La saga Operation Flashpoint est de retour pour un nouvel épisode qui risque fort de marquer un petit tournant dans la série. En effet, les développeurs tentent aujourd’hui de démocratiser leur FPS militaire ultra réaliste en proposant une ouverture sur un public plus large à travers de nombreux partis pris. Alors pari réussi ? Premiers éléments de réponse…
Après Operation Flashpoint et ses deux add-on Red Hammer et Resistance, puis l'épisode Dragon Rising sorti également sur consoles, voici que la série prend une nouvelle orientation. Les développeurs ont ainsi décidé non seulement de corriger tous les soucis rencontrés sur Dragon Rising (esthétique inégale, IA déficiente…) mais surtout de sortir la série de son carcan en offrant un gameplay un peu plus accessible. D'abord, outre des animations entièrement revues et corrigées par rapport au volet précédent, le jeu bénéficie aujourd'hui de graphismes beaucoup plus séduisants, avec des soldats joliment détaillés qui possèdent tous un équipement spécifique et des armes uniques. De même, un effort a été réalisé sur les effets d'ombres et de lumières qui donnent aux décors une impression supplémentaire de réalisme, même si on remarque un peu de clipping à l'horizon (c'est en tout cas ce que nous avons constaté sur la démo jouable non finalisée - mais cela devrait être logiquement corrigé au fil des prochains mois). Quoi qu'il en soit, le Tadjikistan, pays d'Asie centrale et toile de fond unique à ce nouvel épisode, n'aura jamais été aussi bien représenté, avec ses vallées, montagnes, déserts et villages. Mine de rien, de quoi varier quelque peu visuellement les plaisirs au gré des dix grosses missions contenues dans le mode Campagne. A travers ce dernier, les développeurs proposent un scénario imaginaire qui part du principe que les forces américaines stationnées en Afghanistan se trouvent de nouveau déployées au Tadjikistan (la rivière rouge du titre est celle de Piandj qui marque la frontière entre les deux pays). Résultat : votre équipe de marines ainsi que les escouades Alpha et Charlie se confrontent à un pays hostile écartelé entre d'imprévisibles insurgés locaux et le PLA, un large régiment de révolutionnaires en provenance de Chine.
En plus de la campagne constituée de dix missions réparties en trois gros actes, jouables en solo ou en coopération online jusqu'à quatre joueurs, le jeu propose quatre modes bâtis pour le multi. Ainsi, Combat Sweep est axé sur l'assaut d'un endroit particulier, Rolling Thunder impose d'escorter un convoi pendant un temps défini, alors que CSAR propose de rechercher des individus afin de les sauver. Enfin, Last Stand est basé sur la défense d'un lieu spécifique. Seul ce dernier, contenant 4 stages avec à chaque fois 4 vagues d'ennemis, était disponible lors de la démo. Avant d'entrer sur le champ de bataille, il faut donc d'abord sélectionner une classe de personnage parmi quatre (mais vous pouvez en changer à chaque fois que vous mourez) : Rifleman (soldat de base polyvalent), Grenadier (spécialiste en explosifs), Scout (équivalent du sniper) ou Auto Rifleman (du genre commando avec une grosse puissance de feu). Chacun a ses forces et faiblesses et dispose d'armes et de compétences à améliorer grâce aux points d'expérience attribués lors des victoires ou actions symboliques (ennemi tué, véhicule détruit…). Une fois sur le terrain, il est préférable de se positionner à l'abri derrière une barricade pour mieux déployer ensuite les hommes de son équipe. Bonne surprise : le gameplay apparaît plutôt instinctif. Ainsi, à tout moment, grâce à la croix directionnelle, on sélectionne l'un de ses trois coéquipiers. Puis, à l'aide du joystick, on choisit l'ordre à donner (se déplacer, soigner…) au sein d'un menu circulaire qui se superpose à l'écran. Il suffit ensuite de pointer directement l'endroit dans le décor où on désire envoyer le bonhomme. De la même manière, il est possible aussi de déclencher un soutien d'artillerie en choisissant par exemple un tir de mortier ou une frappe aérienne sur un lieu précis. Mais attention, dans ce cas-là, mieux vaut ne pas se trouver près du point d'impact car les explosions, souvent impressionnantes dans leur amplitude, peuvent causer d'inévitables dommages collatéraux.
