Après un épisode futuriste plutôt sympathique, la série Harvest Moon revient à ses fondamentaux en nous proposant une simulation agricole des plus convenues. Le charme bucolique de la formule originale opère-t-il toujours autant ?
Comme beaucoup de séries japonaises prolifiques, Harvest Moon a donné naissance à de nombreux épisodes souvent très proches les uns des autres. La plupart du temps, il s'agit de reprendre la ferme en ruines d'un parent pour en faire une exploitation prospère et s'attirer les bonnes grâces des autres villageois. En 2007, cependant, Arte Piazza nous avait offert un opus PSP innovant se déroulant dans un futur proche. Propulsé en 2022, le joueur avait à sa disposition toutes sortes de robots et d'appareils sophistiqués pour l'aider dans ses tâches quotidiennes. Hero of the Leaf Valley ne poursuit malheureusement pas dans cette direction intéressante. Au contraire, ce titre téléchargeable développé par Natsume nous ramène des années en arrière avec ses mécanismes de jeu et son scénario largement inspirés de Harvest Moon : A Wonderful Life sorti sur PS2 en 2005.
Comme autrefois sur Gameboy ou GBA, il sera donc question ici de s'installer dans la vieille ferme que nous a légué notre défunt grand-père afin de lui rendre son lustre d'antan. Dès la cinématique d'introduction, notre héros fera la connaissance d'un groupe de lutins complètement affolés à la perspective de voir un parc d'attractions remplacer leur habitat naturel. Menacé à notre tour d'expulsion par la même compagnie, on devra remuer ciel et terre durant les deux années qui nous sont imparties pour réunir une somme d'argent susceptible de faire renoncer cette dernière à son projet. Le problème, c'est que la somme en question est absolument colossale. Dès lors, on n'a plus que deux solutions : soit on se tue au travail pour gagner en 24 mois ce qu'un fermier gagnerait normalement en 10 ans, soit on se lie d'amitié avec nos voisins pour trouver des solutions alternatives. Dans un cas comme dans l'autre, il faudra se montrer patient, très patient.
En effet, quel que soit le moyen que vous trouverez pour éviter au paysage d'être défiguré par une armée de bulldozers, ne comptez pas le mettre en oeuvre avant des heures et des heures d'activités répétitives. Au menu : travaux des champs, soin aux animaux, ramassage d'herbes, pêche... Toutes les activités que l'on connaît par coeur depuis maintenant un bon paquet d'années sont une fois de plus de la partie. Remarquez, faire pousser des tomates sur sa console, ça a toujours un certain charme. De même que brosser son cheval tous les matins ou séduire des filles (à terme, on peut se marier) en leur offrant des fruits et des poissons. Mais franchement, en 2010 sur PSP, on était bien en droit d'attendre un minimum d'évolutions. Que ce soit au niveau du scénario, des activités proposées ou de la vie sociale, Harvest Moon : The Hero of Leaf Valley ne se démarque à aucun moment des épisodes antérieurs.
Au niveau de la technique et du game design, la franchise continue également de stagner. L'interface est une fois de plus très lourde avec des raccourcis mal pensés et un ciblage des animaux et des carrés de terre à travailler particulièrement irritant. Les rotations de caméra sont attribuées à la croix directionnelle alors qu'on se déplace avec le stick analogique. Ainsi, il est impossible de changer d'angle de vue tout en se déplaçant. On se perd régulièrement dans les décors en 3D, les temps de chargement sont omniprésents et la jauge de force de notre personnage descend à la vitesse de la lumière (5 coups de masse et hop ! On tombe dans les pommes...). De plus, le déroulement des journées est trop lent et la nécessité de semer chaque carré de terre individuellement est plus une torture qu'autre chose. Enfin, pour couronner le tout, on s'étonnera de pouvoir par exemple ramasser des pommes ou manger des myrtilles au printemps.
Alors bien sûr, le concept initial d'Harvest Moon se montre comme de coutume très séduisant avec ses festivals, ses mini-jeux de cuisine ou de courses de chevaux, ses interactions sociales sympathiques ponctuées de saynètes scriptées. Le contenu de cet épisode est en outre honorable avec ses dizaines d'objets et de recettes à découvrir, plusieurs filles à qui faire la cour, 16 fins différentes, etc. Mais à moins de découvrir la série pour la première fois sur PSP ou d'être un fan inconditionnel de la franchise de Natsume, on fera certainement l'impasse sur ce titre téléchargeable vendu tout de même aux alentours de 25 euros en version anglaise sur le PSN.
Ce test est illustré avec des images éditeur.
- Graphismes12/20
Le design des personnages et des animaux est assez réussi mais les décors en 3D sont vraiment inégaux. Les problèmes de caméra nuisent beaucoup au confort visuel du joueur.
- Jouabilité12/20
L'interface est trop lourde pour un jeu publié en 2010 et les temps de chargement sont insupportables. Il y a beaucoup d'activités à essayer (culture, élevage, pêche, etc), certes, mais on les connaît par coeur depuis des années et elles deviennent vite très répétitives. L'aspect social est sympathique mais là encore sans surprise.
- Durée de vie16/20
Deux ans pour empêcher les requins d'une grande société d'implanter un horrible parc d'attractions sur les terres de nos ancêtres, c'est largement suffisant pour nous occuper des dizaines d'heures. De plus, sachant qu'il y a 16 fins à découvrir, le potentiel de rejouabilité est fort.
- Bande son12/20
Les musiques savent se faire discrètes tout en apportant à l'expérience une touche de fraîcheur bienvenue. Les bruitages en revanche ne sont pas toujours à la hauteur de ce que l'on était en droit d'attendre.
- Scénario10/20
Une fois de plus, les développeurs ne se sont pas cassé la tête bien longtemps pour inventer le scénario de cette version PSP. Les dialogues en anglais sont nombreux mais pas franchement inspirés.
Très classique sur le fond comme sur la forme, cet épisode PSP d'Harvest Moon était franchement dispensable. Les néophytes pourront s'en contenter mais les habitués de la série auront beaucoup plus de mal à excuser ses nombreux défauts.