Alors que la plupart des jeux de stratégie de l'époque se jouaient au tour par tour, le début des années 90 marque l'avènement des STR, autrement dit, les jeux de stratégie en temps réel. Si Dune et Warcraft ont tout d'abord posé les bases du STR moderne, l'énorme succès que rencontra Command and Conquer en 1995 a clairement contribué à populariser un genre jusque-là encore peu connu. Retour sur le premier volet d'une saga qui deviendra mythique.
Fin du XXe siècle, une météorite s'écrase aux alentours du Tibre en Italie libérant une substance inconnue : Le Tibérium. La principale caractéristique de ce dernier est d'aspirer les minéraux et métaux lourds enfouis dans le sol afin de les cristalliser en surface donnant, à qui possède les moyens de les raffiner, une ressource en argent quasi infinie. Il s'agit néanmoins d'agir avec la plus haute précaution car le Tibérium s'avère également hautement toxique et la moindre exposition au précieux matériau peut très vite engendrer la mort de l'individu. Le développement exponentiel du Tibérium sur toute la planète va permettre l'émergence d'un groupe terroriste : la Confrérie du NOD. En effet, cette dernière a très vite compris l'intérêt de contrôler le précieux minerai et ne perdra pas de temps à étendre son influence à travers le monde jusqu'à contrôler plus de la moitié des ressources de Tibérium de la planète. Alertées par le danger que représente l'expansion du NOD, les Nations unies décident alors de créer la Global Defense Initiative plus connue sous le nom de GDI pour contrer cette menace. La première guerre du Tibérium est désormais en marche et rien ne pourra l'arrêter.
Vous l'aurez compris, vous aurez le choix entre ces deux factions, et de votre choix dépendra de nombreuses choses. Si vous choisissez le GDI vous recevrez vos ordres du Général Sheppard et agirez en Europe où votre objectif final sera la destruction du Temple du Nod basé à Sarajevo. En revanche, si vous choisissez le NOD, vous opérerez en Afrique, tout d'abord sous les ordres de Seth puis enfin sous les ordres du charismatique leader de la confrérie Kane. Les différences entre les deux camps ne s'arrêtent heureusement pas là, chacune des factions disposant d'un arsenal qui lui est propre ce qui évidemment modifie la stratégie à adopter selon le groupe que vous dirigez. Le GDI possède un armement plutôt lourd conçu pour les attaques de front. Le légendaire Char mammouth en est d'ailleurs la parfaite incarnation grâce à ses canons puissants, son blindage épais et sa barre d'énergie particulièrement haute. Le principal défaut des unités des nations alliées étant leur lenteur à être produites et leur coût particulièrement élevé. Le NOD est davantage équipé pour des attaques rapides et discrètes. Ses unités ont un blindage relativement léger mais les caractéristiques précieuses de chacune des dites unités, telles que le char lance-flammes ou le tank furtif, ainsi que le faible coût de production compensent cet handicap. On notera également dans les rangs du NOD la présence de la plus forte unité de défense du jeu qui deviendra incontournable dans les prochains volets : L'Obélisque de lumière.
Après avoir choisi votre camp et lancé votre campagne vous êtes immédiatement immergé dans l'action grâce à une courte vidéo tournée avec des acteurs réels. Ce briefing qui deviendra un standard des prochains Command & Conquer était suffisamment original à l'époque pour pouvoir être noté. Les performances vont du assez bon (Joe Kucan) au moyen, voire très moyen (la performance du Dr Moebius doit tout simplement être une mauvaise plaisanterie). Néanmoins avoir sur son écran un personnage réel qui vous communique votre mission est toujours des plus plaisants. Le jeu quant à lui n'est pas spécialement beau, mais les graphismes sont acceptables et les sprites se reconnaissent facilement. On note cependant quelques ralentissements quand trop d'unités sont affichées à l'écran ce qui malheureusement vient parfois gâcher la jouabilité qui est pourtant d'ordinaire plutôt bonne si l'on considère que le jeu est à la base conçu pour être joué à la souris. La bande-son est composée de plusieurs musiques jouées en boucle qui s'écoutent sans déplaisir tandis que les voix et bruitages sont plutôt réussis.
