C'est avec une grande joie, mais non sans une certaine surprise, que les possesseurs de Megadrive ont appris en 1994 qu'un épisode inédit de Castlevania allait voir le jour sur leur machine préférée. Désireux d'élargir son public, et peut-être aussi de travailler avec un éditeur moins couteux que Nintendo, Konami et sa série fétiche font donc escale pour la première (et unique) fois sur la console 16bits de Sega.
Dans la chronologie de la saga, Castlevania : The New Generation se situe en pleine guerre de 1914-18. Nous sommes en effet en 1917, et la comtesse Elizabeth Bartley cherche à ressusciter Dracula, le prince des ténèbres. Avant de pouvoir procéder à sa résurrection, Bartley doit toutefois parcourir l'Europe afin de rassembler les forces du mal. Heureusement, deux courageux guerriers ne l'entendent pas de cette oreille et se dressent sur son chemin. Et oui, il s'agit là d'une des particularités du jeu. Castlevania : The New Generation ne met pas en scène un, mais deux héros totalement inédits.
Le premier, John Morris, est l'un des héritiers du clan Belmont (on retrouvera d'ailleurs son descendant, Jonathan, dans l'épisode Portrait of Ruin sorti sur Nintendo DS en 2006), et il est donc à ce titre fort logiquement équipé du fameux Vampire Killer, le fouet légendaire, seul capable de tuer Dracula. John Morris se manie donc comme un membre du clan Belmont, et se sert de son fouet pour tuer ses ennemis, mais aussi, à l'instar de Simon Belmont dans Super Castlevania IV, pour s'accrocher à certains éléments du décor et ainsi atteindre des plates-formes autrement inaccessibles. Le second héros, Eric Legarde est quant à lui équipé d'une hallebarde, ce qui constitue une première dans un Castlevania. Le gameplay est donc un peu différent, ce qui apporte de la fraîcheur à la série. Eric dispose en effet d'une allonge plus importante et surtout, en se servant de sa hallebarde comme d'une perche, il est capable d'effectuer un super-saut, très pratique pour atteindre certaines plates-formes. Cela dit, le choix du personnage importe peu sur le déroulement des niveaux, ce qui est bien dommage. Konami aurait pu faire un effort pour offrir au joueur quelques sous-niveaux inédits tirant profit des capacités de chacun des héros. On se contentera donc ici de seulement quelques phases de gameplay différentes.
Une fois le héros choisi, il va falloir parcourir l'Europe pour empêcher la comtesse de mettre ses menaces à exécution. Vous voilà donc parti pour six niveaux, chacun correspondant à un pays. Durant le voyage, vous visiterez un château en Roumanie, la Grèce, la Tour de Pise en Italie, des usines en Allemagne (un niveau d'ailleurs plus proche d'un Probotector que d'un Castlevania), le château de Versailles en France et enfin le difficile et dernier niveau en Angleterre où il vous faudra, en plus d'affronter tous les boss du jeu, en découdre avec l'infâme comtesse.
Techniquement, on peut dire que la Megadrive s'en sort assez bien, mais le résultat est toutefois un peu inégal. Certains niveaux comme la Grèce, l'Italie (avec sa tour de Pise façon mode 7) ou le château de Versailles sont extrêmement réussis. D'autres, comme l'usine en Allemagne, sont beaucoup plus fades avec des arrière-plans très vides. Les musiques, habituel point fort de la série, soufflent également le chaud et le froid. Certains thèmes sont très entraînants, tandis que d'autres ne resteront pas dans les annales. En revanche, du côté de l'animation des personnages, rien à dire, les sprites sont grands, esthétiques, bien animés, et le tout ne souffre d'aucun ralentissement. Quant à la jouabilité, les persos sont assez maniables, pas trop raides, mais on est un tout petit peu en dessous de la souplesse dont faisait preuve Simon Belmont dans Super Castlevania IV.
