On ne compte plus les simulations de Formule 1 en jeux vidéo. Sur quasiment toutes les consoles et à toutes les époques, les éditeurs nous ont souvent proposé des jeux nous mettant dans la peau d’un pilote de ces monoplaces de rêve. Certains de ces titres ont atteint l’excellence, d’autres ont sombré dans le ridicule et l’oubli. Ce qui est sûr après avoir joué à F1 World Grand Prix sur Nintendo 64, c’est qu’il appartient à la première catégorie.
Sorti en 1998, F1 World Grand Prix possède les licences officielles de la formule 1 de la saison 1997. On y retrouve donc les 11 écuries ainsi que leurs 22 pilotes qui concouraient cette année-là, à l'exception de Jacques Villeneuve, remplacé par le « pilote Williams ». Qu'importe ce changement, l'amateur de F1 sera content d'avoir à disposition un casting quasi-complet, tout comme il sera ravi par les 17 circuits de la saison 1997. Cela tombe bien car le jeu se veut réaliste, et ça se voit en premier lieu au niveau des graphismes. Le jeu exploite au mieux les capacités de la 64 bits de Nintendo. Les voitures sont extrêmement fidèles aux modèles réels. Les Ferrari et les Mac Laren, mais aussi les monoplaces des écuries moins réputées comme les Minardi sont reconnaissables au premier coup d'œil. Il en va de même des 17 circuits. Modélisés avec précision, ils offrent un réalisme supérieur aux jeux de F1 sur Playstation et cela se voit surtout au niveau des textures.
Graphiquement le jeu est réussi, certes. Mais qu'en est-il du pilotage, cœur d'une simulation de F1 ? Là encore, le souci de coller à la réalité se ressent. D'abord, il y a les réglages : quantité d'essence embarquée, choix des gommes, inclinaison des ailerons, boîte de vitesses, type de suspensions. On peut modifier ces caractéristiques afin de modifier les performances des véhicules avant chaque course. Bien plus qu'un simple gadget, les réglages permettent une réelle stratégie de course. Allez-vous privilégier la vitesse ? et ainsi multiplier les arrêts de ravitaillement, ou bien miserez-vous sur l'endurance de votre voiture pour dépasser vos concurrents lorsque ceux-ci seront aux stands ? C'est au joueur de décider, et à ces stratégies on associera la prise en compte de la météo, tout aussi capitale que lors des courses réelles.
Sur la piste, la difficulté du pilotage dépend du niveau choisi. Au nombre de trois, leur dosage est progressif et permet au jeu d'être à la fois accessible à des débutants, et très exigeant pour les amateurs habitués du genre. Ainsi le niveau Débutant offre une assistance au freinage totale. Le joueur peut garder le bouton accélérer enfoncé pendant toute la course, son véhicule freinera tout seul au moment d'aborder les virages. Idéal pour les néophytes ! A l'inverse, le niveau Professionnel et surtout le niveau Champion, demandent une rigueur de tous les instants dans le pilotage, la moindre erreur pouvant entraîner une sortie de route spectaculaire. Ne comptez pas gagner un grand prix si vous ne connaissez pas le circuit par cœur, ou si vous ne savez pas économiser vos pneumatiques. Une fois dans le baquet, le comportement de la voiture est globalement réaliste et la sensation de vitesse très bien rendue. Seules les collisions avec les autres monoplaces laissent à désirer, les deux véhicules semblant « rebondir » l'un sur l'autre. Mais ce léger défaut passe relativement inaperçu et l'immersion est bien présente.
Celle-ci est d'ailleurs renforcée par la radio. En effet, à l'instar des vrais pilotes, votre équipe communique avec vous par radio pendant toute la course. Les informations qu'elle partage sont variées. Il peut s'agir d'un changement en tête de course, de l'abandon d'un pilote, de l'écart qui vous sépare de votre poursuivant ou de vous signaler l'usure de vos pneus. Parfois la radio peut s'avérer cruciale, en vous signalant un changement de météo à venir. Malheureusement, la langue utilisée est l'anglais, ce qui en décevra certains. Les puristes quant à eux seront satisfaits de l'emploi de la langue utilisée effectivement dans les paddocks. Toutefois, les phrases sont assez courtes et simples, et on comprend ce qu'on nous dit avec quelques notions d'anglais basiques. Au final, on a vraiment l'impression d'y être, même si entendre « Alési takes the lead » fait toujours sourire.
