Toujours aussi prolifique dans son pays d'origine, la saga Tales of prend un malin plaisir à maltraiter les joueurs occidentaux, les rares épisodes édités sous nos latitudes n'étant pas forcément les plus fameux. Et bien que l'annonce d'un prochain Tales of Xillia ait de quoi faire fantasmer les plus optimistes parmi les possesseurs de la machine de Sony, ces derniers ont encore en travers de la gorge la non distribution de la version PS3 de Tales of Vesperia. Autant dire que le devenir de Tales of Graces f sous nos latitudes est encore très incertain.
Sorti fin 2009 sur Wii, Tales of Graces fait partie des nombreux épisodes de la série qui restent injustement réservés au public japonais. On peut comprendre que Namco Bandai n'ait pas voulu prendre de risques en préférant sortir chez nous la suite de Tales of Symphonia, mais Dawn of the New World reste tout de même largement moins convaincant que Tales of Graces. Ce dernier avait d'ailleurs reçu des critiques très élogieuses au moment de sa sortie sur Wii en décembre dernier, et il n'est finalement pas étonnant de le retrouver transposé un an plus tard sur PS3 dans une version remaniée.
Car, en passant sur la console de Sony, Tales of Graces hérite d'un mystérieux « f » qui souligne l'une de ses principales différences avec le soft original. F comme « futur », pour nous raconter le devenir des personnages du jeu après le dénouement auxquels les possesseurs de la version Wii ont pu assister. Cependant, cet épilogue est à prendre davantage comme un bonus que comme un élément majeur du soft puisqu'il convient de terminer dans un premier temps l'histoire principale de Tales of Graces avant de s'attaquer à la partie « f ». C'est d'ailleurs uniquement dans ce scénario additionnel que le personnage inédit Little Queen fait son apparition, de nouvelles zones de jeu devenant également accessibles. Entre autres ajouts, la version PS3 propose quelques suppléments relatifs au gameplay (Accel Mode, nouvelles techniques secrètes, etc) ainsi que des costumes inédits disponibles en téléchargement payant via le Playstation Store. Ces derniers résultent d'un partenariat avec Sony concernant les costumes et accessoires issus des jeux Idolmaster, Project Diva ou encore Toro to Morimori. Bien sûr, le soft profite d'un lifting graphique en haute définition, d'une jaquette réversible et de goodies relatifs à la version collector.
L'histoire de Tales of Graces f débute par un prologue qui se situe sept années avant le reste du jeu. Notre héros, Asbel Lhant, n'a alors que 11 ans et rêve de devenir chevalier lorsqu'il découvre par hasard le corps d'une jeune fille inconsciente étendu dans un champ de fleurs. Après l'avoir fait revenir à elle, il réalise que la demoiselle est amnésique et qu'elle ignore tout de ses origines. Malgré le mutisme de la jeune fille, tous deux se lient rapidement d'amitié et Asbel décide de lui donner le nom de Sophie en rapport avec la fleur « chrosophie » qui semble la fasciner. Epaulé par cette nouvelle amie et par son jeune frère Hubert, Asbel fait ensuite la connaissance du prince Richard avec lequel il scelle un pacte d'amitié. C'est alors que les événements virent au cauchemar. Asbel voit Sophie disparaître sous ses yeux, Richard se faire posséder par une créature démoniaque et son frère Hubert être adopté par une autre famille dans des circonstances que je vous laisse découvrir. S'ensuit une ellipse de sept ans à l'issue de laquelle on retrouve Asbel plus résolu que jamais à mener à bien son apprentissage pour devenir chevalier afin de venger Sophie et acquérir la force nécessaire pour protéger ses proches. Mais le destin s'acharne à nouveau et c'est de la bouche de Cheria, une amie d'enfance, qu'il apprend la mort de son père. Asbel entame alors un voyage qui le mènera très loin de Lhant, sa contrée natale.
