La fin de l'année approche à grands pas et les éditeurs se pressent de nous sortir une ribambelle de jeux en espérant que ceux-ci trouvent leur place sous votre sapin. A côté des très grosses productions habituelles, il se pourrait bien qu'un titre atypique et inattendu vous attende dans la hotte du Père Noël. En effet, les développeurs de Majin and the Forsaken Kingdom s'étaient fait plutôt discrets et nous livrent finalement un jeu surprenant à plus d'un titre.
Le studio Game Republic n'est pas forcément très connu du grand public. On lui doit des titres aussi variés que Dragon Ball : Origins, Folklore, Dark Mist, l'adaptation du Choc des Titans ou encore Genji. Une telle liste a de quoi laisser dubitatif : ces braves développeurs sont visiblement capables du meilleur comme du pire. Dans ces conditions, on ne savait pas vraiment sur quel pied danser en apprenant que le studio travaillait sur un nouveau projet. Et pourtant, leur dernier rejeton s'avère être l'une des trop rares bonnes surprises de cette fin d'année. Préparez-vous à entreprendre un voyage captivant et féerique dans ce fameux royaume abandonné.
Le point de départ de cette aventure a des allures de conte : vous incarnez un jeune voleur qui a l'étrange aptitude de parler avec les animaux. D'ailleurs cette particularité lui a valu d'être abandonné par ses parents au beau milieu de la forêt et d'être élevé par la faune locale. Ses petits amis à plumes et à poils comptent aujourd'hui sur lui pour protéger leur milieu naturel. En effet, d'abominables créatures maléfiques répandent leur influence dans les environs et corrompent petit à petit la nature. Ces ombres macabres sont recouvertes d'une substance noire et gluante qui ressemble à s'y méprendre à une sorte de goudron vivant. Elles sont visiblement invincibles : même une fois à terre, elles finissent toujours par se relever au bout d'un petit moment. Les animaux sont persuadés que la seule façon de mettre un terme à ce fléau est de faire appel à une créature légendaire retenue prisonnière au fin fond d'un château : le fameux Majin. Le jeune voleur va donc partir à la recherche de ce protecteur mythique, le délivrer et lui rendre petit à petit sa puissance d'antan. En effet, les deux personnages ne vont pas se quitter et l'ensemble du jeu repose sur leur complémentarité.
Voilà une centaine d'années que le Majin est retenu captif et que les ombres se sont chargées de lui retirer tous ses pouvoirs. Il ressemble désormais à un énorme bébé poilu, un peu maladroit et couvert de verdure. Ce n'est qu'au fil de l'aventure que cet étrange compagnon retrouvera progressivement ses capacités. Il faudra pour cela lui dégoter de gros fruits un peu spéciaux qui renferment ses pouvoirs. Non seulement sa force physique et son endurance augmenteront, lui permettant ainsi d'affronter davantage d'ennemis, mais il va aussi acquérir des capacités hors du commun comme la possibilité de lancer de la foudre, des flammes ou de grandes rafales de vent. Ces pouvoirs lui seront bien entendu utiles lors des combats, mais ils permettront aussi au duo de se frayer un chemin dans ce royaume dévasté en résolvant une succession d'énigmes. Enfin, ce brave Majin est aussi capable d'aspirer l'âme, ou ce qui s'en rapproche, des ombres vaincues. De cette manière, les ennemis que vous avez terrassés ne reviendront pas à la vie et votre compagnon récupérera de l'énergie magique. C'est justement grâce à cette dernière qu'il est capable d'utiliser ses pouvoirs.
