Au crépuscule des années 90, bien décidé à avoir sa part du gâteau des jeux de Formule 1 sur consoles, Ubisoft lance Monaco Grand Prix sur Nintendo 64. Adaptation du jeu PC du même nom, le soft a fort à faire puisqu'à cette époque des séries comme F1 World Grand Prix, déjà sur la 64 bits de Nintendo, et Formula One, sur Playstation, multiplient les suites de qualité. Monaco Grand Prix sera-t-il à la hauteur ?
Première précision : le jeu ne dispose pas des licences officielles du championnat. On retrouve tout de même les 11 écuries et les 22 pilotes de la saison 1998, mais sous de faux noms. Hummiger remplace ainsi Schumacher, tandis que Coulthard se voit changé en Colyart. S'il est bien possible de renommer les pilotes comme bon vous semble via les options, l'absence de licence pour les écuries est un peu plus dommageable. On sent bien que le design des voitures essaie d'évoquer les monoplaces originales, mais sans jamais paraître aussi beau. Et c'est aussi vrai pour l'ensemble des graphismes du jeu. Alors qu'à cette époque les F1 World Grand Prix s'imposent comme une référence dans ce domaine sur la N64, les graphismes de Monaco Grand Prix sont un peu à la traîne. Les couleurs des véhicules comme celles des différents circuits sont très flashy, et l'image est plus pixellisée que sur la simulation concurrente. La sensation de vitesse est également moins bien rendue. Sans être mauvais, Monaco Grand Prix n'est donc pas ce qui se fait de mieux en matière de qualité visuelle.
Concernant le gameplay, le soft tente de se démarquer de la concurrence. En effet, une fois le jeu lancé, on doit choisir entre un mode Arcade et un mode Simulation. Ce choix détermine ensuite les caractéristiques des voitures et des pilotes dans les différents modes de jeu. En mode Arcade tous les pilotes partent sur un pied d'égalité et la différence se fait sur la seule qualité de pilotage du joueur. En simulation en revanche, les écuries et les pilotes possèdent des caractéristiques différentes, qui tendent à reproduire les écarts existants réellement dans le championnat de F1. Ainsi chaque pilote a des jauges, plus ou moins remplies, définissant sa compétence en vitesse, agressivité, défense et expérience. Malheureusement on s'étonne parfois d'un certain manque de logique dans l'attribution des compétences aux pilotes. L'avatar de Schumacher a par exemple plus d'expérience que celui d'Eddie Irvine, alors que ce dernier a beaucoup plus d'ancienneté sur les circuits. En outre, la caractéristique vitesse dépend plus de la voiture, et donc de l'écurie, que du pilote en lui-même. En somme, l'idée de base d'attribuer des caractéristiques différentes à chaque pilote est indéniablement bonne, mais elle est ici exploitée plutôt maladroitement.
La phase de réglages d'avant course bénéficie quant à elle d'un degré de finition bien meilleur. Appréciables en quantité et en précision, ces réglages permettent de modifier quasiment tous les attributs de sa monoplace. Tout y est : inclinaison des ailerons au degré près, type de suspensions, de pneus et de freins, angle de braquage, inclinaison de la caisse, transmission et bien sûr la quantité de carburant embarquée. Les puristes apprécieront l'exhaustivité de cette phase, mais les non-initiés au sport automobile ne seront pas perdus, l'interface exposant de manière claire l'influence des modifications sur la vitesse max, l'accélération, l'adhérence ou encore le freinage. Sur la piste, les sensations sont bien présentes même si elles sont moins réalistes que dans un F1 World Grand Prix. Le pilotage est toutefois relativement rigoureux, et il est nécessaire de bien connaître les circuits pour emporter la victoire. La moindre roue dans le sable ou dans l'herbe peut se terminer par un tête-à-queue qui ruinera tous vos efforts.
Terminons ce test en parlant du mode Carrière de Monaco Grand Prix. Car si le jeu comporte aussi les classiques modes Course simple, Championnat, Contre la montre et Duel, la perspective de pouvoir créer son pilote et de le faire progresser saison après saison représente l'un des attraits principaux de MGP. Après avoir entré le nom de votre pilote, vous devez choisir entre les offres de 2 ou 3 écuries parmi les plus faibles. C'est donc au volant d'une monoplace très bas de gamme que l'on commence sa carrière, et cela se ressent sur les circuits. Outre une vitesse et une mauvaise tenue de route, la fiabilité de votre véhicule laisse à désirer, et on peut s'estimer heureux de simplement terminer la course. En effet, après avoir longtemps bataillé (en mode Carrière les courses durent au moins une demi-heure) pour rejoindre les places à points, entendre dans le dernier tour un gros « Chtonk », synonyme de casse moteur et donc d'abandon immédiat, ne donne qu'une envie : jeter sa manette contre un mur. Au moins on ressent la frustration des vrais pilotes en pareils moments.
Cependant, si le mode Carrière est réaliste sur le plan mécanique et pilotage, il ne tient pas la route sur le long terme. Le choix de l'écurie entre deux saisons est la seule chose qui le différencie du mode Championnat classique. Une fois ce choix effectué, aucun objectif ne vous est donné, que ce soit sur une course ou sur une saison. D'autres éléments auraient pu apporter plus de profondeur au mode Carrière : pouvoir signer un contrat sur plusieurs années, introduire une hiérarchie 1er pilote/2ème pilote, ou que des transferts soient effectués dans les autres écuries aussi. Le pire est sans doute que même ce seul élément spécifique au mode Carrière – le choix de l'écurie en début de saison – est mal géré. Ainsi, même si on remporte le championnat du monde sur une monoplace assez mauvaise, on ne reçoit aucune offre d'écurie de premier plan, seulement une proposition d'une écurie à peine meilleure que celle où on évolue déjà !
- Graphismes13/20
Légèrement au-dessus de la moyenne, l'image souffre de couleurs trop flashy et de textures pas très jolies. Sans être mauvais, les graphismes ne soutiennent pas la comparaison avec la concurrence, que ce soit celle d'un F1 World Grand Prix sur Nintendo 64 ou un Formula One sur Playstation.
- Jouabilité15/20
La maniabilité est bonne et les différences de performances entre écuries sont bien rendues en mode Simulation. L'IA est également bien gérée et les pilotes concurrents préfèrent éviter les dégâts plutôt que de suivre bêtement une trajectoire prédéfinie.
- Durée de vie10/20
Le mode Carrière est le principal facteur de la durée de vie de Monaco Grand Prix. Malheureusement il est bien trop léger et manque cruellement de profondeur. Si bien que la motivation à le poursuivre saison après saison s'émousse rapidement.
- Bande son12/20
Les bruitages en courses sont plutôt bien faits sans être extraordinaires. En revanche on déplore l'absence de commentaires ou de liaison radio avec son écurie. L'unique musique des menus devient vite irritante.
- Scénario/
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Monaco Grand Prix n'est pas un mauvais jeu de courses, mais est clairement un cran en dessous, en qualité et en contenu, d'un F1 World Grand Prix II sorti à la même époque sur Nintendo 64. Même le mode Carrière, encore peu répandu, ne parvient pas à tenir toutes ses promesses. Toutefois ce jeu constitue un bon divertissement pour peu qu'on soit conscient des limites de ce qu'on a entre les mains.