Né d'un petit studio, Hothouse Creations, Gangsters : Le Crime Organisé est le premier volet d'une très courte série. Il s'agit d'un jeu de gestion qui nous plonge au cœur d'un Chicago des années 30, où corruption, crime et prohibition font la loi. Deviendrez-vous aussi puissant qu'un Al Capone ou un Vito Corleone ou finirez-vous vos jours au fond d'un lac ? C'est à vous de voir, de prendre les bonnes décisions et de vous faire votre place au panthéon des gangsters. Mais n'oubliez pas une chose : le vrai pouvoir ne se donne pas, il se prend.
L'objectif de Gangsters : Le Crime Organisé est simple : faire prospérer son gang, avoir la mainmise sur la ville et écraser les gangs adverses. Le jeu se déroule dans une petite ville qui répond au doux nom de New Temperance. Quand on sait que « temperance » signifie « modération » ou encore « antialcoolisme », on ne peut réprimer un sourire. En effet, dans Gangsters, tous les moyens sont bons pour arriver à ses fins : racket, braquages, commerces illégaux, incendies criminels et assassinats ne sont qu'un échantillon des actions possibles. Mais prenez garde, car vos rivaux disposent des mêmes moyens et si ça commence en douceur, la guerre des gangs est inévitable. Et le FBI ne tarde pas à mettre son nez dans vos affaires.
Le jeu se déroule sur plusieurs semaines. Pour chacune, deux phases sont à distinguer : une phase de planification/informations et une phase d'exécution. Durant la première, toutes sortes d'informations sont consultables, depuis la progression du gang jusqu'aux armes et voitures qu'il possède. C'est aussi à ce moment-là que l'on peut consulter le journal, se tenir au courant des agissements des gangs rivaux, des crimes commis en ville et même des sondages liés à l'élection du prochain maire. C'est alors que l'on donne tous les ordres à nos sbires. Ils les exécuteront durant la semaine « de travail ». Lors de la planification des ordres, le lieutenant à qui l'on confie l'ordre, estime le temps que la tâche prendra (les compétences organisation et intelligence du lieutenant sont cruciales pour déterminer avec efficacité ce temps). Il refusera de l'exécuter si le temps total des tâches dépasse la semaine de travail. Il est possible (en fonction de l'ordre demandé) de mettre sur le coup plusieurs gangsters. Cela a pour effet de réduire alors le temps de travail ou d'augmenter les chances de réussite. Les gangsters sont choisis pour effectuer un ordre, par le lieutenant, en fonction de l'intelligence et de l'organisation de ce dernier. Lorsque vous êtes sûr d'avoir donné tous vos ordres et consulté les informations que vous vouliez voir, il ne reste plus qu'à entamer la semaine. La seconde phase montre le déroulement des opérations en temps réel, durant la semaine de travail. On peut alors suivre des gangsters en particulier, simplement pour vérifier que les ordres sont exécutés sans souci. Il est aussi possible de donner quelques ordres simples, comme se rendre à une position ou abattre un ennemi ou un policier. Ils interrompront alors leur action en cours (avec le risque qu'ils n'aient plus le temps de la réaliser après) pour exécuter le nouvel ordre. Une semaine compte cinq jours, de lundi à vendredi. On pourrait reprocher au jeu un certain manque de vivacité durant la semaine de travail. En clair, il ne s'y passe pas grand-chose. A moins de s'attaquer au QG du FBI ou de balancer des bombes sur les trois quarts des immeubles de la ville.
Lorsqu'une semaine de travail est finie, on revient à l'écran principal, à partir duquel on planifie les ordres de la semaine suivante. Après chaque semaine, une série de rapports peut être consultée, notamment la réussite ou l'échec des ordres passés, les rencontres avec des gangsters ennemis ou encore les morts de la semaine écoulée. La une du journal fait généralement mention des agissements d'un chef de gang et permet donc de voir rapidement lequel est le plus dangereux. En outre, de nombreuses informations sont disponibles sur à peu près tout. Des graphiques montrent l'évolution des quatre gangs de la ville, semaine après semaine. Un bon chef de gang y jettera un œil chaque semaine et saura adapter ses méthodes en conséquence. Il n'y a pas de « meilleure méthode ». Faire sauter 3-4 mauvais payeurs peut s'avérer utile pour remonter votre cote dans un quartier. Mais ce n'est peut-être pas judicieux de le faire à deux pas d'un QG ennemi… Préférez alors la voie diplomatique et offrez une belle somme d'argent à l'église locale. Le curé saura vous remercier… Diversifier les moyens est toujours un plus. Deux parties de Gangsters ne se ressemblent jamais.
