De Doodle Jump à Babel Rising en passant par I Must Run, les jeux de scoring rencontrent un gros succès sur iPhone, pour des raisons évidentes. Ce sont des titres accessibles à tous, se prêtant parfaitement à de courtes sessions de jeu, basés sur un gameplay simple mais prenant, autorisant le partage de scores en ligne et – cerise sur le gâteau – proposés à un tarif extrêmement modique. Tiny Wings, c'est tout ça et bien plus encore, puisque le jeu s'appuie aussi sur un rendu visuel craquant et de jolies mélodies aux accents tantôt gais, tantôt mélancoliques.

Le principe est bête comme chou : permettre à un oisillon, doté de toutes petites ailes qui ne lui permettent pas encore de voler, de parcourir la plus grande distance possible avant la tombée de la nuit. Le décor, qui défile horizontalement, est constitué de plusieurs îles successives de plus en plus vallonnées. L'objectif est d'essayer d'imprimer une vitesse importante à l'oiseau, de façon à ce qu'il puisse décoller et planer au-dessus des collines au lieu d'y glisser au rythme des creux et des bosses. Bien qu'elle nécessite un peu de pratique pour être parfaitement maîtrisée, la jouabilité est intuitive. Il suffit de toucher l'écran pour demander à l'oiseau de replier ses ailes dans les descentes, ce qui a pour effet d'augmenter son poids et de lui procurer de l'élan, puis de relâcher la pression, ce qui lui permet de déployer à nouveau ses petites ailes et de se servir de la prochaine montée comme d'un puissant tremplin. Voilà à quoi se résume le gameplay de Tiny Wings, qui s'avère à la fois tout aussi simple et tout aussi addictif que celui d'un Doodle Jump.

Le jeu est pourtant très technique ! Il faut s'efforcer de synchroniser au mieux les trajectoires de l'oiseau avec les courbes de la montagne afin de lui permettre de redécoller aussitôt, quitte à devoir accélérer sa chute. C'est d'autant plus crucial que s'il effectue trois décollages consécutifs, l'oisillon entre en mode Fièvre, qui lui donne l'occasion de planer plus longuement et de marquer davantage de points. Il faut ajouter à cela la présence de pastilles bleues qui octroient un boost de vitesse, et qu'il est utile de récupérer si on a "cassé" une accélération, ou encore de pièces de monnaie disséminées çà et là sur les montagnes. Les ramasser procure un bonus de score mais peut faire perdre de la vitesse si elles ne sont pas exactement sur la trajectoire de l'oiseau. Voilà un sérieux dilemme qui prouve que Tiny Wings est également très tactique ! Et avec tout ça, il faut encore lutter contre la course du soleil, sachant qu'à chaque fois qu'on atteint une nouvelle île, on gagne quelques minutes de jour supplémentaire (une sorte de Time Extended bien plus poétique).

La grande force de Tiny Wings, c'est aussi de renforcer son aspect scoring, parfaitement étudié, par un audacieux système d'objectifs. En gros, plus on débloque de succès et plus on augmente son multiplicateur de score, ce qui permet de progresser plus facilement et incite à rejouer encore et encore. D'autant que le partage de scores en ligne suffit souvent à se convaincre qu'il est possible de faire mieux ! Le jeu de Andreas Illiger brille enfin sur le plan de la réalisation. Outre la gestion soignée de la physique, il bénéficie d'un aspect visuel et sonore dynamique : les motifs des différents décors traversés, générés de façon procédurale, changent quotidiennement pour apporter un peu de renouvellement, et les thèmes musicaux évoluent en fonction de l'île traversée et de la course du soleil. L'ensemble se montre donc d'une qualité irréprochable. Et si, comme dans tout jeu de scoring, la répétitivité du concept est susceptible d'engendrer une certaine lassitude à la longue, Tiny Wings est un de ces incontournables que l'on ressort en mainte occasion.