Après avoir multiplié les compilations de jeux Megadrive ces dix dernières années, Sega tente cette fois de titiller la fibre nostalgique des joueurs en sortant une toute première compilation dédiée à la Dreamcast. L'échec immérité de la première 128 bits de l'histoire, qui a souffert de la concurrence de l'époque, lui a paradoxalement alloué une horde d'adorateurs qui continuent à plébisciter son excellente ludothèque. Hélas, cette Dreamcast Collection n'est pas la meilleure façon de promouvoir le mythe.
Pour commencer, cette "compilation" ne contient que 4 jeux, ce qui est extrêmement peu. Dans ce genre de cas, on est en droit de s'attendre à ce que les titres sélectionnés figurent parmi les meilleurs du support concerné afin de constituer une sorte d'anthologie. Et ce n'est pas vraiment le cas. Si Sonic Adventure reste un incontournable, Crazy Taxi et Space Channel 5 Part 2 sont juste de bons titres (le gameplay des jeux de courses et des jeux de rythme a pas mal évolué depuis) et Sega Bass Fishing vise le public tout de même sacrément restreint des amateurs de pêche. Où sont les Shenmue, Jet Set Radio, Skies of Arcadia et autres Soul Calibur ? Sega les réserverait-il pour des compilations ultérieures, selon la méthode – déjà expérimentée à l'occasion des Mega Drive Classic Collection – qui consiste à éparpiller les meilleurs jeux sur plusieurs volumes ?
Qui plus est, il faut savoir que les quatre titres inclus sont tous disponibles à l'unité sur la plupart des portails de téléchargement, au tarif moyen de 10 euros. Il reste donc préférable de les acheter à l'unité afin de pouvoir se constituer sa propre sélection, qui ne reviendra pas beaucoup plus cher. D'autant que cette compilation ne met pas vraiment en valeur le contenu proposé. Si le menu principal regorge d'options permettant de paramétrer au mieux son expérience (choix de l'affichage, de la langue, gestion du pad), l'effort d'habillage se révèle léger : aucun historique des jeux présents, aucun visuel de jaquette ou artwork et aucun bonus, mais uniquement les notices originales. Il faut par contre s'accommoder d'une vérification systématique du disque quand on lance un titre ; et une fois en jeu, impossible de revenir au menu principal et de passer sur un autre sans devoir relancer la compil !
Bien que l'affichage en 720p et la jouabilité se révèlent agréables (pad 360 conseillé), les portages eux-mêmes ne sont pas exempts de tout reproche. Pour commencer, si Crazy Taxi, Sega Bass Fishing et Space Channel 5 Part 2 sont proposés dans un mode 16/9ème, il faut s'accommoder de bandes noires latérales pour ce qui concerne Sonic Adventure, le meilleur des quatre (qui inclut tout de même le contenu de la version DX, il faut le préciser). Mais d'autres détails fâchent, comme le fait que Space Channel 5 Part 2 soit proposé dans sa version PS2 (la seule qui soit jamais parue en Europe et qui ait jamais été traduite en français) et non dans sa version originale sortie sur Dreamcast, ce qui est tout de même scandaleux. Dans le même esprit, la bande originale de Crazy Taxi a été modifiée en raison de problèmes de droits. Bref, le bilan n'est pas fameux.
- Graphismes11/20
Si la variété de résolutions proposées permet de redécouvrir dans de bonnes conditions ces classiques, on constate parfois quelques ralentissements quand on joue en fenêtré et l'absence de 16/9ème pour Sonic Adventure reste regrettable.
- Jouabilité15/20
Il n'y a pas grand chose à reprocher à ce niveau-là, d'autant que le menu principal offre suffisamment d'options (choix de l'affichage, de la langue, gestion du pad) pour paramétrer son expérience de jeu. Seul Sega Bass Fishing se révèle un peu moins jouable sans son accessoire en forme de canne à pêche.
- Durée de vie7/20
Quatre titres seulement, dont certains n'ont rien d'incontournable, et qui ne sont même pas tous proposés dans leur version d'origine. De qui se moque Sega ?
- Bande son14/20
La qualité sonore des différents jeux est fidèle aux versions d'origine à l'exception de Crazy Taxi qui voit sa bande-son modifiée pour une question de licence.
- Scénario/
Sega nous propose une première compilation Dreamcast sans grand intérêt. L'éditeur s'est limité à regrouper quelques jeux que vous pouvez acquérir à l'unité sur la plupart des portails de téléchargement afin de vous constituer votre sélection personnelle. Les réfractaires aux supports dématérialisés auraient tout de même pu y trouver leur compte si la pertinence de la sélection et la qualité des portages n'étaient pas aussi discutables. A éviter, surtout à prix fort.