FPS réaliste oblige, les dégâts reçus ne s'effacent pas avec le temps et votre personnage peut mourir à petit feu s'il ne se soigne pas avec un médikit. Cela prend d'ailleurs un peu de temps car deux jauges, symbolisant la guérison, doivent être remplies successivement en maintenant une touche. De même, il est possible de soigner ses compagnons lorsqu'on est à proximité, mais aussi d'ordonner à un coéquipier d'aller en secourir un autre. Mine de rien, les développeurs ont effectué un gros travail sur la gestion réaliste des dégâts. Le résultat peut d'ailleurs apparaître particulièrement gore, mais il s'agit avant tout de respecter l'horrible résultat d'une explosion de grenade ou d'un tir de fusil à pompe. Ainsi, sur le champ de bataille, il n'est pas rare que les membres de votre équipe se retrouvent avec le visage en bouillie, les membres réduits en charpie ou même avec la moitié du corps arraché (heureusement, ils réapparaissaient au bout d'un certain temps). Ce souci du réalisme rend parfois l'action sur le terrain anti-spectaculaire. Ainsi, dans la démo, on voit apparaître de très loin chaque vague d'ennemis sous forme de minuscules silhouettes noires qui s'effondrent sans panache lorsqu'on leur tire dessus (ça se joue au pixel près). De même, la mission comporte de longues plages d'inactivité au cours desquelles l'adversaire se regroupe. Enfin, il n'était pas disponible au moment de la partie, mais un seul véhicule serait visiblement jouable, à cause du désir du studio de privilégier le combat au corps-à-corps : le blindé Humvee. Toutefois, malgré ces partis pris, force est de reconnaître que l'immersion est tout de même effective sur le long terme. Abattre plusieurs adversaires à la chaîne malgré le recul important de l'arme, utiliser un mortier fixé au sol pour faire un carnage et même toucher un hélicoptère à l'horizon (véridique !), sauver vos hommes in extremis en les soignant entre deux rafales de balles… Pas de doute, tout cela apporte ici une plus grande satisfaction que dans les autres FPS, compte tenu des conditions réalistes dans lesquelles ces exploits ont été réalisés. Petit bémol néanmoins : l'IA ne semblait pas encore tout à fait au point. Car, par exemple, un des membres de l'escouade restait bêtement à découvert devant les ennemis en train de débarquer, alors qu'un muret salvateur se trouvait juste derrière lui. Il faut donc espérer que ce genre de détail soit réglé dans les mois à venir.
Dans leur volonté de toucher un plus large public, les développeurs ont opté pour une maniabilité qui puisse s'adapter à chacun. Ainsi, pour les amateurs de FPS arcades, un mini radar en haut à gauche indique la position des ennemis et des coéquipiers, tandis que des tutoriaux sont disséminés tout au long de la partie et qu'une assistance à la visée est disponible. Par contre, pour les férus de simulation pure et dure, il existe le mode Hardcore qui élimine toutes les aides possibles et transforme l'aventure en un périple ultra immersif et tactique. De quoi donc satisfaire théoriquement le plus grand nombre et assurer une vraie pérennité à la série !
Conscients de leurs erreurs sur Dragon Rising, les développeurs corrigent aujourd’hui le tir avec Red River en proposant une expérience guerrière à mi-chemin entre la simulation et l’arcade. Doté de modes multi coopératifs immersifs et d’un gameplay aussi efficace qu’accessible, cet épisode devrait s’avérer logiquement fédérateur si les quelques petits défauts sont fixés (IA, rythme...). Quasiment la seule dans son domaine, tout du moins sur consoles, la saga Operation Flashpoint pourrait alors redoubler de popularité. A suivre...