire.
Tout ça c'est bien joli, me direz-vous, mais qu'avons-nous à notre disposition pour casser du clown ? Rien de moins qu'une jolie panoplie de techniques de combat au corps-à-corps. Batman use de tout son corps pour se débarrasser de ses adversaires. Poings, pieds, tête, prises, coups sautés... Tout est bon pour nettoyer Gotham de ses criminels. On castagne très facilement : un bouton pour frapper, un pour sauter, un pour le gadget du moment et enfin les gâchettes pour se protéger. Vous voulez attraper un clown pour qu'il arrête de gigoter ? Très simple là aussi, il suffit de s'approcher de lui et Batounet s'en saisira illico. Vous pourrez aussi vous servir du décor, parfois destructible. Les poubelles, bancs et autres vitrines peuvent voler en éclats pendant votre altercation avec les forces du crime. Mais que serait Batman sans ses gadgets ? Pas grand-chose, alors il a pensé à amener avec lui ses Batarangs et son grappin. Le premier vous sera utile pour assommer les ennemis le temps de s'occuper de ses camarades plus menaçants. Le second vous permettra de franchir obstacles et précipices pour éviter de blesser votre Batou préféré. Et si la situation devient critique, les tubes de napalm sont là pour vous débarrasser de tout ce qui traîne sur votre écran.
Soyons un peu plus techniques maintenant. L'IA des adversaires est très correcte. Les clowns n'hésiteront pas à vous attaquer par derrière ou à distance lorsque vous êtes occupé. On a trop souvent vu des IA envoyer les adversaires un par un alors qu'ils pourraient attaquer à cinq en même temps pour paraître plus crédibles. Le jeu s'en sort donc très bien sur ce point. Certains clowns peuvent même utiliser le décor contre vous en vous sautant dessus depuis un banc comme un catcheur par exemple. Les plus malins d'entre vous parviendront tout de même à retourner certaines de leurs attaques contre eux-mêmes. Malin, il faudra l'être puisque la difficulté générale du jeu reste assez élevée. Ce sont surtout les boss qui vous donneront du fil à retordre. Si les premiers restent accessibles, Catwoman et le Penguin sont beaucoup plus coriaces. D'autant qu'ils sont de plus en plus forts à chaque fois que vous les rencontrez. Quant aux autres protagonistes, même s'ils ne proposent pas un challenge équivalent aux personnages principaux, le fait qu'ils soient accompagnés de quelques sbires peut s'avérer gênant.
Et la lourdeur des mouvements de Batman n'est pas là pour aider. Car ce dernier ne court pas, et donc ne saute pas très loin non plus. Il ne fera que marcher d'un pas lourd et lent. Ce qui ne facilite pas les choses lorsque vous devez faire face à cinq ou six ennemis à la fois. L'inutilité de ses accessoires ne fait qu'aggraver la situation. Pas besoin de chercher à choisir votre accessoire, il vous sera imposé selon le tableau que vous traversez. Le Batarang ne servira finalement qu'à se débarrasser des bikers d'un seul coup ou à neutraliser les clowns portant une arme comme une bombe ou des quilles qu'ils voudront à tout prix vous lancer à la figure. Seul le napalm vous sera vraiment utile, si vous parvenez à vous en servir… Notons aussi le « bestiaire » qui, s'il peut paraître varié au premier coup d'œil, ne comporte qu'une dizaine de clowns habilement alternés. Mais malgré ces défauts, le jeu reste très divertissant et l'on prend plaisir à démolir les différents clowns les uns après les autres.
- Graphismes16/20
On retrouve l’univers très sombre de Tim Burton. Les décors et personnages sont très bien modélisés et parfaitement reconnaissables. C’est un vrai plaisir d’arpenter les rues de Gotham City. Des tableaux plus complexes avec choix d’itinéraire auraient pu être appréciés mais on a déjà fort à faire avec les sbires du Penguin.
- Jouabilité14/20
C’est l’un des points faibles du jeu. Même si les combos sont variés et se réalisent facilement, la difficulté reste élevée et on peine un peu à faire avancer notre Bat-lourdaud. Surtout face aux boss bien plus agiles que notre chauve-souris.
- Durée de vie14/20
Au vu de la difficulté assez élevée du soft il vous faudra quelques bonnes heures pour en voir le bout. Ce qui est tout à fait respectable pour un beat’em all. Les plus acharnés monteront la difficulté pour se lancer un nouveau défi.
- Bande son18/20
Les musiques de Danny Elfman ont été habilement reprises pour nous éviter un sentiment d’agacement à force de les entendre se répéter. Les bruitages et autres cris de douleur des adversaires sont aussi réussis.
- Scénario15/20
L’histoire du film de Tim Burton a été reprise et étoffée pour remplir les sept niveaux qui composent le jeu. Aucune surprise donc, mais on apprécie le fait que certaines scènes du film aient été reprises.
On se trouve ici face à un exemple d’adaptation cinéma/jeu vidéo réussi. Malgré ses quelques défauts qui peuvent ternir le plaisir d’y jouer, Batman Returns reste une aventure incontournable de l’homme chauve-souris.