Depuis 2009 et le carton réalisé par THQ avec UFC Undisputed, l'industrie du jeu vidéo a compris que le free fight, discipline en vogue s'il en est, pouvait attirer un nombre conséquent de joueurs. Résultat, la concurrence s'organise et se densifie. Après un EA Sports MMA honorable signé Electronic Arts, c'est au tour du nouveau développeur Kung Fu Factory de prendre part à la bataille avec Supremacy MMA. Un titre original qui souhaite rester accessible à tous les publics tout en proposant des combats extrêmement brutaux qu'aucune véritable règle ne vient entraver. Attention, âmes sensibles, s'abstenir.
Pour comprendre ce qui a motivé le développement de Supremacy MMA, il convient de se tourner vers ses créateurs. Nouveau venu dans le monde du jeu vidéo, le studio Kung Fu Factory affiche d'ores et déjà un discours rodé et des ambitions élevées. Et pour cause, puisqu'on retrouve au sein des équipes des personnes d'expérience ayant déjà œuvré pour Rockstar ou encore Yuke's Media Creation et son impitoyable UFC Undisputed. C'est d'ailleurs la complexité excessive du titre édité par THQ qui a poussé les fondateurs de Kung Fu Factory à monter leur société, histoire d'exposer leur propre vision du jeu de combat. Avec Supremacy MMA, l'objectif des développeurs est de proposer un gameplay accessible sans pour autant faire de concessions au niveau de la brutalité des combats. Il s'agit même d'ailleurs d'un véritable retour aux sources du MMA avec des affrontements dénués de véritable règlement et une liberté presque totale dans les coups portés. Le tout se déroulant dans des endroits insolites tels qu'un bar clandestin ou un entrepôt délabré. Le titre possède donc un côté sauvage qui fait tout son charme et qui le différencie naturellement de la concurrence. Il faut dire que plus qu'un choix, il s'agit peut-être aussi d'une contrainte, étant donné qu'aucune licence n'a été acquise et qu'il fallait donc trouver un créneau pour proposer du free fight sans aucun enrobage officiel.
L'une des autres grandes différences marquantes entre Supremacy MMA et ses concurrents directs tient à la volonté des développeurs de scénariser leur jeu. Celui-ci comptera en gros une vingtaine de personnages, même si la composition exacte du cast reste à définir. Chacun d'entre eux aura droit à sa propre histoire, ce qui permettra au joueur de comprendre les motivations de son avatar et les raisons pour lesquelles il a adopté telle ou telle technique de combat. Judo, muay thaï ou encore ju-jitsu, pour ne citer qu'elles, sont autant d'arts martiaux maitrisés par les protagonistes. Pour Jack Saxon, le premier des combattants présentés, c'est la prison qui aura forgé son mental. Auprès des autres détenus, il perfectionna ses mouvements, apprit comment mettre fin à un affrontement avec un style efficace, à défaut d'être vraiment spectaculaire. Via une mise en scène stylisée, faite de successions d'images au design brut façon artworks de GTA IV, Supremacy MMA distille des informations sur les différents combattants. Et si les développeurs ne disposent pas de licence officielle comme l'UFC, ils peuvent au moins se targuer d'avoir attiré dans leurs filets Jérôme Le Banner et Jens Pulver, deux stars bien réelles. A priori, le Français a même communiqué quelques éléments de sa vie pour que Kung Fu Factory les intègre au scénario de son avatar.
Scénariser, c'est bien, mais encore faut-il derrière que le gameplay tienne la route. Et là, surprise, le côté réaliste cède sa place à quelque chose de plus consensuel. Si les développeurs ont parlé d'un compromis entre simulation et arcade, il est clairement apparu lors de la présentation que l'on était en présence d'un jeu de baston axé grand public. Kung Fu Factory a par exemple cherché à simplifier les contrôles, histoire d'éviter la courbe de progression particulièrement lente de UFC Undisputed. Résultat, tout s'effectue via quelques boutons et mouvements de stick. Même si nous n'avons pas pu essayer concrètement Supremacy MMA, le tout semblait assez instinctif. On espère que ce sera toujours le cas, pad en mains. A priori, le gameplay devrait s'avérer plus complet lorsque l'on aura saisi toutes ses subtilités. Mais ce ne sont pour le moment que des promesses. Contrairement à la tendance actuelle qui veut un minimum d'indices à l'écran sur la santé des combattants, Supremacy MMA propose lui une barre de vie, à l'ancienne serait-on tenté de dire. Un peu à la manière des Virtua Fighter, Street Fighter et Tekken, les références citées par les développeurs. Lorsque cette jauge est vide, le joueur peut alors tenter de lancer un finishing move dévastateur. Un exemple ? L'un des combattants chopera son opposant puis le retournera comme une crêpe, le faisant retomber sur la nuque. Celle-ci se brisera automatiquement, ce qui provoquera la mort de la victime. Tout simplement. Un côté Mortal Kombat symbole de l'orientation arcade affichée par le jeu.
Supremacy MMA se veut donc accessible au niveau de sa prise en main mais pour autant, il ne sera pas destiné à tous les publics car il propose des combats d'une violence rarement atteinte dans un jeu de ce type. Non pas à cause de gerbes de sang exagérément abondantes mais plutôt à cause du réalisme des blessures. Les jambes se cassent, les nuques se brisent, les épaules se disloquent. Et ce n'est ici pas une image ! A l'écran, vous verrez bel et bien des jambes branlantes à cause d'une rotule plus franchement connectée aux os se situant en dessous. Aïe ! Kung Fu Factory a d'ailleurs visionné des vidéos sur le net pour s'assurer que leur travail collait bien avec la réalité. Si certains se posaient encore la question, la jaquette affichera à coup sûr un joli 18+ afin de déconseiller la vente du produit aux plus jeunes. C'est un moindre mal. Voilà donc sur le papier ce à quoi ressemblera Supremacy MMA. Toutefois, soyons complets, il reste pas mal de travail aux équipes de développement avant d'arriver à un résultat totalement satisfaisant. Ainsi, la version présentée était encore loin d'être finie d'un point de vue technique. Les animations nous ont ainsi semblé vraiment rigides, ce qui avait tendance à faire perdre aux combats leur dynamisme. Un problème qui pourrait aussi venir de la difficulté, réglée sur easy. A un niveau plus élevé, le rythme pourrait s'intensifier. Rien de sûr toutefois. De leur côté, les collisions étaient assez calamiteuses, les bras passant régulièrement à travers les parties du corps de l'adversaire. Globalement, avec ses couleurs ternes et sa modélisation correcte sans plus, le jeu n'est de toute manière pas éblouissant graphiquement. Mais Supremacy MMA n'est pas prévu avant le printemps, les mois de mai ou juin étant évoqués pour la sortie du jeu. Kung Fu Factory a donc encore le temps pour peaufiner le jeu jusque dans les moindres détails.
A la fois simple d'accès au niveau de ses contrôles et particulièrement réaliste pour ce qui est des coups assénés à l'adversaire et des blessures qui en découlent, Supremacy MMA étonne par son parti pris. Avec un tel grand écart et un contexte très roots, le jeu aurait pu prétendre directement au statut de challenger sérieux pour le duo UFC Undisputed – EA Sports MMA. Oui mais voilà, d'une part, nous n'avons pas pu essayer le gameplay et d'autre part, il reste un énorme boulot à produire pour que la partie technique soit au niveau de la concurrence. Et pour un titre qui se veut spectaculaire, ça compte ! Patience donc...