Nos cris de désespoir, nos prières et nos sacrifices rituels ont enfin porté leurs fruits : un jeu signé Cave débarque dans nos boutiques européennes ! Ce développeur est loin d'être inconnu et il vient d'ailleurs de faire son entrée dans le Guinness Book des records au titre du producteur le plus prolifique de manic shooters. Deathsmiles est pourtant pourtant bel et bien son premier bébé à bénéficier d'une commercialisation en boîtes sur notre continent.
On l'aura compris, Cave était pour l'instant plutôt discret en Occident mais ce n'est pas pour autant que les amateurs de shoot'em up ne connaissaient pas ce développeur. Il s'agit en effet ni plus ni moins que du plus grand représentant d'un sous-genre bien particulier : le manic shooter, aussi appelé danmaku. Si la plate-forme de prédilection des titres appartenant à cette catégorie reste la borne d'arcade, Cave s'est récemment efforcé d'adapter la plupart de ses productions sur Xbox 360. D'ailleurs nous avions pu découvrir un remake de Guwange en novembre dernier sur le Xbox Live Arcade, un titre sorti initialement en 1999 en arcade. Il s'agissait du seul jeu de Cave disponible officiellement chez nous avant l'arrivée de Deathsmiles. Les plus curieux ont toutefois déjà pu tâter les rares productions qui n'étaient pas zonées : Mushihime Sama Futari Ver 1.5, Espgaluda II Black Label et la toute récente compilation rassemblant Pink Sweet et Muchi Muchi Pork. Bref, vous aurez compris que la sortie d'un shoot de Cave sur notre territoire est déjà un événement en soi, mais il y a de quoi pleurer de joie en découvrant que le jeu en question nous arrive dans une version de luxe vraiment affriolante et à un prix modique.
Si vous n'êtes pas coutumier du sous-genre dont il est question ici, sachez simplement que danmaku pourrait se traduire par « rideau de balles »... Autant dire que vous avez là le principe de base de tous les manic shooters : échapper à un véritable déluge de boulettes. De fait, ces titres partagent tous une autre particularité : la hitbox du vaisseau ou du personnage que vous dirigez est minuscule, comprenez par là qu'il n'est vulnérable que sur un tout petit point. Le tout est donc de tirer sur ses ennemis tout en cherchant sa voie à travers des patterns, des motifs de boulettes, qui peuvent être particulièrement inventifs et retors. Bien qu'il s'agisse toujours de shoot'em up, Cave ne se limite pas aux traditionnels vaisseaux spatiaux et trouve un malin plaisir à exploiter des backgrounds et des univers plus ou moins incongrus. C'est ainsi que Deathsmiles vous amènera à incarner une jeune magicienne dans un monde assumant ses emprunts à l'heroïc-fantasy. L'autre petite spécificité du titre tient au fait qu'il ne propose pas un scrolling vertical comme c'est pourtant le cas de la plupart de ses confrères. Ici les ennemis arrivent généralement de la gauche et de la droite et il vous faudra donc tirer de manière alternative dans ces deux directions pour couvrir constamment vos arrières.
La version de Deathsmiles qui nous est proposée n'a pas volé son sous-titre de « Deluxe Edition ». Elle propose en effet pas moins de six modes de jeu. On retrouve ainsi le mode Arcade tel qu'il était sorti sur les bornes en 2007, un mode Xbox 360 qui a subi un sérieux lifting graphique et la Version 1.1 qui propose un gameplay entièrement remanié. Ces trois modes de jeu sont ensuite déclinés à la sauce Mega Black Label pour apporter un peu plus de contenu. Il s'agit là d'un add-on disponible en téléchargement au Japon et qui est inclus directement dans cette version européenne de Deathsmiles. Il amène un nouveau personnage jouable, un niveau bonus supplémentaire et un dernier niveau de difficulté réservé aux joueurs les plus acharnés. Nous n'aurons bien entendu pas l'occasion de nous étendre sur les spécificités de chacun de ces modes de jeu mais sachez seulement qu'il y a là largement de quoi satisfaire les appétits des amateurs de shoot'em up les plus voraces. Pour couronner le tout, les cinq demoiselles jouables disposent toutes d'une prise en main bien particulière qui vous demandera pas mal de pratique pour être totalement maîtrisée.
Le gameplay des différents modes, à l'exception notable de la Version 1.1, repose plus ou moins sur les mêmes principes. Non seulement chaque magicienne dispose de types d'attaques spécifiques, mais elles réagiront aussi de manière différente si vous maintenez les boutons de tir appuyés ou si vous les matraquez. Ce n'est pas tout puisque chacune de ces demoiselles peut aussi compter sur la présence d'un familier possédant des attaques et une façon d'être dirigé qui lui sont propres. Non seulement ces petites bestioles apportent une puissance de feu supplémentaire qui n'est pas à négliger, mais elles servent aussi de rempart aux balles suicides. En fonction de votre niveau de difficulté, certains ennemis vont ainsi lâcher des nuées de projectiles mortels en rendant l'âme. Dans cette situation vous serez ravi que votre familier les grignote avant qu'ils ne vous atteignent. Il vous est aussi possible d'utiliser simultanément les deux boutons permettant de tirer vers la droite et vers la gauche pour créer un périmètre dans lequel vos ennemis seront automatiquement allumés. Enfin, si jamais vous comptez atteindre un score décent, vous ne pouvez pas faire l'impasse sur le mode Power-up qui décuple votre puissance de tir et qui vous permet de récupérer un nombre incalculable de bonus de points. Mais pour vous transformer ainsi en Super Saïyen, il faut bien entendu commencer par accumuler une belle quantité de bonus en massacrant des cohortes d'ennemis.