Comme dans tout bon Castlevania qui se respecte, la difficulté est évolutive. Si les deux premiers stages ne présentent pas de difficultés majeures, les choses se corsent sérieusement dès le milieu du jeu. Il faudra alors bien connaître les niveaux pour ne pas perdre de vies inutilement, et ainsi se présenter face aux boss dans de bonnes conditions. Pour les aider, les héros disposent toujours d'upgrades pour leurs armes (attention à ne pas perdre de vies, sinon, l'arme revient à son niveau normal) et possèdent bien évidemment toujours leurs traditionnelles armes secondaires (hache, eau bénite, boomerang…) que l'on peut utiliser tant que l'on a des cœurs. A noter que chacune des armes secondaires donne droit à une attaque spéciale, moyennant cependant un nombre de cœurs plus élevé. Le jeu dispose de mots de passe, bien utiles, qui gardent en plus en mémoire le nombre de vies que l'on avait en quittant la partie.
En définitive, on est face à un bon Castlevania, qui fait honneur à la série, et qui apporte son lot d'innovations, tant au niveau du scénario (la dynastie des Morris y est introduite pour la première fois) que du gameplay. Dommage qu'il soit techniquement si inégal, car il aurait pu sans cela prétendre rivaliser avec les meilleurs jeux du genre. The New Generation n'en demeure pas cependant très plaisant à jouer, et restera dans les annales comme l'un des derniers Castlevania typés exclusivement action/plates-formes. La révolution Symphony of the Night ne tardera ensuite pas à pointer le bout de son fouet.
- Graphismes14/20
Une réalisation qui souffle le chaud et le froid. Certains stages sont magnifiques (la Grèce et ses effets de miroir, la Tour de Pise…) mais d'autres niveaux comme l'usine en Allemagne sont fades et sans âme. Pas de problèmes majeurs en revanche pour les personnages qui sont bien modélisés, bien animés et mis au service d'une animation très fluide.
- Jouabilité15/20
Ceux qui ne sont pas des habitués de la série trouveront sans doute les personnages trop raides, mais pour un Castlevania, c'est très maniable. On est bien loin de la rigidité des épisodes NES puisqu'on peut ici utiliser son arme dans les diagonales, et rectifier sa trajectoire lors des sauts. Seuls quelques passages viennent rappeler que la maniabilité n'atteint pas la souplesse d'un Super Castlevania IV.
- Durée de vie16/20
Le jeu ne se termine pas facilement. Il faut bien connaître les stages pour espérer s'en tirer à bon compte et atteindre le dernier niveau où il faudra se farcir tous les boss du jeu, en plus du boss final. A noter que la durée de vie est quand même renforcée par la présence de deux personnages, même si le déroulement des niveaux reste sensiblement le même.
- Bande son14/20
Certains thèmes sont très réussis et collent à merveille au style Castlevania, tandis que d'autres sont totalement insipides. Les bruitages sont quant à eux très quelconques, ni bons, ni mauvais.
- Scénario18/20
Mine de rien, cet opus est important dans la genèse de la saga. La dynastie des Morris, héritière du clan Belmont (et donc du Vampire Killer) y est pour la première fois représentée par l'intermédiaire de John, dont on retrouvera plus tard le fils, Jonathan, dans l'épisode Portrait of Ruin sorti sur Nintendo DS. Castlevania : The New Generation est aussi l'un des premiers épisodes où l'on ne se bat pas directement contre Dracula, mais contre la comtesse Bartley.
Malgré tous ses défauts techniques, force est de constater que cet opus Megadrive de Castlevania ne manque pas de charme, et que l'on y retrouve tous les éléments qui rendent l'ambiance si particulière et qui ont fait le succès de la saga. Doté de deux héros bien différents dans leur maniement, d'une difficulté évolutive, et d'un scénario très important dans l'histoire de la série, Castlevania : The New Generation est tout simplement incontournable pour tous les fans de la saga, ainsi que pour tous les amateurs de jeux d'action/plates-formes de cette époque.