Concrètement, on n'incarne toujours que le jeune voleur sans nom que le Majin s'empresse de baptiser Tepeu. Encore une fois, le seul pouvoir de cet humain est de savoir parler aux animaux, il n'est donc pas question de l'envoyer combattre les ombres tête baissée. A l'inverse, votre compagnon possède une force extraordinaire qui en fait un combattant hors du commun. Par contre, ce gros bêta a un peu de mal à se faire discret ou à comprendre quels sont les adversaires à éliminer en priorité. Vous devrez donc lui donner des ordres et agir en tant que véritable tacticien des combats. C'est d'ailleurs l'un des points forts de Majin and the Forsaken Kingdom : il ne s'agit pas de l'un de ces nombreux jeux d'action dans lesquels on se contente de martyriser les boutons de la manette, il faut bien réfléchir et observer le terrain avant de chercher des noises aux ennemis. De temps en temps Tepeu pourra ainsi compter sur sa discrétion pour éliminer les ennemis, d'autres fois le Majin leur fera tomber des éléments du décor sur le coin du nez... Les deux compères sont aussi capables de réaliser des attaques combinées dévastatrices dans certaines circonstances, et plus vous faites appel à ce type de coup, plus leur puissance se verra accrue.
Les deux personnages évoluent réellement au cours de l'aventure ce qui lui donne un tout petit aspect jeu de rôle fort agréable. D'ailleurs le fait de fouiller à fond les différents lieux visités vous sera forcément bénéfique. Non seulement vous pourrez récupérer des fruits pour votre insatiable compagnon, mais vous pourrez aussi tomber sur des trésors contenant par exemple des tenues alternatives proposant différents bonus. De manière générale, le level design est un véritable régal qui devrait certainement ravir les amateurs des Legend of Zelda. La progression est relativement linéaire mais vous pouvez toujours revenir dans des lieux déjà visités pour vous creuser la tête et utiliser vos nouvelles aptitudes afin de découvrir tous les petits secrets. D'ailleurs de gros téléporteurs vous permettront de sillonner rapidement ce royaume abandonné afin d'aller récupérer un fruit ou un coffre aux trésors qui vous avait échappé. Au final, on adhère sans réserve à ces mécanismes de jeu intelligents et bien rodés. Avec ses personnages attachants, son univers prenant et ses énigmes bien pensées, Majin and the Forsaken Kingdom constitue sans aucun doute la bonne surprise de cette fin d'année.
- Graphismes14/20
Le jeu est techniquement dépassé, beaucoup trouveront que la palette des couleurs est un peu trop flashy (sauf quelques daltoniens qui ne lui reprocheront rien), mais malgré tout, il faut reconnaître que le design si particulier du Majin et de son univers sont véritablement enchanteurs.
- Jouabilité17/20
On donne les ordres au Majin de manière particulièrement intuitive. On se régale en utilisant ses différentes capacités pour déjouer un level design ingénieux.
- Durée de vie16/20
Il vous faut compter une petite quinzaine d'heures pour finir l'histoire au pas de course, un peu plus si vous comptez récupérer tous les trésors et tous les bonus. On apprécie au passage que les situations ne se répètent pas à l'identique et que cette aventure ne tombe jamais dans la routine.
- Bande son17/20
Les doublages sont parfois déroutants (il est en effet toujours troublant de tomber sur un petit oiseau qui parle d'une voix grave) mais ils ont le mérite d'être localisés en français. Les musiques sont tout bonnement féeriques et collent parfaitement aux différentes situations.
- Scénario15/20
Le scénario est plutôt classique, il s'agit de vaincre les ombres pour rendre ses couleurs à un royaume abandonné. C'est la relation entre Tepeu et le Majin qui apporte tout le sel de cette histoire : les deux compagnons vont apprendre petit à petit à se connaître et à s'apprécier...
Ce Majin and the Forsaken Kingdom constitue certainement l'une des meilleures surprises de cette fin d'année. Certes le jeu n'est pas techniquement irréprochable, mais il propose une aventure enivrante qui allie un univers prenant et un gameplay bien pensé. Au final, vous aurez tout le mal du monde à vous séparer de ce gentil monstre aux allures de gigantesque bambin.