C'est bien connu, les Américains ne font rien comme les autres et les sports mécaniques n'échappent pas à la règle ! Au pays de l'Oncle Sam, la reine des monoplaces n'est pas la Formule 1 mais la Formule Indy.
Le studio Papyrus avait frappé un grand coup en 1989 avec Indianapolis 500, un jeu qui proposait une vraie simulation de courses, avant que la série Grand Prix de Geoff Crammond ne devienne la référence en la matière. Inauguré la même année que l'illustre simulation de F1, Indycar Racing propose une alternative étonnante nous plongeant dans les courses américaines. Si seulement 8 circuits sont proposés à l'origine (un pack additionnel en ajoute 7), alternant ovales et circuits urbains, le jeu bénéficie de la licence officielle 1993. Cela permet de retrouver de vieilles gloires de la F1 ayant migré aux States comme Fittipaldi et Mansell mais aussi de se confronter aux stars locales comme Al Unser et Mario Andretti. On ne peut malheureusement pas en prendre le contrôle car il faudra obligatoirement créer un pilote et choisir son matériel (châssis, moteur, pneus). Lorsque tout est prêt, en avant ! Au menu, vous aurez le choix entre des séances d'essai, une course simple et le championnat Indycar qui est bien entendu le mode de jeu le plus intéressant.
Graphiquement, Indy est très bon pour l'époque : pas mal de détails apparaissent dans les circuits en ville (ponts, immeubles…) alors que les circuits ovales sont très dépouillés (mais quiconque a déjà regardé une course Indy à la télé le confirmera). Les voitures et les environnements des courses sont certes très pixellisés mais les panneaux bordant les pistes et les carrosseries arborent des sponsors tout à fait identifiables. D'autres petits détails s'avèrent bien sympathiques, comme les impacts contre le mur qui laissent des traces et les blocages de roues qui dégagent de jolis panaches de fumée, ce que Grand Prix ne proposait pas. Dernier point au sujet des graphismes, la pluie est présente mais elle est moins bien reproduite que dans Grand Prix.
Plusieurs domaines peuvent être paramétrés comme la distance des courses (parfois très longues !), le nombre de concurrents et leur niveau de rapidité. Les menus vous proposent aussi d'activer les dommages et des aides au pilotage comme la boîte automatique et l'assistance au freinage. Ce qui nous amène à la question essentielle : quid du gameplay et surtout des sensations ? Ces dernières se révèlent très réalistes avec des pannes mécaniques (encore un avantage par rapport à Grand Prix) et des dégâts assez poussés pour l'époque. Etant donné la vitesse et la proximité des murs, les pistes ovales sont les plus propices à froisser de la tôle. On pourra par conséquent admirer des éclatements de pneus, des torsions de suspensions et des ruptures d'ailerons, l'autre point positif étant que ces dégâts ont un réel impact sur la conduite. Le pilotage réclame également une certaine finesse : la conduite est loin d'être facile, surtout sur les circuits urbains et se plonger dans les réglages sera indispensable pour faire un temps. Ceux-ci, qui se déroulent dans un garage joliment animé, sont très complets, plus même que dans Grand Prix 2 puisque l'on doit se pencher sur le carrossage des roues et la pression des pneus. Bien que la voiture ait tendance à un peu trop déraper dans les longues courbes, il faut rouler et encore rouler pour peaufiner le setup et espérer jouer les premiers rôles.
Sur la piste, vous aurez accès à un ordinateur de bord très riche en informations et vous pourrez même régler depuis le cockpit certains éléments comme la pression d'essence et la consommation. Une fois les fastidieux mais indispensables réglages accomplis, place à la course : l'atmosphère des championnats américains est très bien reproduite et permet une vraie immersion du joueur. Le Pace Car fait sa première apparition dans un jeu de voitures, lançant le tour de chauffe et intervenant en course lors d'une neutralisation suite à un accident. Les règles s'appliquent à la lettre et il faudra sagement patienter derrière le concurrent qui vous précède avant de repartir à l'assaut. On peut regretter que les neutralisations soient trop fréquentes et se déclenchent au moindre crash, mais ce déroulement assez haché des courses est fidèle à la réalité de l'Indycar.
Dans les courses à 100% de distance, la vitesse ne suffit pas et le joueur doit mettre au point sa stratégie : hors de question de foncer tête baissée sous peine de détruire ses pneus en quelques tours ! Il faut apprendre à gérer le trafic en piste, l'usure des pneus et du carburant, tout en choisissant la bonne stratégie de ravitaillement. Un panneautage au franchissement de la ligne vous tient informé à chaque tour de votre temps (c'est la vitesse moyenne sur les ovales), des tours restants et des écarts avec vos adversaires. Enfin, le jeu propose un excellent mode Replay (à visionner pendant et après la course) offrant de nombreuses vues et permettant de basculer sur n'importe quelle autre voiture en piste.
Néanmoins, malgré cet aperçu très flatteur, tout n'est pas parfait. Un défaut notoire que l'on peut reprocher à Indycar Racing est l'IA, largement perfectible. Les concurrents sont non seulement assez faiblards (à moins d'augmenter sensiblement le pourcentage de rapidité) mais surtout ils réagissent peu à vos actions en piste. Certes, ils n'hésiteront pas à attaquer et prendre l'aspiration mais ne cherchent pas forcément à vous bloquer pendant un dépassement et ne s'écartent pas si la situation est serrée. En raison de leur comportement basique, les accrochages sont donc fréquents et frustrants.
Dans son ensemble, Indycar Racing est tout de même une réussite, aussi plaisant à jouer que pointu dans son approche de la course, osant même défier Grand Prix sur le terrain des simulations en ces années 90. Papyrus confirme son talent révélé avec Indianapolis 500, bien que les courses américaines soient, pour le public européen, moins intéressantes que la Formule 1.
- Graphismes15/20
Les graphismes sont bons : les voitures sont certes très pixellisées mais dans l'ensemble, l'ambiance est réaliste grâce à de nombreux petits détails.
- Jouabilité17/20
La maîtrise de la voiture demandera du temps et l'approche globale de la course est très réaliste, avec des réglages plus pointus que dans Grand Prix et une reproduction fidèle des conditions de courses. Seule une IA imparfaite vient noircir le tableau.
- Durée de vie15/20
Les courses sont longues et donnent l'envie de recommencer un championnat complet mais il est bien dommage de ne disposer que de 8 circuits. Il faudra également beaucoup de roulage pour définir de bons réglages.
- Bande son13/20
Les bruitages sont corrects mais à part cela, le jeu est assez silencieux.
- Scénario/
Dans la lignée d'Indianapolis 500, Indycar Racing, malgré un contenu un peu faible et une IA moyenne, offre une excellente prestation, poussant le degré de simulation plus loin encore que Grand Prix. Il propose aussi une alternative originale aux lassés de la Formule 1.