La Terre est en danger ! L'infâme Marvin le Martien, en plus d'avoir enlevé ses ambassadeurs, prévoit de détruire notre planète. Ni une ni deux, Daffy Duck enfile son joli costume vert moulant pour devenir le super-héros Duck Dodgers, saute dans son vaisseau et part contrecarrer les plans de son ennemi juré. Pour cela, il devra traverser 4 planètes et la base de Marvin, qui correspondent aux cinq niveaux de ce jeu de plates-formes.
Commençons par une petite précision préliminaire au test. S'il sort en même temps que le Daffy Duck version Gameboy, ce jeu sur Super NES n'en est pas une simple copie. On pourrait plutôt le qualifier de cousin, car bien que les deux jeux aient un lien évident (Duck Dodgers, jeu de plates-formes du même nom aux USA), ils diffèrent côté gameplay.
Mais oublions un moment le gameplay pour aborder ce qui attire l'œil en premier dans le jeu : les graphismes. Si Daffy Duck : The Marvin Missions n'est pas le plus beau soft de la SNES, il est tout de même fort agréable à l'œil, et de ce point de vue se classe dans les bons titres de la console. L'univers coloré et un peu fou des Looney Toons est bien rendu. Les différents niveaux ne remportent pas la Palme de l'innovation (une planète de lave, une planète aquatique, une planète de glace et une planète de jungle), mais ils ont le mérite d'être variés et bien construits.
Avant chacun de ces niveaux, Daffy a la possibilité de s'acheter de l'équipement, avec l'argent amassé dans le niveau précédent. Ainsi vos emplettes peuvent servir à acquérir du carburant supplémentaire pour le jetpack, des vies ou divers pistolets (réfrigérant, antimatière, électrique, etc.). Le pistolet standard dispose de munitions illimitées, à l'inverse des armes spéciales, qui sont cependant plus puissantes et donc particulièrement utiles contre les boss. En outre, notre canard de l'espace ne peut plus tuer les ennemis qui parsèment les niveaux d'un simple saut sur leur tête, ce qui rend l'usage des armes beaucoup moins accessoire que dans la version Gameboy. Néanmoins à chaque tir, Daffy Duck est légèrement projeté en arrière, ce qui peut être préjudiciable si derrière lui se trouve un torrent de lave par exemple. Si Daffy Duck ne fait pas non plus des sauts de trente mètres à chaque tir, ce principe de gameplay oblige tout de même le joueur à se contrôler et à ne pas « canarder » tout ce qui bouge. D'ailleurs, pour sa défense, il a aussi la possibilité de sortir un bouclier afin de se protéger des tirs ennemis.
Autre différence avec la version portable, le jetpack du héros dispose d'une quantité de carburant limitée. Cela signifie que Daffy peut se retrouver à sec, mais aussi qu'il peut parcourir de longues distances en vol si le réservoir est plein. Du coup, la progression dans les niveaux n'est pas forcément linéaire, et notre canard volant peut emprunter divers raccourcis en mettant les gaz. Toutefois, ces points positifs ne sauraient effacer le principal défaut du jeu, à savoir les sauts. Ceux-ci sont très imprécis, ce qui est particulièrement dommageable pour un jeu de ce genre. Pas question ici d'enchaîner les sauts de plate-forme en plate-forme à la manière de Mario. Daffy Duck semble souffrir d'une inertie et d'une lourdeur à chaque saut, qu'on ne parvient jamais à vraiment maîtriser, même avec le temps. Cette imprécision est la plus irritante sur la planète de glace, sur laquelle le « froid de canard » rend les sols glissants, et les manœuvres encore plus délicates.
Certes, ce défaut ternit l'expérience de jeu globale, mais n'est pas rédhibitoire pour autant. Le soft propose un challenge intéressant et assez relevé, malgré le fait qu'un jeu Looney Toons se destine prioritairement à un public jeune. La difficulté se trouve aussi renforcée par l'absence de sauvegardes ou de passwords. Bien qu'il soit possible d'acheter des vies supplémentaires ou des continue gems qui évitent de recommencer à zéro en cas de game over, ou plutôt d'un « That's all folks ! », le jeu ne peut se finir que d'une traite. Heureusement, cette relative difficulté n'altère pas le côté loufoque du jeu, qui colle assez bien au dessin animé. De multiples détails ajoutent ainsi beaucoup de fun. Citons par exemple l'intitulé des objectifs de mission, ou les gros titres de la presse à la fin d'un niveau. Les exploits de Daffy Duck font en effet la une du canard galactique.
Au final, le bilan de Daffy Duck : The Marvin Missions est donc en demi-teinte. Il est appréciable que ce soft ne se contente pas de n'être qu'un jeu de plates-formes générique sur lequel on aurait greffé des personnages du cartoon. La mise en avant de l'arsenal et du jetpack de Duck Dodgers dans le gameplay, ainsi que le bon équilibre entre ces deux éléments, vont dans ce sens. En revanche, on a aussi l'impression qu'il manque quelques finitions, comme en témoigne la jouabilité très moyenne du personnage.
- Graphismes15/20
Parmi la masse de jeux du genre sortis sur Super NES, Daffy Duck : The Marvin Missions se situe clairement dans le haut du panier. Les univers colorés et variés en font un beau jeu.
- Jouabilité9/20
L'imprécision et la lourdeur des sauts ne permettent pas d'obtenir la moyenne. Une mauvaise maniabilité qui en rebutera certains, et qui de toute façon fait tache à côté de tous les cadors du jeu de plates-formes que la console a connus. Néanmoins la possibilité d’acheter son équipement, et les raccourcis que l'utilisation du jetpack permet sont à mettre au rang des satisfactions.
- Durée de vie12/20
Les cinq niveaux ne sont pas très longs, mais l'absence de sauvegardes ou de passwords fait que cela n'affecte pas la durée de vie outre mesure. D'autant que la relative difficulté, et les vies que vous perdrez inévitablement pour avoir sauté dans le vide sans le vouloir, font qu'il y a peu de chances que vous finissiez le jeu du premier coup.
- Bande son10/20
Correcte sans plus. Les musiques ne sont pas des plus entraînantes, mais pas non plus énervantes, c'est déjà ça. Même constat pour les bruitages, qui ne sont pas mauvais mais auraient mérité d'être travaillés davantage.
- Scénario/
Autant le dire franchement : il existe pas mal de jeux de plates-formes bien meilleurs que Daffy Duck : The Marvin Missions. Il n'empêche que ce titre possède tout de même quelques atouts, comme son level design soigné et des petits moments funs qui plairont aux amateurs de cartoons. Dommage qu'une maniabilité aussi brouillonne qu'irritante vienne gâcher l'expérience de jeu !