Depuis Parappa the Rapper et Get on da Mic, on ne peut pas dire que le rap soit bien représenté dans l'univers des jeux vidéo. 50 Cent, Eminem ou 2Pac ont certes fait quelques apparitions remarquées dans les excellents DJ Hero commercialisés récemment mais les amateurs de cette forme d'expression musicale sont souvent laissés sur la touche au profit de la pop ou du rock, nettement plus populaires. Heureusement, Konami et 4mm Games, bien décidés à combler cette lacune, nous proposent en cette fin d'année un karaoké entièrement dédié au rap. Et par chance, celui-ci se révèle convaincant.

Premier jeu musical cent pour cent hip-hop comme le précise sa jaquette, Def Jam Rapstar nous offre l'opportunité de nous prendre pour un MC sur une tracklist de 45 morceaux représentatifs de diverses époques et tendances. I Get Around (2Pac), Juicy (Notorious B.I.G.), Fight the Power (Public Enemy), Nothing but a G Thang (Dr. Dre ft. Snoop Dog) … Il y a du choix même si les amateurs du genre pointeront du doigt l'absence de certains artistes majeurs comme Eminem et le manque de tubes américains old school. Du côté du rap français, on aura droit à J'Pète les Plombs (Disiz la Peste), Mama Lova (Oxmo Puccino), Molotov 4 (Seyfu) ou encore Qui peut me Stopper (La Fouine). Petite déception, le célébrissime groupe NTM n'apparaît que le temps d'une seule chanson : Ma Benz. Celle-ci est très connue, d'accord, mais les fans de Joey Starr auraient sans doute aimé pouvoir s'exprimer aussi sur La Fièvre, Laisse pas Traîner ton Fils ou Pose ton Gun. Pas assez exhaustive, cette tracklist décevra donc probablement les connaisseurs à l'inverse du grand public qui y trouvera certainement son compte.

Comme tous les karaokés consoles, Def Jam Rapstar nous permet de chanter seul ou à deux à l'aide de micros USB sur tel ou tel clip pendant que les paroles défilent à l'écran. Les joueurs sont non seulement évalués sur la justesse de leur voix mais aussi sur la qualité de leur diction et leur sens du flow. Des cibles circulaires sont affichées en permanence au-dessus des textes pour nous indiquer le rythme à suivre tandis que des jauges se remplissent en fonction de notre prestation pour nous gratifier à terme d'un bonus de points. Au terme du clip (dont on peut zapper à volonté les parties non chantées), un score nous est attribué et des statistiques apparaissent pour nous donner une idée de notre performance. Nettement plus précis qu'un Singstar ou un Lips sur la reconnaissance des mots, Def Jam Rapstar semble cependant moins efficace quand il s'agit d'apprécier la justesse du ton mais après tout, si le rap était un style lyrique, ça se saurait. Plus problématique, la censure qui frappe la plupart des chansons en remplaçant les paroles choquantes par des blancs risque de décevoir de nombreux puristes. L'argot fait en effet partie intégrante du rap et vouloir l'occulter pour obtenir un label PEGI 12 peut être considéré comme un véritable sacrilège.

Hormis son mode Carrière très basique (réaliser de bons scores pour débloquer de nouvelles chansons) et son mode multijoueur tout aussi classique (duo et bataille), Def Jam Rapstar nous offre l'opportunité fort réjouissante de réaliser nos propres clips. A l'aide d'une caméra et d'un micro, on peut ainsi se filmer en train de chanter sur des beats prédéfinis ou en freestyle total. Divers outils d'édition nous permettent ensuite de personnaliser à volonté nos vidéos (filtres, incrustations d'images...) avant de les sauvegarder et éventuellement de les partager sur Internet. N'importe quel joueur en ligne pourra alors nous défier en soumettant sa propre vidéo et la communauté choisira elle-même le gagnant. Cette fonctionnalité créative et amusante constitue un atout indéniable pour le soft. On regrettera juste que la durée des vidéos soit limitée à trente secondes seulement. Reste qu'au Final, Def Jam Rapstar s'avère plutôt sympathique en solo comme à plusieurs. Il a en outre le mérite de mettre en valeur un univers volontairement délaissé par les éditeurs en raison de sa réputation sulfureuse. Nous ferons donc preuve d'indulgence en privilégiant ses qualités au détriment de ses défauts, bien réels mais excusables pour un premier essai.