Thatgamecompany, à l'origine de titres conceptuels comme Flow et Flower, nous a présenté son nouveau bébé, encore plus atypique : Journey. Indéfinissable, inclassable, unique en son genre, Journey sera sans aucun doute l'une des attractions de 2011. Certains y seront insensibles, d'autres devraient fondre devant tant d'originalité. Une chose est sûre, le studio de développement évolue réellement sur une autre planète...
De l'aveu même de son papa, Journey n'est pas un jeu solo, pas un jeu multi. Refusant même de définir son nouveau jeu, Jenova Chen a insisté pour que les joueurs soient bien au courant qu'il s'agit là d'une toute nouvelle expérience qu'aucun autre titre n'a jamais effleurée. S'il a trouvé les mots pour parler de son bébé, il va nous être des plus compliqués d'en faire de même pour vous conter cette présentation hors du commun. Comme l'illustrent bien ces visuels, Journey se passera dans un désert. Des dunes à perte de vue, une légère brise balayant le sable fin qui remue en continu sous vos pas, un design très épuré, des tons unis, une profondeur de champ à la fois impressionnante et inquiétante, non sans rappeler un certain Prince of Persia... Autant d'aspects qui caractérisent le théâtre de Journey qui, à l'instar de titres comme Ico, plonge le joueur dans une oppressante sensation de solitude. Petit, impuissant, vous errez sans jamais connaître votre destination, à la fois libre et prisonnier d'un environnement mystérieux duquel on ne sait quoi attendre.
En effet, le studio est resté très discret quant au réel but du joueur dans Journey. Qui incarne-t-on ? Un humain ? Pas sûr. Une créature ? Peut-être. D'où vient-il (elle) ? On l'ignore. Lui-même ne le sait pas puisqu'on nous a précisé que le héros allait recouvrer la mémoire au fur et à mesure du temps qu'il passe dans le désert, après avoir solutionné quelques énigmes et rencontré des PNJ tout aussi obscurs qu'il l'est. Dénué de HUD, Journey propose également un gameplay simplifié à l'extrême. Outre les sticks analogiques utilisés pour la caméra et les déplacements, seules deux touches seront utilisées : l'une pour voler, grâce à l'écharpe solidement attachée au cou de notre inconnue (et qui sert également de jauge de vie) ; l'autre pour "communiquer". Ce second point est d'ailleurs une énigme de plus puisqu'une pression sur le bouton dédié permet au personnage principal de jouer une note de musique... C'est son seul moyen d'expression et vous devinez qu'il ne nous en a pas été dit davantage quant à ce mystère.
Mais Journey pousse le délire très loin dès lors que vous serez connecté. En ligne, il sera en effet possible de partager le voyage avec un joueur. Seules limites, l'interaction entre les deux utilisateurs se cantonnera là aussi au son mélodique qui sortira de votre "bouche". Pas de chat, aucun moyen d'identifier votre partenaire, aucune réelle coopération, simplement la présence d'un autre inconnu pour vous accompagner durant votre quête de l'incertain. Là aussi, le mystère a régné quant à la réelle utilité de vivre l'aventure à deux, les développeurs ayant eu le culot de faire le parallèle avec du speed dating. L'objectif est donc d'apprendre à connaître l'autre et à lui faire confiance dans le but de développer davantage d'émotions qu'en solo. Encore une fois, on attend de tester la chose en profondeur avant d'émettre un avis sur le concept qui demeure encore très flou. Cette présentation de Journey, au Playstation Experience, a donc été à la fois passionnante et déconcertante au point que nous en sommes sortis sans être capables de prévoir un futur plébiscite ou rejet des joueurs. L'avenir nous le dira.
Journey peut-il être considéré comme un jeu ? Nous attendrons notre test, peu avant sa sortie, pour répondre à cette question qui n'est qu'une des nombreuses interrogations qu'a suscitées ce tout premier contact. D'une beauté certaine, Journey est un titre bourré de charme, mystérieux, unique, presque déstabilisant mais plein de promesses. Reste à évaluer l'intérêt du concept sur le long terme, seul comme à deux, dans cette immense désert dont nous n'avons vu qu'une infime partie...