Le succès de Tales of Graces dans sa version originale sur Wii tient avant tout à son gameplay, le système de jeu faisant intervenir des idées complètement nouvelles par rapport aux autres épisodes de la saga Tales of. Pour la première fois, l'obtention des techniques utilisables par les différents personnages s'effectue en relation directe avec les titres. Ces derniers, qui n'avaient jusque-là qu'un impact mineur au niveau des statistiques des protagonistes, sont ici le seul moyen pour eux de faire évoluer leurs capacités. Le gain d'expérience obtenu au fil du jeu passe donc au second plan, le joueur guettant en priorité les titres qui se débloquent progressivement en cours de partie et surtout les talents qui leur sont liés. Chaque personnage possède ainsi son propre tableau de titres, ce dernier pouvant comporter plus de 80, voire 100 titres différents. Chaque titre donne accès à cinq talents bien particuliers, et notamment les fameux Artes qui permettent de développer les aptitudes des héros en combat. Extrêmement riche, ce système de titres est surtout très flexible puisqu'on peut à tout moment en changer pour débloquer d'autres capacités en fonction de l'intérêt qu'elles présentent à un moment donné.
L'autre particularité majeure de Tales of Graces, sur Wii comme sur PS3, réside dans l'absence de MP. Ici, les techniques utilisées en combat puisent dans un quota de CC qui se régénère progressivement de diverses manières durant les affrontements. L'intérêt, c'est que les personnages ne sont jamais réellement à cours de CC, même si, en contrepartie, le joueur doit apprendre à gérer leur utilisation pour ne pas se retrouver à cours au mauvais moment lorsque les CC se rechargent. Ce système permet surtout d'exécuter des enchaînements de coups extrêmement variés, le joueur pouvant improviser n'importe quel combo pourvu qu'il lui reste assez de CC. Dans Tales of Graces f, les talents offensifs sont de deux sortes : le style A (Artes) et le style B (Burst). Le premier regroupe tous les combos qu'il est possible d'effectuer avec son arme, le second désigne les techniques spéciales qu'on peut assigner aux directions du stick analogique. Le fait de pouvoir librement jongler entre ces deux styles rend les combats très intéressants et de plus en plus impressionnants à mesure que les talents des personnages s'étoffent grâce aux capacités obtenues via les titres.
S'ajoutent à cela les super attaques que l'on peut déclencher lorsque la jauge Arles située à gauche de l'écran est complètement bleue. On entre alors dans une phase dite Arles Rise où les personnages disposent de quelques secondes pour exécuter leur technique secrète (Hiougi) et où les CC sont illimités. A l'inverse, si ce sont les ennemis qui ont le dessus et que la jauge devient complètement rouge, ils peuvent entrer dans une phase dite Arles Break et certains boss ont la possibilité de lancer des techniques équivalentes aux Hiougi des personnages. L'aspect customisation passe lui par l'option Dualize, accessible auprès des marchands, et donc le fonctionnement consiste à fusionner deux matériaux pour en synthétiser un nouveau.
On peut également utiliser ce système pour renforcer des armes existantes ou leur ajouter des effets secondaires. La cuisine passe aussi par là puisqu'il suffit de mélanger quelques ingrédients pour obtenir des plats plus ou moins raffinés. Accessible via le sous-menu, l'Arles Pot est une sorte de pot d'alchimie qui sert à automatiser l'utilisation de certains objets en combat ou à favoriser leur fréquence d'obtention. Cela consomme tout de même une certaine quantité d'énergie qui peut être régénérée auprès de la plupart des marchands. On peut finir en citant la présence de nombreux sites disséminés à travers le monde qui constituent autant de découvertes à collectionner en parcourant le monde (exactement comme dans Skies of Arcadia). Tout ceci rend l'expérience de jeu passionnante, même si elle reste réservée aux japonisants, Namco Bandai n'ayant aucunement annoncé son intention de porter le jeu en dehors du Japon.
S'il est vrai que les Tales of se ressemblent toujours plus ou moins, Tales of Graces avait créé la surprise sur Wii en chamboulant les routines de gameplay avec un système de combat plutôt novateur. Le retrouver sur PS3 est donc une très bonne chose, même si les ajouts proposés ne sont finalement pas si nombreux que ça. Espérons juste que le titre ne connaisse pas le même sort que son compère Tales of Vesperia en restant bloqué à la douane franco-japonaise.