Nous terminerons en abordant les différents modes du jeu. On retrouve les classiques modes Exhibition et Chrono, pour s'entraîner ou s'amuser à battre des records. Le mode Grand Prix permet de choisir un pilote et de disputer un championnat entier. Lors de chaque grand prix vous pouvez participer (ou pas) aux essais du vendredi et du samedi, aux qualifications et au warm-up du dimanche. Vient ensuite la course en elle-même bien sûr. Le but final est évidemment de terminer la saison avec plus de points que vos concurrents pour être champion. La hiérarchie des écuries de l'époque est respectée, on retrouve la plupart du temps les Williams, les Ferrari et les Maclaren aux avant-postes. Les options permettent de régler la durée des grands prix d'un minimum de 4 tours pour les plus pressés, jusqu'à la course complète, pour ceux qui veulent disputer des grands prix de deux heures.
Autre mode de jeu : le mode Défi. Ce dernier nous propose de revivre les moments marquants de la saison 97, via des objectifs à atteindre dans des conditions de courses très spécifiques. Concrètement ils sont classés en 3 catégories : Attaque, Défense et Problème, et en général ne durent pas plus d'une demi-douzaine de tours de circuit. Les défis Attaque demanderont la plupart du temps de gagner des places, les défis Défense de ne pas en perdre et les défis Problème feront intervenir des incidents mécaniques. Certains sont assez basiques. Par exemple : avec Olivier Panis et ses pneus durs, doublez les concurrents qui s'arrêtent aux stands pour changer leurs pneus tendres. Mais d'autres défis relèvent de la gageure : ne pas perdre de places avec une boîte de vitesses bloquée sur la seconde ou continuer la course avec une roue en moins ! Enfin, la seule déception du jeu se situe au niveau du mode 2 joueurs. Se disputant sur écran splitté, il permet d'organiser une course entre deux joueurs humains. Malheureusement, il n'est pas possible d'inclure dans la course des concurrents contrôlés par l'ordinateur, et il faut avouer que le circuit paraît bien vide avec seulement deux monoplaces.
- Graphismes18/20
Tout simplement excellents. Les voitures et circuits de la saison 1997 sont très bien modélisés, très fidèles aux originaux.
- Jouabilité15/20
Le niveau Débutant permet une rapide prise en main pour les néophytes en jeu de courses. Les niveaux Professionnel et Champion jouent la carte du réalisme et sont très exigeants en termes de concentration et de connaissance du tracé. Comme sur un vrai circuit, la moindre erreur se paie cash. Les puristes seront comblés. Seul bémol : les collisions entre voitures, assez mal rendues.
- Durée de vie13/20
On termine volontiers plusieurs fois le mode Grand Prix à différents niveaux et dans différentes écuries avant de se lasser. Le mode Défi demande lui aussi de nombreuses heures et permet de varier les plaisirs. Dommage que le mode 2 joueurs ne soit pas à la hauteur du mode solo, car on s’ennuie vit à faire des tours à seulement deux voitures, on aurait aimé pouvoir inclure des concurrents pilotés par l’ordinateur.
- Bande son17/20
Les bruitages sont extrêmement réalistes et similaires à ce qu’on peut entendre à la télévision. Une attention particulière a été apportée aux détails comme par exemple le bruit du moteur qui ne résonne pas de la même manière sur tout le circuit. La radio, qui apporte des infos variées et pertinentes, renforce un peu plus l’immersion. Les musiques des menus sont entraînantes et collent avec l’ambiance du jeu, mais sont trop peu nombreuses.
- Scénario/
Pas de scénario bien sûr. Quoique, le mode Défi raconte de manière interactive la saison 1997 qui fut riche en rebondissements.
F1 World Grand Prix ne se contente pas de détenir la licence officielle. Dans tous les domaines, le jeu allie qualité, réalisme, jouabilité et souci du détail. Il rate de peu la mention très bien à cause d’un mode deux joueurs inférieur au mode solo. Cela reste une excellente simulation de Formule 1 et l’un des meilleurs jeux de la Nintendo 64.