Les règles du jeu changent du tout au tout avec la Version 1.1 puisqu'on ne dispose plus que d'un seul type d'attaque assigné aux gâchettes et que l'on dirige surtout directement son familier avec le stick droit de la manette. Ce mode de jeu ne se contente donc pas d'apporter des différences d'ordre esthétique, il modifie la prise en main en profondeur et vous assure donc quelques longues heures de jeu supplémentaires... En effet, ne vous fiez pas à la facilité des premiers niveaux et à la possibilité d'utiliser des continus de manière infinie, Deathsmiles est bel et bien un jeu long et difficile pour quiconque déciderait de l'apprivoiser. Non seulement la difficulté du dernier niveau devrait suffire à calmer les ardeurs des joueurs les plus vantards, mais les deux niveaux bonus proposent des défis encore plus corsés qui devraient satisfaire les plus masochistes d'entre vous. Mais il faut reconnaître que Deathsmiles est plus accessible que la plupart de ses confrères. Les premiers modes de difficultés proposent ainsi des patterns simplifiés qui ne décourageront pas les novices. C'est donc un jeu idéal pour découvrir le genre mais qui est aussi assez exigeant pour vous scotcher un bon moment devant votre écran. Dans le fond on ne pouvait donc pas rêver d'une meilleure manière pour Cave de se lancer sur notre marché.
Pourtant, certaines mauvaises langues ne rateront pas l'occasion de pointer du doigt la réalisation quelque peu datée du titre. En effet, même si les graphismes de cette version Xbox 360 ont subi un sérieux lifting, ils restent clairement en deçà de la plupart des productions HD actuelles. De la même façon, ceux qui découvrent le genre avec ce titre ne manqueront pas de s'étonner de rencontrer de sérieux ralentissements lorsque l'écran est entièrement rempli de boulettes ou de bonus. Il s'agit pourtant d'une constante chez les manic shooters et il faut bien avouer que le jeu serait même totalement injouable si l'action ne se ralentissait pas de cette manière aux moments les plus tendus. L'univers du danmaku dispose de codes qui lui sont propres et il n'y a pas de doute qu'il fera de nouveaux adeptes avec ce Deathsmiles. D'ailleurs le jeu se déguste aussi bien en solitaire qu'à plusieurs : non seulement vous pouvez comparer vos scores avec les joueurs du monde entier, mais un deuxième joueur peut vous prêter main forte en local ou en ligne. Pour ne rien gâcher, cette édition européenne est proposée à petit prix et contient deux CD bonus. Le premier est sans grand intérêt et se contente de proposer des goodies pour votre ordinateur tels que des fonds d'écran ou des icônes. Le second CD est un peu plus intéressant puisqu'il contient la bande originale du jeu qui mérite amplement le coup d'oreille. Vous l'aurez compris, cette version de Deathsmiles a de quoi réjouir les amateurs de manic shooters en particulier, mais aussi tous les curieux intéressés par l'arcade japonaise.
- Graphismes12/20
Cette version Xbox 360 a subi un joli lifting graphique par rapport à la version d'arcade originale, mais il ne faut pas pour autant se voiler la face, les joueurs qui ne sont pas habitués aux manic shooters risquent d'être surpris par l'aspect un peu vieillot du titre.
- Jouabilité17/20
Les modes de jeu apportent des différences subtiles et toujours intelligentes dans le gameplay. Il n'y a pas de doute, Cave est un véritable orfèvre en ce qui concerne la conception de mécaniques bien huilées et de patterns hallucinants d'inventivité.
- Durée de vie17/20
Cette version regroupe six modes de jeu, vous pouvez y retrouver jusqu'à cinq petites magiciennes vraiment différentes et quatre niveaux de difficulté pour vous permettre de progresser à votre guise... On peut difficilement en demander davantage et pourtant le jeu est aussi proposé avec deux CD bonus dont une magnifique bande originale à un prix défiant toute concurrence. On a rarement vu un aussi bon rapport qualité/prix en matière de shoot'em up.
- Bande son15/20
Le jeu bénéficie d'une très bonne musique qui allie le côté survolté de la pop japonaise au charme baroque des compositions de Bach... Il s'agit là d'un mélange audacieux mais qui fonctionne à merveille.
- Scénario/
Cave s'évertue une nouvelle fois à proposer un univers relativement original dans le petit monde des shoot'em up : vous pouvez oublier les vaisseaux spatiaux, vous incarnez ici une sorcière prépubère qui lutte dans un mode heroïc-fantasy.
Cette version occidentale de Deathsmiles est non seulement indispensable pour tous les amateurs de manic shooters, mais elle constitue aussi un passage obligé pour les curieux qui sont intéressés par les jeux d'arcade japonais de manière générale. La réalisation peut paraître dépassée mais il faut pouvoir aller au-delà de ce premier contact pas toujours évident pour découvrir un véritable travail d'orfèvre. On se félicite qu'une telle perle ait finalement pu nous arriver et il ne nous reste plus qu'à espérer que d'autres titres de Cave feront bientôt le trajet jusqu'à notre continent.