Le gameplay est des plus basiques, il faudra généralement construire une base, chaque structure créée permettant la création d'autres structures ou unités. Deux ressources sont présentes à savoir l'électricité qui permet de faire fonctionner tous les bâtiments de votre base et le Tibérium qui une fois transformé à la raffinerie rapporte de l'argent. Si généralement l'objectif de la mission sera de détruire toute présence adverse, on note cependant parfois des objectifs différents particulièrement plaisants. Il faudra ainsi de temps à autre capturer un bâtiment ennemi, protéger le Dr Moebius ou détruire un village de rebelles. Trois super-armes seront également à votre disposition, deux pour le GDI et une pour le NOD. Le GDI possède l'attaque aérienne sous condition d'avoir détruit tous les sites SAM du NOD, ainsi que le Canon à Ions, dévastateur mais couvrant une petite zone. Le NOD possède une seule arme mais la plus puissante, à savoir le missile nucléaire capable de détruire de nombreux bâtiments en une seule frappe.
Pour conclure, Command & Conquer, en posant clairement les bases du STR moderne, s'est très vite imposé comme incontournable au même titre que Warcraft, Ages of Empire ou Starcraft. Disposant à la base d'une durée de vie raisonnable grâce aux deux campagnes sur PC, la version sur PS1 dispose en plus de cinq missions exclusives plus une dizaine de missions cachées très difficiles qui vous tiendront en haleine plusieurs heures durant, rallongeant encore sa durée de vie. Au final Command and Conquer, bien que désormais graphiquement dépassé, reste encore un titre plutôt agréable à parcourir d'autant plus qu'Electronic Arts l'a désormais placé en téléchargement gratuit sur son site. Il n y a donc plus aucune excuse pour ne pas avoir essayé au moins une fois le premier volet de la saga.
- Graphismes12/20
Rien de spectaculaire, les bâtiments et unités se reconnaissent plutôt bien sans pour autant être particulièrement jolis tandis que les cartes ne sont pas particulièrement détaillées et sont guère diversifiées. A noter cependant les vidéos qui pour une PS1 sont d'assez bonne qualité.
- Jouabilité15/20
Plutôt maniable pour un jeu du genre, on trouve facilement ses marques et le pad est un bon substitut à la souris. La possibilité de constituer quatre équipes différentes ainsi que cacher ou non le menu de construction est également appréciable. On regrette cependant que l'animation ralentisse quand trop d'unités sont affichées ce qui, sur le coup, perturbe la jouabilité.
- Durée de vie16/20
Chacune des campagnes est de taille standard (13 missions pour le NOD, 15 pour le GDI), cependant comme un choix de missions vous est parfois offert il faudra recommencer à plusieurs reprises les deux campagnes si vous tenez à finir toutes les missions. Si on ajoute à cela les cinq opérations spéciales et les quinze missions cachées plutôt difficiles, on obtient une durée de vie très correcte.
- Bande son13/20
Les musiques sont plutôt correctes et s'écoutent relativement bien. Les effets sonores quant à eux sont réussis même si à la longue il peut être lassant d'entendre toujours les mêmes répliques à chaque ordre lancé.
- Scénario13/20
Assez manichéen, le scénario n'est ici qu'une excuse pour mettre en place la première guerre du Tibérium. De ce premier volet découleront ensuite les trois autres suites au scénario plus construit, pour finalement nous donner une conclusion à la saga.
Disposant des mêmes qualités que la version originale sortie sur PC, Command and Conquer se révèle être une adaptation réussie malgré les quelques ralentissements pouvant légèrement ternir le plaisir de jeu. A noter que la PS1 a été la seule console à disposer des cinq opérations spéciales créées pour le portage sur la machine de Sony. Une autre bonne raison de l'essayer sur Playstation.