C'est d'autant plus vrai qu'il y a plus d'un moyen pour parvenir à la victoire. Dans Gangsters, on peut jouer soit une partie complète, soit un scénario. Chaque scénario impose ses propres objectifs. Lors d'une partie complète, il ne suffit pas de tout casser et de tout mitrailler. La solution la plus brutale est d'éliminer les trois gangs ennemis en dynamitant leur QG. Cette tâche sera loin d'être la plus simple. Encore faut-il trouver l'emplacement de ces QG et y parvenir sain et sauf. Une autre condition de victoire est de se faire élire maire. Autant dire tout de suite que les autres chefs de gangs ne manqueront pas l'occasion de vous en faire voir de toutes les couleurs. Et les chances de riposter sont maigres puisqu'il faut faire bonne figure et être en dehors de tout soupçon pour arriver à ce poste éminent. Enfin, la solution la plus facile est de se retirer, emmenant avec soi un gros paquet d'argent. Mais si on peut gagner, on peut aussi perdre. Que l'on se fasse tuer, envoyer en prison ou autre, la partie s'arrête. Cela dit, il faut vraiment le vouloir et/ou très mal gérer pour y arriver. Comme quoi, faire preuve de discrétion se révèle parfois plus payant.
Tout doit être pris en compte lorsque l'on joue à Gangsters : étendre et conserver son territoire, utiliser ses ressources comme il se doit. Les possibilités sont nombreuses et l'immersion n'en est que plus intense. De nombreux bruitages renforcent encore cette impression et nous plongent sans difficulté dans un Chicago du début du siècle passé. Les musiques, bien qu'au nombre ridicule de quatre, dégagent une telle ambiance qu'on se croirait presque occupé à jouer avec un cigare dans la bouche, tout en sirotant un alcool de contrebande. Les graphismes étaient tout à fait corrects pour l'époque. Cependant, on n'irait pas jusqu'à dire qu'ils n'ont pas pris une ride. Le style quartiers résidentiels carrés peut peut-être correspondre au Chicago de l'époque. Néanmoins, on aurait aimé voir plus de variété, des places fleuries, des fontaines et autres maisons quatre façades. Malheureusement, tout cela est absent du jeu et les quelques textures sont copiées-collées sur la majorité des bâtiments. Dommage. On déplore aussi quelques effets (explosions par exemple) qui n'ont pas toujours bien vieilli. Même si dans l'ensemble, ce genre de détail ne peut que s'effacer face à l'immense potentiel du jeu.
- Graphismes15/20
Gangsters a beau être du siècle passé, ses graphismes, très soignés pour l'époque, n'ont rien perdu de leur charme. Cela dit, quelques répétitions et effets ne passent pas. On regrette aussi le fait que les bâtiments soient tous identiques et trop carrés. Enfin, le manque d'animations et de vidéos se fait parfois aussi sentir.
- Jouabilité17/20
La prise en main de Gangsters est extrêmement simple et efficace. Les didacticiels du jeu ne servent d'ailleurs à rien. Seul bémol : la semaine de travail permet peu de choses et il n'est pas rare de la faire défiler à toute vitesse.
- Durée de vie16/20
Une durée de vie plus qu'honorable. Une partie peut durer 20 minutes ou 5 heures. Deux parties ne se jouent pas de la même manière et les multiples scénarios allongent encore l'expérience de jeu. Le mode multijoueur est par contre très décevant. Il est tellement archaïque et mal fichu que jouer en multijoueur est un véritable parcours du combattant. De quoi s'arracher les cheveux pour finalement arriver à rien.
- Bande son16/20
L'ambiance est au rendez-vous. Les nombreux bruitages et les quelques musiques vous feront revivre avec brio des scènes dignes de films. Généralement maîtrisée, la bande-son peut toutefois présenter des lacunes. Par exemple, il arrive parfois qu'on se retrouve perdu dans la ville avec un malheureux avertisseur dans le lointain comme seul bruitage. Et le peu de musiques peut aussi contribuer à casser l'ambiance. Surtout lors des longues parties.
- Scénario/
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Gangsters fait partie de ces jeux auxquels on joue encore plus de dix ans après leur sortie. Jeu de gestion avant tout, il ne se contente pas de faire bâtir un empire. La réflexion, la stratégie et la domination de ses adversaires sont autant d'atouts qu'il faut maîtriser pour mener à bien une partie. On fait facilement abstraction des défauts du jeu au vu de ses innombrables qualités. Ayant très peu ou pas vieilli, Gangsters est en mesure de prodiguer de longues heures de divertissement pour tous les chefs de gang en herbe.