Intimement lié au tout premier épisode de la série, Dark Fall : les Ames Perdues nous permet de retrouver la même intrigue tordue, quelques années plus tard. Dans Dark Fall premier du nom, l'inspecteur que nous incarnions était plongé jusqu'au cou dans une histoire très morbide de disparition d'enfant, qui n'avait d'ailleurs pas vraiment trouvé de résolution. On retourne quasiment à la case départ dans ce troisième tome, en explorant les mêmes environnements, simplement abîmés par le temps qui passe. Les nostalgiques prendront donc beaucoup de plaisir à arpenter la gare et le vieil hôtel de Dowerton, en plein coeur de la campagne anglaise. Ne vous en faites pas, il sera ici toujours question d'esprits frappeurs et d'effrayantes apparitions hantant les lieux, aux frontières de la folie et du réel.

Votre personnage est en quête de vérité, et se voit guidé par une présence inconnue, lui communiquant quelques directives grâce à son téléphone portable. Il s'agira donc très souvent d'explorer les environnements en accédant progressivement à certains lieux ne pouvant être atteints auparavant. Avec ses déplacements lents et ses mécanismes old-school, cet épisode ne risque pas de déstabiliser les habitués. C'est toujours écran par écran et à la première personne que l'on avance dans le jeu, notre curseur prenant par exemple la forme d'une main ou d'une loupe à certains endroits. Lorsque vous devrez ouvrir une porte ou manipuler un quelconque objet, il vous sera également demandé de mimer le mouvement avec votre souris, d'après un système notamment introduit dans Myst IV : Revelation. Cet ajout se révèle anecdotique, mais ajoute finalement à l'immersion du joueur. Au niveau de ses énigmes, Dark Fall 3 reste là aussi très classique, voire très peu original, le jeu vous confrontant à de nombreux documents contenant des codes à reconstituer, à certains mécanismes à refaire fonctionner, ou à quelques objets à utiliser dans les décors. Rien à signaler au niveau de l'inventaire, qui se fait fonctionnel et discret. Comme on le disait, Dark Fall se modernise avec l'introduction d'un téléphone portable. Outre la possibilité de recevoir des SMS de votre guide bien particulier, vous pourrez également l'utiliser pour éclairer certains recoins plus sombres que d'autres, en quête d'indices. Mais dans les faits, ce portable sert surtout d'interface permettant de régler certaines options ou de sauvegarder.

On l'aura compris, Les Ames Perdues conserve donc la recette des précédents épisodes, en proposant un gameplay old-school, mais sans doute totalement assumé. Si on vous propose tout de même deux niveaux de difficulté, ne cherchez pas de système d'indices ou d'option permettant de repérer les zones interactives au sein du jeu, comme on peut le voir dans les point and click actuels. La difficulté des casse-tête reste de toute façon raisonnable, ceux-ci se faisant logiques. On pourra parfois être rebuté par la linéarité de l'aventure, mais l'ambiance réussie du jeu permet de gommer ces quelques défauts. Car c'est bien cette atmosphère pesante et effrayante qui est véritablement à retenir de Dark Fall : Les Ames Perdues. Si ses graphismes sont techniquement vraiment limités, le jeu parvient quand même à instiller la peur par ses effets de lumière perturbants, ses décors glauques à souhait ou encore les apparitions d'esprits, certes un peu kitsch et cliché, mais occasionnant parfois quelques sursauts. L'ambiance sonore est également réussie, même si les musiques se font rares. On pourra par contre déplorer la piètre qualité des doublages français, peu adaptés et vraiment pas dans le ton. Heureusement, les lieux sont dépeuplés et les dialogues se font plutôt rares. Ce troisième épisode de la trilogie des Dark Fall, créée par Jonathan Boakes, nous offre donc une expérience très classique, mais néanmoins plaisante à découvrir. Les passionnés de jeux d'aventure seront sans doute enchantés de retrouver ces mécanismes de gameplay un peu datés, mais toujours adaptés. Et c'est vraiment par son ambiance très réussie que Dark Fall : Les Ames Perdues se démarque, en parvenant rapidement à mettre le joueur un peu mal à l'aise, et jamais vraiment en sécurité, dans ces lieux lugubres à découvrir ou redécouvrir.