Déjà passée cinq fois par la case "mode" sans jamais connaître le succès, la prolifique série Léa Passion tente une nouvelle fois sa chance en cherchant ce coup-ci l'inspiration du côté de la Maison du Style, le hit de Nintendo sorti l'année dernière. Dire que Léa Passion s'inspire du hit de Nintendo est en fait assez loin de la vérité. Parler de plagiat serait déjà plus approprié. Mais il y a un problème : la pauvre Léa manque de génie créatif et sa collection arrive une saison en retard.
Il y a un an, Nintendo éditait donc La Maison du Style sur DS et prouvait à tous qu'il était possible de proposer un jeu de mode à la fois profond et intéressant pour de nombreux joueurs et pas simplement pour ceux déjà attirés par le sujet. Aujourd'hui, Ubisoft s'engouffre dans la brèche et propose Léa Passion : Fashion Paradise qui en reprend les grandes lignes, voire un peu plus. Vous voilà dans la peau d'une vendeuse tout juste promue à la tête non pas d'une boutique de fringues, mais d'un mall entier. Dans les faits, vous vous contenterez toutefois de ne gérer qu'un seul et unique magasin de vêtements dans le centre commercial. En effet, pour ce qui est du entre commercial en lui-même, vous ne pourrez influer que sur sa décoration en choisissant un thème parmi les cinq à débloquer progressivement. La boutique est donc le cœur du jeu et c'est là où vous passerez le plus clair de votre temps.
La présentation du jeu ressemble fort à celle de La Maison du Style jusqu'à en reprendre la position de la console (tenue comme un livre) et les silhouettes des clientes en rose dans le magasin. Touchez l'une d'elles et vous débuterez alors votre vrai travail consistant à assister les acheteuses indécises. Cette cliente souhaite un pull bleu, celle-là cherche un pantalon de la marque SlimFest. Fouillez les stocks à leur place afin de dénicher puis de vendre les articles appropriés. Que les indications soient précises ou un peu plus floues ("des chaussures branchées", "une tunique émeraude", etc.), un moteur de recherche permet toujours de filtrer les articles et de repérer exactement ce qu'il faut. Le plus difficile sera finalement de comprendre ce que veulent les clientes qui useront parfois de termes un peu plus vagues que la simple couleur ou la marque. Dans ces cas-là, il suffit de comprendre que tel adjectif est immanquablement associé à telle marque et le tour est joué. Au pire, quelques magazines de mode servent d'aide-mémoire et permettent par exemple de se souvenir que les articles glamour sont rassemblés dans la collection Elizabeth, ou encore que les teintes cendrées et argentées correspondent à des articles gris. Si la tenue repérée plaît à la cliente, elle l'achètera, sinon vous pourrez toujours tenter de forcer la vente avec un compliment honteusement flatteur.
Si l'aspect "vente" occupe ainsi une bonne partie du gameplay, vous ne pourrez pas aller bien loin sans prendre le temps de gérer les stocks, là encore comme La Maison du Style. Le côté gestion est toutefois bien moins intéressant ici puisqu'il suffit de commander des stocks de telle ou telle marque sans vraiment s'intéresser ni choisir leur contenu respectif. De nouvelles collections sont simplement disponibles assez régulièrement et lorsque cela arrive, il suffit de débloquer les articles un à un en monnayant une petite somme pour chacun d'eux. Votre seule vraie préoccupation concernant les stocks est de vous assurer de pouvoir proposer les marques les plus tendance du moment. Pour cela, un top est dressé chaque jour et votre objectif consiste à avoir suffisamment de stock pour les marques les plus populaires.
Si vous parvenez à faire correspondre vos stocks à ce classement quotidien alors c'est parfait, votre boutique est hyper tendance. Votre budget sera continuellement dans le vert et vous gagnerez bien plus d'argent qu'il n'en faut pour débloquer l'intégralité des nouveaux vêtements dès leur disponibilité, tuant par la même occasion toute notion de difficulté dans le jeu. Le problème, c'est qu'il est extrêmement facile de faire coller son stock à la tendance du moment et ce, dès les premières dizaines de minutes de la partie. Du coup, la cartouche perd très vite de son intérêt et chaque nouvelle ficelle mise en place pour tenter de varier le gameplay ne sert strictement à rien. En effet, à aucun moment, vous n'aurez besoin d'intervenir pour forcer une vente puisque vous aurez tout sous la main pour satisfaire la cliente. Dans le même ordre d'idées, l'option pour commander des vêtements à l'avance ne sert à rien dans la mesure où votre stock est déjà plein à craquer.
Histoire de rendre les choses plus faciles encore, Léa Passion : Fashion Paradise reprend aussi le système de mannequins et de panneaux publicitaires pour mettre en valeur une marque. Hélas, là aussi, les systèmes deviennent vite désuets. La faute à un cercle vertueux trop présent entre le top des ventes, la hauteur des stocks et la popularité de la boutique. Effectivement, plus une marque est populaire, plus vous achèterez du stock et plus votre boutique sera populaire, haussant du coup la popularité de la marque en question et ainsi de suite. Avec tout cela, le jeu se transforme bien vite en une succession de ventes rapide qui ne demande ni réflexion, ni gestion, ni même de vrais talents artistiques. Il y a bien la possibilité de connaître les goûts de chaque cliente, mais puisque ces dernières indiquent ce qu'elles recherchent, l'option ne sert à rien elle non plus. Le système de jeu est donc bancal et ne pousse pas vraiment les joueurs à poursuivre malgré la promesse d'un défilé de mode à organiser au bout de quelques heures de jeu. Sachez alors que le défilé en question est l'occasion d'habiller quelques mannequins puis de prendre des clichés aux instants prévus à l'avance par le jeu. Rien de bien palpitant en somme, et surtout rien pour rattraper l'intérêt trop limité de la cartouche.
- Graphismes12/20
La console tenue comme un livre permet d'afficher chaque cliente en joli cadrage américain, voire en entier lorsqu'elle essaye des tenues. La modélisation 3D est assez moyenne mais pas forcément désagréable.
- Jouabilité8/20
Léa Passion : Fashion Paradise offre un système de jeu assez plat qui ne parvient pas à tirer parti de ses multiples facettes. Trop facile, le jeu tombe trop vite dans la routine et ne parvient jamais à s'en extraire.
- Durée de vie9/20
En étant patient et suffisamment têtu, vous pouvez compter entre deux et trois heures pour voir le bout du scénario. Cela dit, l'ennui devrait bien vite vous délivrer d'un jeu trop répétitif.
- Bande son11/20
Plusieurs musiques peuvent être débloquées pour la boutique en cours de partie. On reste toutefois dans une optique plutôt "lounge" convenant à une boutique de fringues.
- Scénario/
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Sans même soulever le manque d'originalité de Léa Passion : Fashion Paradise qui copie sans honte les bonnes idées de La Maison du Style de Nintendo, le problème se situe plutôt au niveau du gameplay qui tombe rapidement à plat. Trop facile, le jeu d'Ubisoft se transforme en un éclair en une simple succession de ventes rébarbatives et pas spécialement intéressantes.