Sorti en fin d'année dernière sur Steam, Nail'd débarque cette fois en version boîte. L'occasion pour nous de re-goûter aux joies du boost et des envolées improbables de ce jeu de courses fortement inspiré de Pure...
nail'd n'a rien inventé et ne s'en cache même pas. Le jeu développé par Techland est une sorte de version "plus" de Pure, sorti fin 2008 et qui depuis, n'a connu ni suite ni inspirations. "Plus" dans le sens où tout va plus vite, plus haut, où le gameplay est encore plus arcade et le comportement des quads et motos plus improbable. Dit comme ça, l'offre ne paraît pas des plus séduisantes, d'autant qu'en matière de courses offroad surréalistes, Pure avait déjà surenchéri à sa manière. Oui mais là, les sensations sont différentes dans la mesure où nail'd se transforme très vite en test de réflexes et de dextérité. L'excellence du level design n'y est pas étrangère puisque les développeurs ont imaginé des tracés tortueux, bourrés de raccourcis, impossibles à s'approprier en un seul tour. L'intérêt du jeu réside quasi-exclusivement dans l'architecture des pistes puisqu'il faut bien avouer que la répétitivité de nail'd et finalement, son manque d'originalité, lui coûtent très cher à moyen et long terme.
Mais avant de devenir désagréable avec nail'd, rendons hommage à ce level design qui se présente comme l'un des meilleurs en termes de courses off-road depuis bien longtemps. Pensé pour vous désorienter gentiment, celui-ci fait de chacun des 14 tracés un micmac sans nom où se mêlent et s'entremêlent d'innombrables itinéraires. Toutefois, les murs invisibles, les panneaux d'indication et le respawn automatique (ou manuel) permettent au joueur de ne jamais vraiment se perdre bien que la lisibilité des courses ne soit pas toujours évidente. On se serait bien passé par exemple des coulées de boue projetées à l'écran jusqu'à ce que vous peiniez à distinguer votre propre pilote... Un effet qui plus est un peu kitsch dont il faut savoir ne pas abuser. Malgré tout, on prend un pied terrible à visiter chaque recoin des pistes, histoire de dégoter le tremplin qui nous fera tutoyer des montgolfières. Car oui, on peut prendre de plein fouet un ballon si tant est qu'on utilise le boost dont on dispose au bon moment. L'exemple suffit à vous donner une idée de l'invraisemblance des courses. Seulement voilà, nail'd va tellement vite que souvent, vous ne vous sentez pas totalement maître de votre quad ou de votre moto. A partir de là, il devient très délicat de se la jouer tactique en empruntant le chemin le plus rapide ou le plus généreux en recharges de boost...
La vitesse des courses est donc à la fois grisante et pénalisante. Certes, on ne voit pas trop quel autre titre propose de conduire des quads ou des motos capables d'avaler des pentes ou des pistes sinueuses à cette allure mais ce grand n'importe quoi ambiant peut vite se transformer en successions de crashs hachant la progression. On goûte aux rochers et aux obstacles qui jonchent les tracés simplement parce que tout va trop vite, malgré l'ingénieuse possibilité de diriger sa monture lorsqu'elle plane. Certains passages exigent même que vous slalomiez entre des montgolfières ou aux abords de montagnes placées en plein sur la trajectoire, si tant est qu'il en existe une. Malgré tout et en tenant compte que nail'd est un jeu bourrin à souhait, il existe une dimension tactique franchement pas désagréable dans ce jeu. Outre votre capacité à emprunter les passages les plus rapides et avantageux, nail'd vous demande avant tout de bien maîtriser votre engin. Par exemple, atterrir les deux ou quatre roues à plat à l'issue d'un saut vertigineux permet d'obtenir un peu plus de boost. Le pilote joue d'ailleurs constamment avec sa position sur son bolide, que ce soit pour bien préparer un saut, pour le prolonger ou encore pour améliorer l'adhérence sur une section bosselée. On apprécie franchement.
Mais après quelques heures de jeu, nail'd s'essouffle. La faute tout d'abord, à la répétitivité des courses et au cruel manque d'originalité du mode solo... Quatorze petites courses, seulement quatre environnements qui tendent à être redondants, on finit par tourner en rond et à chercher la réelle personnalité du jeu. Qui plus est, il manque quelques mécanismes à nail'd, comme une vue arrière ou d'autres caméras que celle qui nous est proposée. De plus, la façon dont est pensée la progression n'incite pas vraiment à tester différentes montures. De toutes les manières, on n'en compte que deux qu'il est possible d'améliorer mécaniquement en débloquant de nouvelles pièces qui boostent leurs caractéristiques... Mouais. L'interface semble avoir été faite à la va-vite et on regrette que d'autres modes sympas n'aient pas été pensés pour pousser le délire un peu plus loin (en dehors des "tournois" perso). Pour finir, un petit mot sur la bande-son... Une fois de plus, on est tombé dans l'idée reçue qui dit qu'une course off-road doit systématiquement être accompagnée de thèmes métaleux qui font pour le coup office de cache-misère. En effet, entre des sonorités de moteur à peine audibles et des bruitages totalement ratés, on ne sait plus contre quoi pester à ce niveau-là. Un manque de finition bien dommage.
- Graphismes13/20
Nail'd n'a pas énormément de personnalité mais cette version PS3 est parfaitement fluide, assez jolie et surtout dotée d'un excellent level design. On pourra toujours reprocher au jeu de ne prendre aucun risque et que la variété n'est pas franchement au rendez-vous. Restent des tracés bien fichus, mais des décors un peu trop statiques.
- Jouabilité12/20
Le gameplay est à la base plutôt bien pensé puisqu'il nécessite de jouer beaucoup sur la position du pilote pour gagner de l'altitude, de la vitesse et même pour slalomer dans les airs. Mais ce qui caractérise vraiment nail'd, c'est la vitesse atteinte par les quads et les motos, vraiment hallucinante ! Au point que le gameplay perde un peu de finesse et les courses soient hachées par des crashs un peu trop fréquents. Quant à l'IA, même si elle est présente, on a plutôt l'impression de jouer toujours contre-la-montre... Le tout est très vite lassant.
- Durée de vie11/20
Le vrai problème de nail'd, c'est sa répétitivité. Le solo est ainsi très fade, vite expédié et sans originalité. Heureusement, vous pouvez toujours jouer en ligne pour affronter douze humains qui pour le coup, auront un peu plus d'impact sur votre progression que l'IA toute timide. Le tout manque de circuits et surtout de véhicules.
- Bande son8/20
On ne remet pas en question les morceaux choisis qui sont pour le coup de renom et de qualité. En revanche, on aimerait voir disparaître le cliché qui lie forcément les courses du genre avec du métal qui finit par nous faire exploser les tympans. Surtout que dans le cas de nail'd, le métal sert à couvrir une bande-son loupée car faite de bruitages ridicules et de sonorités de moteur quasi absentes.
- Scénario/
Nail'd est une bonne distraction, facile à prendre en main et pourvoyeur de sensations de vitesse uniques sur le marché du jeu off-road. Grâce à un level design déjanté mais particulièrement soigné, le jeu de Techland se pare de tracés qui font à eux seuls son intérêt. En effet, une fois ceux-ci connus, le joueur tourne en rond, que ce soit parce que l'IA ne va pas suffisamment au charbon ou parce que le mode solo manque cruellement d'originalité. De plus, la bande-son n'est pas au niveau, ce qui impacte beaucoup plus qu'on ne pourrait le penser. Sous ses airs de Pure en mode "Plus, plus, plus", nail'd demeure tout de même un jeu de courses sympa, notamment en multijoueur.