Un an après avoir conté les histoires de Stahn Aileron dans Tales of Destiny, la Wolfteam de Namco reprend son premier bébé pour l'adapter sur Playstation. Si le jeu est le même dans les grandes lignes, il bénéficie d'une attention particulière et de nombreuses retouches qui le mettent en valeur et le rendent tout aussi attirant que son prédécesseur. Pour commencer, ce que tout le monde attendait est bel et bien là : le jeu dispose à son tour d'une introduction animée à couper le souffle, présentant les divers personnages et aspects de l'histoire, accompagnée du thème d'origine Yume ha owaranai (Les rêves n'ont pas de fin). Par ailleurs, certaines cinématiques viendront illustrer les moments importants du scénario tels que le tir du canon à mana lors de la grande bataille de Valhalla. En outre, le second aspect graphique important est une refonte partielle de tous les environnements, villes, donjons, qui rendent le jeu encore plus beau et envoûtant. Les personnages font également l'objet d'un nouveau design puisqu'ils sont bien plus détaillés et ressemblent davantage à leurs artworks officiels, comme par exemple Arche qui porte enfin son pantalon rose et non plus une robe dont la présence était quelque peu mystérieuse.

L'histoire, quant à elle, ne change pas. Cless et Chester sont deux amis qui partiront à l'aventure après la destruction de leur village et le meurtre de tous leurs proches. Le coupable, un chevalier possédé par le roi du mal Dhaos, parvient à libérer ce dernier qui n'a d'autre dessein que d'éliminer l'humanité. Nos héros ainsi qu'une fille nommée Mint seront alors projetés cent ans dans le passé afin d'y chercher de l'aide pour vaincre ce tyran à la force colossale et pour préserver la magie qui tend à disparaître du monde. Evoluant grâce à des dialogues parsemés de petits phylactères animés, le scénario apparaît plus tragique car sa mise en scène est parfois plus dure et plus violente. De plus, certains passages clefs de l'histoire sont doublés en japonais, ce qui permet une immersion d'autant plus importante qu'ils sont de très bonne qualité. Enfin, l'amélioration narrative majeure dans cet épisode est l'apparition des saynètes, ces petites conversations entre les héros disponibles tout au long du jeu et revenant sur le dernier élément rencontré. Illustrées par des visages aussi jolis qu'émotionnellement variés, et également dotées des voix des personnages, elles sont la première nouveauté importante qu'instaure l'épisode Playstation de Tales of Phantasia et qui sera reprise tout au long de la série.

Quasi identique à sa version première, le système de combat est cependant amélioré selon les nouveautés apparues dans Tales of Destiny. Progressant sur une zone en 2D, vos quatre personnages livrent bataille simultanément contre un groupe d'ennemis pouvant se trouver à leur droite, à leur gauche, ou encore même les encercler. Disposant de différentes techniques à acquérir au fil des niveaux, vos personnages devront attaquer stratégiquement les adversaires et peuvent enfin porter des coups vers le haut, ce qui simplifie considérablement la donne contre des groupes de volatiles. Le jeu reprend le système d'union de techniques dans lequel il faut utiliser cent fois deux attaques pour les maîtriser et ainsi débloquer une compétence combinée. Enfin, les sorts des niveaux 2 et supérieurs ont toujours pour effet de figer l'action, ce qui casse un peu un rythme de combat en général très dynamique et des plus jouissifs. Pour finir, les différentes armes équipées sont beaucoup mieux dessinées et plus reconnaissables dans les mains belliqueuses des héros.

Par ailleurs, on retrouve toujours les mêmes objets de soin, les mêmes équipements, accessoires et également nourritures qui permettent de regagner de la vie à petites doses. Les villes et les donjons sont un peu plus grands, plus beaux, présentent plus d'éléments de décor réalistes comme des colombes, des papillons, la réaction de la flore au vent, et il est enfin possible pour la première fois dans la série de se déplacer en diagonale. Il était temps, tout de même, quand on voit le nombre de jeux de rôle qui permettaient déjà cela sur la génération précédente de consoles. Ensuite, autre nouveauté importante, l'apparition des titres. Obtenus selon différents critères comme l'atteinte d'un certain niveau ou l'aboutissement d'une conversation, ils sont pour la plupart très humoristiques et peuvent être assignés au statut de son personnage. Repris par la suite dans les autres Tales of avec une importance plus grande sur l'évolution ou encore l'acquisition de capacités, ils ne sont ici qu'une décoration sympathique que beaucoup voudront collectionner au maximum.

Pour finir, vous souvenez-vous des musiques enchanteresses qui étaient une grande qualité du jeu original ? Sachez qu'ici, toutes sont reprises, légèrement retravaillées, pour un résultat fin, subtil, et on ne peut plus grandiose. Illustrant avec réussite les différents sentiments véhiculés par certains lieux, certaines conversations ou certains combats, ces compositions de Motoi Sakuraba sont la preuve que la musique vidéoludique commence à devenir une véritable œuvre en elle-même. Donc forcément, on ne peut qu'apprécier grandement l'accès à un sound test depuis l'écran-titre du jeu. En conclusion, ce premier portage de Tales of Phantasia n'apparaît pas trop tôt comme on pourrait le penser. En plus d'une remise à niveau graphique logique qui renforce le charme du jeu, cette version apporte plusieurs originalités comme les saynètes et les titres qui s'imposeront comme des marques de fabrique de la série. A croire que l'épisode fondateur est le mieux placé pour instaurer de nouveaux éléments. Excellent jeu de rôle, long, prenant, il aura séduit bien des joueurs japonais qui n'hésitèrent pas à revivre l'histoire d'Asélia en attendant que Namco leur narre un troisième conte, prévu pour l'an 2000.