Comme tout être vivant qui se respecte, l'Homme est guidé par un instinct de survie qui lui permet de se surpasser lorsqu'il est confronté à des situations extrêmes. Pour une entité supérieure, cela constitue forcément un sujet d'étude digne d'intérêt, et tant pis si les êtres humains doivent pour cela leur servir de cobayes. C'est pour la bonne cause, après tout !
Voilà en quelque sorte le point de départ de SHIFT Extended, un soft qui reprend le principe du jeu indé SHIFT disponible sur PC et sur iPhone. Imaginé par le studio Armor Games, le concept a été repris par les développeurs de Fishing Cactus qui nous invitent à découvrir une déclinaison plus conséquente à télécharger sur le Playstation Store dans la gamme Minis. SHIFT Extended est donc jouable aussi bien sur PS3 que sur PSP, pour 3,99 €.
Si, au vu des images, SHIFT Extended semble faire partie de ces titres pouvant volontiers se passer d'un scénario, les quelques lignes de texte qui apparaissent dans le jeu lui confèrent une valeur ajoutée indéniable. Une raison d'être qui justifie la condition de cobaye de votre avatar, propulsé dans des environnements souvent mortels. D'écran en écran, vous apprenez que vous êtes le sujet de test 12378, un numéro qui, en plus de vous déshumaniser, n'est pas franchement pour vous rassurer. Comme bien d'autres avant vous, vous êtes là pour permettre à des entités supérieures dont vous ne savez absolument rien de tester vos capacités mentales, dans un but évidemment inconnu. L'influence de Portal est évidente, mais on ne s'en plaindra pas. Les quelques messages qui accompagnent votre délicate progression au fil des écrans de jeu évoquent fatalement les répliques acerbes et désincarnées de GLaDOS, le super-ordinateur cynique de Portal, et réussissent à nous impliquer dans la survie du sujet 12378. Difficile de ne pas sourire en lisant des inscriptions telles que : "vous avez involontairement choisi de participer à ces tests", "les obstacles font partie intégrante des tests, tout comme les morts éventuelles des testeurs", ou encore "nous avons une politique de recyclage à 100% avec les restes de nos cobayes", "nous aimons aussi voir des testeurs échouer, vous devriez essayer". Autant dire que, si l'on prête au début peu d'attention à ces quelques lignes de texte, on en vient vite à les guetter avidement pour savoir comment tout cela va se terminer.
Mais parlons quand même du gameplay de SHIFT Extended et de son concept mixant plates-formes et réflexion suivant un principe situé à mi-chemin entre celui d'Exit et d'Echochrome. Si l'on excepte les discrètes gerbes de pixels rouges qui accompagnent la mort de votre protagoniste lorsque vous manquez de vigilance, tous les environnements du jeu ont un point en commun : ils sont monochromes. L'objectif est donc d'évoluer dans ces décors exagérément épurés pour trouver la sortie sans finir empalé sur des piques acérées. La mort n'est toutefois pas si fréquente que ça dans SHIFT Extended, les tableaux proposés ne commençant à se montrer vraiment délicats qu'à partir des deux tiers du jeu. Mais la monochromie n'a pas qu'un impact au niveau visuel, elle est aussi entièrement mise au service du gameplay. En effet, le seul pouvoir dont dispose le sujet 12378 est le « shift ». Cette capacité l'autorise à inverser le sens de l'écran pour lui permettre d'évoluer tantôt sur du noir, tantôt sur du blanc. Le principe est intéressant puisqu'il nous oblige à visualiser les tableaux dans les deux sens afin de deviner comment passer de l'un à l'autre pour atteindre la sortie. Bien entendu, la présence de clés à récupérer, de blocs imperméables au shift ou de mécanismes inversant localement la polarité viennent rapidement compliquer la donne. Malgré tout, on peut regretter que le soft ne se révèle pas plus exigeant dans la résolution des énigmes, car on progresse très rapidement malgré un nombre de stages doublé par rapport au jeu d'origine. Reste que pour le prix auquel il est proposé, SHIFT Extended est un bon jeu de réflexion, plaisant et prenant sans pour autant être aussi machiavélique et ingénieux qu'un Echochrome.
- Graphismes7/20
Des tableaux monochromes on ne peut plus épurés constituent l'essentiel des décors de SHIFT Extended. Un choix graphique certes minimaliste mais voulu par le gameplay.
- Jouabilité15/20
Tout l'intérêt du titre repose sur son système de shift qui permet d'inverser le sens de l'écran pour nous faire progresser tantôt dans les parties noires, tantôt dans les parties blanches du décor. Un principe intéressant qui évolue à mesure qu'interviennent de nouveaux types de pièges et de mécanismes.
- Durée de vie13/20
Cette version comporte deux fois plus de niveaux que SHIFT sur PC et iPhone. Leur nombre s'élève maintenant à 120 tableaux que l'on traverse hélas beaucoup trop rapidement, les deux tiers du jeu ne requérant qu'un minimum de réflexion. Rien de grave, toutefois, étant donné le prix du jeu.
- Bande son8/20
Tout aussi minimaliste que la réalisation graphique, la bande-son se résume à une seule musique qui se coupe au bout de 2 mn 30, laissant ensuite place à un silence pesant.
- Scénario/
L'influence de Portal est évidente lorsqu'on commence à comprendre que des entités supérieures nous utilisent pour tester nos capacités mentales malgré nous. Les quelques lignes de texte que comporte le jeu rappellent forcément les répliques les plus froides de GLaDOS et constituent un gros plus pour le titre.
Plus complète que la mouture originale sur PC et iPhone, cette nouvelle version de SHIFT en reprend le même principe, à savoir qu'il faut jouer tantôt à l'endroit, tantôt à l'envers pour progresser dans des tableaux monochromes de plus en plus vicieux. Les 120 niveaux ne devraient cependant pas vous résister bien longtemps, mais l'ambiance rappelant celle de Portal vous incitera sans doute à faire le jeu d'une traite.