La paresse de certains développements ne cessera décidément jamais de nous surprendre. Après avoir cloné Prince of Persia sur consoles de salon, Tron va piocher du côté de Zelda pour envahir la DS. Sans succès cela va sans dire.
A l'image de la version PSP, cette adaptation DS du second volet cinématographique de Tron ne peut même pas prétendre enrichir votre culture en vous apportant un éclairage nouveau sur l'histoire. Forte d'un scénario abscons dont on ne saisit guère les tenants et les aboutissants et dont on arrive même à douter de l'existence, le titre, signé N-Space, se contente de vous mettre dans la combinaison d'un moniteur système qui se pliera à la volonté de ses maîtres, allant de gauche à droite pour réparer des machins et se chicaner avec des programmes rebelles. Le résultat en pratique fait penser à une sorte de clone mal ficelé d'un Zelda Phantom Hourglass. Vous voilà donc errant dans une série d'ersatz de donjons dans lesquels vous devrez activer des mécanismes en résolvant quelques puzzles et énigmes. Activer un interrupteur ici pour ouvrir une porte deux étages plus haut, pousser un bloc sur une dalle pour libérer un passage etc. Les mécaniques sont rodées mais la mise en oeuvre particulièrement poussive. On s'ennuie ferme dans ces longs couloirs au design flemmard et aux couleurs bien monotones.
Bien sûr, il faudra aussi se battre, en utilisant le pire système auquel on pouvait penser. Le jeu mise en effet gros sur l'écran tactile et si on se déplace à l'aide de la croix directionnelle, c'est au stick qu'il faudra lancer le disque emblématique de Tron. Un disque que l'on peut projeter droit devant soit ou, en maintenant une gâchette, le long d'un tracé que l'on indiquera à l'aide du stylet, renforçant encore un peu le sentiment de jouer à une mauvaise contrefaçon de Phantom Hourglass. Si par malheur un ennemi s'approche un peu trop, ne cherchez pas de subtilités, il faudra continuer à mettre des coups de stylet pour le frapper. On ne voit rien de ce qui se passe (forcément, des ennemis bleus marines sur un fond bleu marine...) et on se dit que c'est tant mieux. De temps à autre, mais pas souvent, des phases de jeu annexes viennent interrompre votre laborieux périple. Les courses de Lumicycles sont affreusement mal pensées. On se dirige toujours au stylet, essayant tant bien que mal de lire l'action à l'écran pour couper la route à ses concurrents et surtout en résistant à l'envie de tout envoyer bouler pour s'enfuir au Paraguay (ou ailleurs, du moment que c'est loin).
Plus tard, on a droit à de fadasses combats en arènes à bord de tanks qui se crachent des petites billes colorées sur la carlingue. C'est moche, c'est creux, ça lasse et là encore l'action est affreusement confuse. Et vu ce qui vous attend dans le mode multijoueur, autant dire que ce dernier n'aura pas un gros succès. D'autant moins qu'il ne fonctionne qu'avec plusieurs cartouches et qu'il vous faudra donc trouver des camarades de jeu présents à vos côtés et disposant du titre. C'est mal barré, parce qu'on doute que Tron Evolution sur DS se vende par palettes.
- Graphismes9/20
Le design est paresseux et prend la sobriété du film pour excuse. Les yeux s'ennuient autant que les mains et les personnages qui peuplent les images fixes des dialogues ont pratiquement tous la même trogne.
- Jouabilité7/20
Les phases d'exploration sont sans intérêt, les énigmes trop évidentes, les combats minables, les courses en Lumicycles mal pensées etc. etc.
- Durée de vie8/20
Comptez 4 heures avant de commencer à souffrir d'ennui dans un mode solo qui n'a même pas de réel scénario. Le mode multi ne vaut pas mieux.
- Bande son6/20
Pouah, les effets sont immondes et saturent à mort. Une insulte doublée d'une agression pour les oreilles. Les thèmes musicaux sont corrects, mais les compositions sont souvent des boucles trop courtes qui tournent... en boucle.
- Scénario4/20
L'histoire est si mal développée qu'on se demande s'il y en a vraiment une.
Mauvais clone du gameplay de Zelda Phantom Hourglass, Tron Evolution est juste un jeu à licence opportuniste et feignant. L'ajout de séances annexes, dont celles en Lumicycles, ne fait rien à l'affaire et même ceux qui cherchent à étendre l'univers du film en seront pour leurs frais en tombant nez à nez avec un scénario inexistant. Sacrée affaire.