Film culte de la génération "jeu vidéo", Tron a droit à une suite qui a inévitablement droit à son jeu. Faisant office d'introduction au second volet cinématographique, Tron Evolution est une préquelle dont on se serait bien passé.
L'intérêt de Tron Evolution, si on doit lui en trouver un, c'est d'apporter quelques éclaircissements sur ce qui s'est passé entre le premier film et sa suite. Qu'est-il arrivé à Flynn, le concepteur, qu'a fichu Clu, en bref, pourquoi c'est le bazar dans tout ce joli univers virtuel fluo. Des explications malheureusement bien peu passionnantes et mises en scène avec la puissance narrative dont seule une publicité pour de la lessive sait habituellement faire preuve. Pour faire plus clair encore, on ne pipe rien à ce qui se passe tellement les choses sont mal racontées mais on s'en tamponne complètement. Autant dire que ça démarre fort pour le petit Moniteur Système que vous incarnez dans un titre qui reprend à son compte le gameplay de Prince of Persia. L'essentiel du gameplay de Tron se résume ainsi à enchaîner quelques séquences de plates-formes puis à faire halte dans une zone fermée pour se bastonner avec une douzaine de programmes guerriers facilement reconnaissables à leur couleur orange. Tout le monde le sait, le orange c'est la couleur du mal.
Dans un esprit très proche de ce que propose un Prince of Persia donc, Tron Evolution vous offre le contrôle d'un petit acrobate capable de courir sur les murs, de lancer un grappin magnétique ou... ouais en fait c'est à peu près tout. En somme, vous passez votre temps à sauter au-dessus du vide pour atteindre des plates-formes d'où il faudra à nouveau sauter pour en atteindre une autre etc. Mais ce qui fonctionne bien dans d'autres titres devient très vite affreusement pesant dans Tron Evolution. En premier lieu, on doit composer avec une caméra qui semble avoir été conçue dans le seul but de rendre le joueur fou. On répertorie un nombre incalculable de passages où on ne voit pas l'endroit où on est supposé atterrir ou même le point vers lequel lancer son grappin. Ce qui n'est pas forcément pire que les quelques fois où le jeu décide de violemment faire basculer le point de vue pour "aider" le joueur à s'y retrouver. Mais ces soucis de caméra ne sont même pas le véritable problème. Non, ce qui cause cette profonde lassitude, c'est la paresse invraisemblable du level design. Pendant des heures on se demande combien de fois les développeurs ont usé du copier-coller pour créer les séquences de plates-formes qui nous conduisent à des arènes de combat qui se ressemblent toutes. Au final, cet aspect perd tout intérêt.
Régulièrement, des combats viendront interrompre votre progression. Là encore, si les premiers pas sont sympathiques, la pauvreté des affrontements se fait vite sentir. Malgré la présence de différents combos, les combats finissent par se limiter à un matraquage de la touche d'attaque spéciale et basta. La seule subtilité étant de s'assurer du type d'ennemis que l'on affronte, chacun étant sensible à un style de disque, l'arme de choix du film, précis. L'ennui, c'est que vu que tout le monde se ressemble, s'y retrouver n'est pas franchement évident. De plus, non contents d'être pauvres, les combats sont parfois inutilement longs. Et hop une première vague de 5 mecs, et hop une seconde, et zou une troisième... pffff.
Reste deux autres types de gameplay venant vous aider à respirer un peu, le lumicycle et le tank. Concernant ce dernier, il ne s'agit que de diriger un gros véhicule équipé d'un non moins gros canon et de tirer sur tout ce qui passe, sans discrimination de taille, uniquement de couleur (le orange on vous dit). On est assez proche du degré zéro du gameplay pour tout dire. Le lumicycle s'en sort un peu mieux mais pèche comme le reste du jeu par sa paresse et sa confusion. Aux commandes de votre moto virtuelle, vous devrez à chaque fois fuir en empruntant une voie qui se fait déchiqueter sous vos roues. C'est amusant la première fois, mais on aurait apprécié un peu plus de diversité dans le contexte et surtout une caméra qui tremble un peu moins et nous laisse voir les trous se former sur la voie. Amateurs du délire "essai-erreur", bienvenus. Fort heureusement, on pourra retrouver l'engin en multi et en profiter de façon un peu plus satisfaisante le temps de quelques matches à mort et autres modes assez classiques du genre. Pas non plus de quoi sauter au plafond ceci dit mais c'est probablement la partie la plus sympathique du soft.
Un dernier mot sur l'esthétique assez troublante du jeu. On pourra difficilement reprocher à Propaganda Games d'avoir réalisé un titre qui ne doit pas compter plus de trois couleurs, c'est la franchise Tron qui veut ça, mais force est de constater que traverser des niveaux faits de néons bleus peut vite taper sur le système, et ce ne sont pas les deux petits passages verts et oranges qui vont corriger le tir. Ceci dit, le jeu est techniquement assez propre, à l'exception de la modélisation des personnages du film. Si on reconnaît bien Jeff Bidges, on peut regretter le manque d'expression de son visage. Quant à Olivia Wilde (dans le rôle de Quora et que les fans de House connaissent bien), elle est à peine reconnaissable.
- Graphismes13/20
Techniquement il n'y a pas grand-chose à redire. L'esthétique même de la franchise est respectée, mais ce que l'on apprécie le temps d'un film est plus dur à tolérer dans un jeu et passer des heures dans des environnements sans âmes et tous identiques est vite fatigant. Dommage également que l'animation du personnage soit si limitée. Au final l'ensemble est assez bancal
- Jouabilité9/20
Gameplay flemmard, level design pas inspiré pour deux sous, commandes imprécises et caméra foldingue, que du bonheur.
- Durée de vie13/20
Comptez 6 petites heures pour boucler le mode solo. Le multi est sympathique mais ne vous occupera pas des mois.
- Bande son12/20
Les thèmes musicaux sont des essais électroniques fadasses pas très inspirés et les deux titres composés par Daft Punk se perdent un peu dans le lot. Le doublage français manque souvent de conviction. Mouais, les esgourdes s'ennuient.
- Scénario10/20
Certes, le scénario bouche les trous entre le film original et sa suite, mais il le fait sans même mettre le joueur dans le contexte et avec une narration incroyablement laborieuse.
A moins d'être un inconditionnel absolu de Tron, peu regardant sur le gameplay, on aura du mal à conseiller l'achat de cette préquelle au second film. Répétitif à souhait, laborieux sur bien des points, il peine à éveiller l'intérêt en solo. Seul son multi sympathique lui sauve la mise avec ses affrontements faisant intervenir quantité de Light Cycles. Maigre consolation.