Au début des années 1990, Sonic le hérisson a commencé à connaître un franc succès grâce à des titres Megadrive réussis. Toutefois, c’est à son ennemi juré Robotnik que Compile a décidé de dédier un puzzle-game certes peu innovant mais qui a le mérite de proposer une mission alléchante, celle de botter les fesses du gros vilain vous-même.
Jamais à court d'idées saugrenues pour tenter de dominer la planète, le docteur Robotnik (ou Eggman pour les puristes) prévoit cette fois-ci de transformer en robots les habitants de la bourgade de Beanville pour en faire ses esclaves. Ces petites créatures, des haricots semblables à des slimes de Dragon Quest, ont besoin de votre aide afin d'échapper au méchant scientifique. Pour les secourir, vous allez devoir affronter chacun des douze sbires de Robotnik dans des duels de réflexion. Celles et ceux qui ont vu le dessin animé tiré des aventures de Sonic reconnaîtront sûrement les ennemis les plus connus, à savoir le singe Coconuts, Scratch le coq ou encore Grounder le robot-tank. Si les ennemis se suivent, ils ne se ressemblent pas, le seul point qu'ils aient en commun étant leur intention de vous battre à plate couture. Ainsi, chacun d'entre eux vous adresse un petit message antipathique avant que ne démarre la partie. Une fois la troupe de sous-fifres éliminée, vous aurez le champ libre pour vous attaquer au boss final.
Si au premier abord le titre semble tout à fait nouveau car bien ancré dans l'univers des ennemis de Sonic, on ne peut pas en dire autant une fois que l'on a commencé à jouer. En effet, le gameplay est en tout point similaire à la série des Puyo Puyo, un jeu également développé par Compile mais qui a vu le jour en 1991, soit deux ans avant Dr Robotnik's Mean Bean Machine. Il s'agit donc d'organiser les haricots qui tombent du ciel afin de les faire entrer en contact. Si quatre ou plus de la même couleur se touchent, ils éclatent et vous, vous marquez des points. Toutefois, à l'inverse de bon nombre de puzzle-games, le scoring n'est pas à la base du jeu, du moins pas dans les modes Scénario et Versus. Comme dit précédemment, chaque partie se joue en duel. Ici, il n'est pas question d'obtenir un meilleur score que son adversaire, mais d'user de toutes sortes de stratégies d'empilement. Parce qu'il ne suffit pas de faire éclater les haricots quatre par quatre, il vous faudra effectuer des combos ravageurs pour envahir le tableau adverse. Par exemple, si vos haricots sont superposés de sorte que la disparition des uns fasse se toucher quatre autres, un signal sonore (youpi !) se déclenche et un malus frappera l'ennemi. Les pénalités prennent la forme de haricots métalliques plutôt gênants. La seule façon de vous en débarrasser est de faire éclater des haricots à proximité, un procédé loin d'être évident surtout si la vitesse de chute est élevée. Autre chose à savoir : l'importance du malus dépend du nombre de haricots que vous faites disparaître en une fois. Ainsi, un combo de quatre voire cinq groupes aura beaucoup plus d'impact sur la partie de votre adversaire qu'un éclatement simple.
Outre sa jouabilité relativement convaincante, le charme du soft vient des ennemis à vaincre et surtout du procédé les faisant réagir selon votre situation. En début de jeu, ceux-ci ont un faciès neutre, montrant que la partie se déroule normalement et que personne n'a le dessus sur l'autre. Avec le temps, cet équilibre sera forcément rompu et si vous êtes en difficulté, votre adversaire ne se gênera pas pour vous montrer qu'il est content. Sourires béats ou machiavéliques, bras en l'air et index levé sont donc au programme de quiconque se retrouvera avec une surcharge de haricots dans son tableau. A l'inverse, il est beaucoup plus drôle de regarder l'ennemi transpirer à grosses gouttes s'il ne parvient pas à se débarrasser de ses propres haricots de couleur ou pire, des haricots métalliques que vous lui avez malicieusement envoyés. Toutefois, ne vous laissez pas déstabiliser par ces sautes d'humeur, car un œil distrait peut renverser la situation à tout moment et finir par vous mettre du plomb dans l'aile. Plus vous monterez de niveau, plus les haricots tomberont rapidement, ce qui rend plus difficile de faire pivoter les légumes pour les agencer correctement.
Revenons quelques instants sur les modes Versus et Entraînement. Dans le premier, vous êtes invité à affronter un deuxième joueur réel dans cinq niveaux de difficulté différents. A l'instar du mode Scénario, le but est de résister plus longtemps que son adversaire tout en lui envoyant des haricots métalliques pour l'ennuyer davantage. Bien qu'il soit dommage que d'autres power-up ne soient pas disponibles, l'expérience à deux joueurs n'en est pas moins sympathique et se révèle même plutôt accrocheuse. Pour ce qui est du mode Entraînement, quelques petites choses sont à noter. Cette fois, il n'y a pas d'adversaire, vous (seul ou à deux) jouez pour établir le plus grand score possible. Il va de soi que la difficulté s'accroît de niveau en niveau, sans quoi l'ennui vous gagnerait bien vite. Deux petits bonus agrémentent vos parties et vous aident à survivre : le gros haricot tout d'abord, si lourd qu'il écrasera deux colonnes de légumes pour faire un peu le ménage dans un tableau trop encombré. Le deuxième n'est autre que le petit personnage orange qui anime chacune de vos parties, le bien-aimé Has Bean. Quand ce dernier se pose sur un haricot, il transforme ceux qu'il croise pour leur donner la même couleur et ainsi les faire éclater. Voilà donc de quoi vous amuser un bon moment, d'autant que l'ensemble dispose d'une bonne rejouabilité. Avis aux amateurs !
- Graphismes12/20
Bien que les haricots viennent apporter un peu de fantaisie et de couleur à l’interface de jeu, celle-ci demeure encore beaucoup trop sobre. Il est regrettable que le fond d’écran unique, rocailleux, soit si froid et triste. Un peu de variété n’aurait pas été de trop.
- Jouabilité14/20
Empiler des haricots pour les faire disparaître n’est pas un concept inédit mais il saura satisfaire sans mal les fans du genre. Côté prise en main, aucun problème n’est à déplorer. Il suffit d’un bouton pour faire chuter les légumes plus vite, et d’un autre pour les faire pivoter. Simple, n’est-ce pas ?
- Durée de vie12/20
Avec un peu d’entraînement, le mode Scénario ne prend qu’une ou deux heures à terminer. Toutefois, on revient avec plaisir devant son écran pour s’adonner à quelques parties occasionnelles, en solo comme en duo.
- Bande son13/20
L’ambiance sonore est constituée de thèmes issus de Puyo Puyo, remixés et collant plutôt bien au jeu. Au fur et à mesure de votre progression, leur rythme s’accélère et parvient même à vous mettre la pression si vous laissez vos haricots vous envahir. Seule ombre au tableau : leur faible nombre.
- Scénario/
Robotnik s’en prend une fois de plus à d’innocentes créatures, voilà le topo. Peut-on vraiment parler de scénario ?
Bien que calqué sur un concept déjà existant, sa transposition dans l’univers de Robotnik rend le soft vraiment sympathique. Si vous aimez les jeux de réflexion à la sauce Tetris et que la culture du haricot ne vous fait pas peur, Dr Robotnik’s Mean Bean Machine ne manquera pas de vous faire passer un bon moment devant votre écran.